“S’il est des nations ‘victimes’ de leur position géographique, la République de Moldavie, coincée entre la Roumanie et l’Ukraine, porte d’entrée du ‘trou noir’ de l’enclave séparatiste de Transnistrie contrôlée par la Russie, en fait certainement partie”, écrit le quotidien italien Il Sole 24 Ore.
De fait, la guerre en Ukraine aura ramené ce petit pays sous les projecteurs. Après le survol de la Moldavie par un missile russe la semaine dernière, la présidente de la Moldavie Maia Sandu accuse cette fois “la Russie de comploter pour renverser le gouvernement pro-UE du pays par des actions violentes déguisées en manifestations de l’opposition”, rapporte The Guardian.
Des déclarations prononcées lundi 13 janvier lors d’une conférence de presse, mais qui font suite à des informations déjà évoquées par le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de son passage à Bruxelles la semaine dernière. Provenant “de documents interceptés par les services secrets ukrainiens” [Libération], celles-ci ont été “confirmées par la suite” par les renseignements moldaves, ajoute Politico. Le Kremlin dément quant à lui “tout projet de déstabilisation de la Moldavie” [L’Indépendant].
Dans ce contexte, Maia Sandu a annoncé hier un projet législatif visant à donner aux procureurs et aux services de renseignements “les instruments nécessaires pour combattre efficacement les risques de sécurité nationale”, détaille Moldova Matters.
“Chantage énergétique”
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a près d’un an, la Moldavie, “qui est l’un des pays les plus pauvres d’Europe, doit faire face à un grand nombre de réfugiés, à une inflation galopante, à des coupures de courant et à l’instabilité de la région sécessionniste de Transnistrie, contrôlée par des séparatistes russes”, énumère The Guardian.
La petite république de 2,7 millions d’habitants dénonce plus particulièrement “ ‘le chantage énergétique de la Russie’, qui a diminué de moitié ses livraisons en gaz” à destination du pays [Le Figaro]. Un contexte de crise qui a entraîné la démission de la Première ministre pro-européenne Natalia Gavrilița, vendredi dernier. Le nouveau Premier ministre Dorin Recean a été nommé dans la foulée pour maintenir le pays “sur une trajectoire pro-UE” [Politico].
Touchée par la guerre
La Moldavie doit aussi composer “avec la menace de soldats russes et d’un important stock russe de munitions dans la région séparatiste prorusse de Transnistrie”, note Le Figaro. Comptant près de 500 000 habitants, ce territoire est situé entre l’Ukraine et la Moldavie. Reconnue par aucun pays, cette région concentre une population russophone “d’environ 220 000 personnes” [La Voix du Nord]. “Pour la protéger, Moscou y maintient 1 500 soldats et un important stock de munitions”, explique le quotidien régional.
Directement touchée par la guerre en Ukraine, la Moldavie pourrait donc être la prochaine cible de Moscou. “La question n’est pas de savoir si la Fédération de Russie entreprendra une nouvelle avancée vers le territoire moldave, mais quand elle le fera”, avait estimé fin 2022 le chef des renseignements moldaves Alexandru Musteata, cité par La Voix du Nord.
Un enjeu pour les Européens
Les Européens ont accordé à la Moldavie le statut de candidat en juin dernier, en même temps qu’à l’Ukraine. Comme le souligne Il Sole 24 Ore, leur sort semble lié. Soumise à une forte pression depuis le début du conflit, Chișinău doit désormais “se défendre contre les attaques de Vladimir Poutine, irrité par la tournée européenne de Zelensky et le plafonnement [du prix] de la production pétrolière russe instauré par les puissances occidentales le 5 février”.
Le président russe tente ainsi de déstabiliser le pouvoir en place, alors que la Moldavie doit accueillir en juin le deuxième sommet de la Communauté politique européenne. “En renversant son régime, Poutine infligerait une claque à cette Europe qui le défie”, conclut Pierre Haski au micro de France Inter.
Les autres sujets du jour
Accident du travail
- Le vrai du faux. La France est-elle le pays d’Europe qui a le plus d’accident du travail mortels ? [France info]
Inflation
- Pourquoi la BCE augmente-t-elle ses taux ? [Le Monde]
Institutions
Italie
- “Test électoral réussi” : en Italie, la droite de Giorgia Meloni remporte deux importantes régions [Courrier international]
Numérique
- La Commission européenne rappelle Twitter à l’ordre pour ses efforts lacunaires contre la désinformation [L’Usine Digitale]
2 commentaires
Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage.
Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteurs… Pierre Augustin Caron de Beaumarchais