Entre “nouvelle Entente cordiale” [La Croix], “concorde sensible” [Libération] et “show d’unité” [Politico]. La rencontre bilatérale entre Emmanuel Macron et Rishi Sunak aujourd’hui à Paris “est placée sous le signe d’une relation renouée et constructive, après des années de brouille liée à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne”, selon Libération.
Ce sommet franco-britannique est axé sur “le renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine, sujet sensible outre-Manche, et la coopération sur la défense et l’aide militaire à l’Ukraine”, résume Le Monde.
Migrations…
Au Royaume-Uni, la presse s’intéresse particulièrement aux questions migratoires. “Le Premier ministre devrait profiter des discussions avec M. Macron pour pousser la France à ‘aller plus loin’ dans ses efforts conjoints pour empêcher les migrants de traverser la Manche à bord de petites embarcations” [The Telegraph]. De son côté, “le gouvernement français préférerait un accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, ce qui contrarie les diplomates britanniques qui souhaiteraient une action plus rapide” [BBC].
La rencontre intervient quelques jours après la présentation par le gouvernement outre-Manche “d’un projet de loi controversé” : visant à “restreindre drastiquement le droit d’asile, [il a été] vivement dénoncé par l’ONU” [Le Monde]. Il permettrait au Royaume-Uni de “refuser à toute personne arrivée sur les côtes du Kent en bateau pneumatique le droit d’y demander l’asile”, puis de la renvoyer automatiquement vers un pays tiers jugé sûr, comme le Rwanda, rappelle Le Monde. “La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, a déclaré […] mardi qu’elle pensait que ce plan violait le droit international” [Politico].
“Une option plus simple consisterait à renvoyer certains arrivants en France ou dans d’autres pays de l’UE”, estime pour sa part The Guardian. “La Grande-Bretagne n’a pas expulsé un seul migrant de la Manche vers la France dans le cadre de sa politique de retour post-Brexit, bien que la grande majorité des 80 000 migrants qui ont atteint le Royaume-Uni soient partis du nord de la France”, insiste The Telegraph. “On s’attend à ce que [les deux pays] se mettent d’accord sur de nouvelles mesures à petite échelle pour s’attaquer au problème, en s’appuyant sur un accord bilatéral conclu en novembre” [BBC].
… et défense
Autre sujet “au centre de l’agenda” ce vendredi : la sécurité, estiment Les Echos. “La trahison d’Aukus inspirée par Boris Johnson pour couler le contrat des sous-marins entre la France et l’Australie en septembre 2021 [avait distendu] les liens entre la France et le Royaume-Uni”, rappelle Le Figaro. Mais l’invasion russe en Ukraine, “et surtout la certitude que la guerre et l’instabilité se sont installées pour longtemps à l’est de l’Europe, […] sont venues rebattre les cartes” de la relation franco-britannique, poursuit le journal.
“MM. Sunak et Macron devraient […] renforcer leur coordination sur la fourniture d’armes à l’Ukraine par les Britanniques et les Français, ainsi que sur l’entraînement conjoint des forces ukrainiennes” [The Independent]. “La coopération […] pourrait également concerner l’Afrique, où [le groupe russe] Wagner gagne du terrain et l’Indo-Pacifique, où la Chine impérialiste s’affirme de plus en plus” [Le Figaro].
Une “bromance” imparfaite
Dès lors, “une nouvelle bromance est-elle sur le point d’éclore ?”, s’interroge The Spectator. “[Emmanuel] Macron et [Rishi] Sunak partagent de nombreuses similitudes”, souligne The Guardian, citant tour à tour leur relative jeunesse, leur milieu social ainsi que leur sensibilité de “centre-droit”.
Les autorités britanniques “sont peut-être ‘plus enthousiastes’ ” qu’auparavant, confie de son côté un diplomate français auprès de Politico, “parce qu’elles cherchent toujours à compenser ‘l’erreur stratégique qu’est le Brexit’ “. Rishi Sunak “agit [en effet] dans un contexte où le Brexit n’a pas eu les effets positifs escomptés” [La Croix]. Résultat : “Londres doit de nouveau se tourner vers l’Europe”, analyse le quotidien.
Or si régler la question migratoire reste une priorité pour le Royaume-Uni, “les Français ne peuvent pas faire grand-chose” en la matière, estime Charles Grant, directeur du Centre pour la réforme européenne dans un autre article de Politico. De son côté, Paris souhaite plutôt “renforcer la coopération en matière de sécurité et de défense à long terme” : “il y a donc une certaine incompatibilité entre les souhaits des deux parties”, poursuit le chercheur.
“En résumé, il y aura une certaine chaleur dans la Ville Lumière” aujourd’hui, “mais la confiance n’est pas encore totalement rétablie”, conclut The Economist, cité par Courrier international.
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