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Face à la Russie, l’Union européenne va-t-elle durcir le ton ?

En marge de la rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine qui se tenait mercredi 16 juin, le haut représentant pour les affaires étrangères européennes Josep Borrell a envisagé dans un rapport une coercition accrue face à Moscou. Une nouvelle doctrine qui sera discutée lors du Conseil européen des 24 et 25 juin.

Face aux nombreux litiges qui opposent Bruxelles et Moscou, Josep Borrell appelle à un changement de stratégie dans les relations avec la Russie - Crédits : Claudio Centonze / Union européenne
Face aux nombreux litiges qui opposent Bruxelles et Moscou, Josep Borrell appelle à un changement de stratégie dans les relations avec la Russie - Crédits : Claudio Centonze / Union européenne

Alors que Joe Biden et Vladimir Poutine échangeaient [mercredi 16 juin] sur les bords du lac de Genève, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a dévoilé une stratégie pour mieux cadrer les relations européano-russes”, entame The Guardian. En marge de la rencontre entre les présidents américain et russe, le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a en effet produit “un rapport sur l’état des lieux de la relation UE-Russie”. Le but : identifier “les moyens qui permettraient de faire entendre raison à Moscou”, prolonge Anne Rovan, correspondante du Figaro à Bruxelles. Ce texte servira de base aux dirigeants des Vingt-Sept, qui devront “l’approuver à l’unanimité” lors de “leur prochain sommet des 24-25 juin”, rapporte Capital.

Relations au plus bas depuis la fin de la Guerre froide

Ce rapport part d’un constat, posé par le magazine économique : entre les deux puissances, “le torchon brûle” sur de nombreux dossiers. Dossiers listés par The Guardian : de la Biélorussie à Alexeï Navalny en passant par la diplomatie vaccinale, “les cyber-attaques, l’ingérence électorale ou encore le conflit gelé de l’est ukrainien”, l’attitude de Moscou “a créé une spirale négative”. Au point que les relations entre les deux voisins sont “au plus bas depuis la fin de la Guerre froide”, juge Politico. Il faut être réaliste et s’attendre à une nouvelle dégradation des relations avec la Russie”, pointe Josep Borrell dans son rapport, cité par le média spécialisé dans l’actualité européenne.

Il acte ainsi l’échec de la doctrine actuelle de l’UE. “Selon un diplomate, il est temps d’essayer autre chose, c’est-à-dire aller au-delà des sanctions et des principes sur lesquels les Européens étaient tombés d’accord en 2016 [suite au conflit ukrainien]”, confirme Le Figaro. Cette “autre chose”, Josep Borrell la résume en un triptyque : “riposter, contraindre et dialoguer”. Une approche censée permettre “de parvenir à une coopération fructueuse avec la Russie” en adoptant “la bonne distance” [The Guardian]. “Bref, il s’agit dans l’absolu de jouer sur tous les registres diplomatiques, jusqu’aux mesures les plus coercitives”, résume Le Figaro.

Levier économique

Une nouvelle approche plus offensive donc, et tout à fait réaliste selon Josep Borrell, pour qui “les Européens ont des leviers contre la Russie”, note Capital. Le premier est d’ordre économique, fait savoir le magazine, en rappelant que “75 % des investissements directs réalisés en Russie viennent d’entreprises européennes”. Autre argument de poids, “la Russie dépend […] de ses exportations de gaz et de pétrole, qui représentent 40 % de son budget” et dont l’UE “est un grand importateur”, poursuit le média. Néanmoins, le chef de la diplomatie européenne a précisé que l’Union ne mobiliserait ce moyen de pression qu’en dernier ressort car les sanctions économiques “affectent les gens ordinaires qui ne sont pas responsables de la politique gouvernementale” [The Guardian].

S’il entend mettre la pression à Moscou sur le plan économique, Josep Borrell préconise de maintenir un haut niveau de coopération sur d’autres sujets tels que “la pandémie de Covid-19, le changement climatique, ou encore la situation au Moyen-Orient”, tout en “tissant des liens forts avec la société civile russe et les défenseurs des droits humains locaux” [Politico]. Cette approche est aussi un moyen pour l’exécutif européen d’afficher un front uni face à Moscou, là où “la Russie préfère parler directement avec certains de ses membres, ceux qui ont une certaine importance à ses yeux”, analyse Josep Borrell, cité par Capital. Allusion à peine voilée au “gazoduc Nord Stream 2 entre l’Allemagne et la Russie, […] une des pommes de discorde au sein de l’UE”, poursuit le média.

Transmis aux représentants des Etats membres, ce rapport sera donc débattu lors du prochain Conseil européen des 24 et 25 juin. Politico fait savoir que ce texte, qui devra faire l’unanimité auprès des Vingt-Sept pour être adopté, “a reçu un accueil froid et réservé de la part des diplomates des capitales européennes”. Le dossier risque donc de faire débat.

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2 commentaires

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    CHAIX PAUL

    La Russie a sa stratégie pour atteindre les 17 ODDE AGENDA 2030 le plus tôt possible. Beaucoup d’Européens-nes apprécient le peuple Russe et inversement beaucoup de Russes apprécient les Européens-nes.
    C’est l’essentiel. Insistons sur ce point au Conseil de l’Europe pour vitaliser un multilatéralisme efficace, sincère, cohérent et durable au bénéfice de la Russie et de l’Europe.

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    Christian Raingeval

    Il y a peu de différence entre les USA et la Russie. Pas plus de démocratie d’un côté comme de l’autre.L’UE doit avoir une politique indépendante de ces états en obtenant les avantages consécutifs à ses valeurs, à ses besoins et à son poids économique. Le problème et qu’elle ne sait pas suffisamment jouer en équipe et que ses médias ne connaissent pas le mot indépendance