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Guerre en Ukraine : la Russie propose à la Turquie la création d’un “hub gazier”

Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdoğan se sont rencontrés ce jeudi 13 octobre à Astana, au Kazakhstan. Le président russe a notamment proposé d’acheminer plus de gaz vers l’Union européenne, via la Turquie. Une idée rejetée par les Européens.

Les présidents turc et russe ont échangé à l'occasion du 6e sommet de la Conférence pour l'interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), une organisation avec par exemple la Chine, l'Inde et l'Egypte
Les présidents turc et russe ont échangé à l’occasion du 6e sommet de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), une organisation dont font notamment partie la Chine, l’Inde et l’Egypte - Crédits : Twitter @tcbestepe

Poutine et Erdogan réchauffent leur diplomatie des hydrocarbures”, titre Le Figaro. Lors de leur rencontre hier au Kazakhstan, “le chef du Kremlin a proposé à son homologue turc de créer un ‘hub gazier’ en Turquie pour exporter du gaz vers l’Europe”, rapporte le journal.

Une proposition qui n’a “aucun sens”, selon la France, puisque les Européens veulent réduire leur dépendance aux hydrocarbures venant de Russie dans le cadre du plan REPowerEU, présenté en mai par la Commission européenne [Ouest-France].

Rencontre stratégique

Vladimir Poutine a ainsi évoqué jeudi l’idée de moderniser le gazoduc TurkStream, une infrastructure qui traverse déjà la mer Noire. “L’initiative, qui pourrait ressembler à une nouvelle manœuvre de la guerre hybride menée par Moscou contre l’Occident, est dictée par d’évidentes contraintes : les sanctions mais aussi les récentes fuites survenues dans les gazoducs Nord Stream affectent sérieusement les livraisons russes vers l’UE” [Le Figaro]. Fin septembre, les pipelines de Nord Stream 1 et 2 ont été la cible d’attaques, même si leur origine exacte demeure inconnue. Un mois auparavant, le Kremlin avait déjà coupé les robinets du gaz acheminé vers ses voisins occidentaux, prétextant “des problèmes techniques” [Ouest France].

La proposition du président russe traduit une volonté de diviser les Européens, comme l’explique La Stampa. Si ce hub gazier était géré par la Turquie, celle-ci deviendrait “l’acteur principal dans la gestion du transit et des ventes à l’Europe”. Ainsi, la Russie “trouverait un canal de distribution qui lui [permettrait] non seulement de contourner l’Europe, mais aussi de la diviser entre ceux qui veulent continuer sur la voie des sanctions et ceux qui sont prêts à céder […] par peur de manquer de chauffage”.

Un double-jeu turc ?

Le président turc rencontre régulièrement son homologue russe, alors même que Vladimir Poutine a été écarté par une large partie de la communauté internationale depuis le début de la guerre en Ukraine fin février. C’est que les relations entre Moscou et Ankara sont d’une importance stratégique pour les deux parties. “La Turquie, en effet, est la porte ouverte de Moscou sur les marchés occidentaux et est le pays qui apporte le plus d’oxygène à l’économie russe sous embargo”, rappelle Il Foglio. De l’autre côté, “Ankara ne peut pas trop irriter Moscou, car elle dépend d’elle pour 45 % de ses besoins en gaz et 17 % de ses besoins en pétrole”. Sans compter les secteurs de l’agriculture et du tourisme, particulièrement sensibles aux relations avec la Russie, énumère le quotidien italien.

Par ailleurs, Recep Tayyip Erdoğan “veut entrer dans l’histoire comme le pacificateur qui a arrêté la troisième guerre mondiale”, estime Svetlana Jourova, vice-présidente de la commission des affaires étrangères de la Douma citée par Le Figaro. D’autant que la prochaine élection présidentielle turque se tiendra en juin prochain. “Ses initiatives diplomatiques tous azimuts visent principalement à démontrer son influence aux yeux des électeurs turcs et à le faire apparaître comme un acteur régional incontournable”, poursuit le journal.

Plafonnement du prix du gaz et solidarité européenne

C’est dans ce contexte que “l’Europe peine à s’entendre sur un plafonnement du prix du gaz”, souligne Le Monde. Mercredi 12 octobre, “les ministres de l’Energie des Vingt-Sept se sont réunis une nouvelle fois dans l’espoir de se rapprocher d’un consensus qui peine à se dessiner”, selon le journal du soir.

Concrètement, les pouvoirs publics paieraient “la différence entre le prix réel du gaz et le prix plafonné” [Le Point]. Un scénario qui revient à subventionner le gaz utilisé pour produire de l’électricité, comme le fait déjà l’Espagne. Dans l’Hexagone comme à Bruxelles, “la diplomatie française est en pleine opération de conviction sur un mécanisme de plafonnement du prix du gaz pour fabriquer de l’électricité”, explique le magazine. “La Commission européenne, pour sa part, a promis des propositions concrètes le 18 octobre, juste avant que se réunissent les chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles, les 20 et 21 octobre” [Le Monde].

En attendant, “la solidarité énergétique européenne est en marche”, s’exclament Les Echos. Afin de surmonter le tarissement des flux venant de Russie, “la France a commencé, ce jeudi, à acheminer directement du gaz vers l’Allemagne”. Une “première historique”, selon Libération. Paris avait plutôt l’habitude d’importer du gaz et d’exporter de l’électricité vers son voisin outre-Rhin.

L’approvisionnement en gaz depuis la France n’entraîne toutefois pas une grande augmentation des importations de gaz allemandes”, estime Die Zeit. L’équivalent de “100 gigawattheures de gaz peuvent être acheminés chaque jour”, relate l’hebdomadaire allemand. “Bien que ce nouveau flux représente moins de 2 % des besoins quotidiens de l’Allemagne, il est le bienvenu à l’heure où Berlin s’efforce de diversifier son énergie”, conclut la BBC.

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