Deux visions se sont affrontées hier à la tribune de l’ONU, une opposition qui peut donner un air de déjà-vu. Quand Obama défend l’universalité du modèle démocratique pour justifier le nécessaire départ de Bachar El-Assad de Syrie, son homologue russe nie toute obligation de s’adapter à un modèle unique. De façon encore plus claire, pour le Kremlin “ce n’est pas à Obama et à Hollande de choisir qui dirige la Syrie” [Le Monde].
Pourtant la nécessité d’une intervention globale contre le groupe Etat islamique est ressentie par l’ensemble de la communauté internationale. Ce qui a permis à Poutine d’exprimer clairement son intention, que le Figaro rapporte : constituer une coalition mondiale contre Daech tout en soutenant l’armée syrienne. La logique russe est limpide : “les forces armées du président Assad et les milices kurdes sont les seules à se battre véritablement contre le (groupe) État islamique” , la politique du ni Assad ni Daech est une “grave erreur” .
Ce retour de Moscou sur la scène politique n’est pas une surprise pour Daniel Vernet, qui analyse la situation pour Slate : “Moscou ne peut pas perdre la Syrie. La base de Tartous est son seul point d’appui dans la Méditerranée orientale et le régime baasiste - au-delà de la personnalité d’Assad lui-même - son dernier allié, que l’Iran cherche à lui contester” . Qui plus est, bien que la Russie ait été mise à l’écart de la diplomatie occidentale, “François Hollande et Angela Merkel n’ont pas rechigné à le rencontrer à plusieurs reprises - et une nouvelle réunion tripartite devrait avoir lieu début octobre à Paris” , plus exactement ce vendredi, informe France Info.
La France et l’Allemagne, sur ce dossier, n’apparaissent pourtant pas comme moteurs d’une diplomatie à échelle européenne.
En effet, pour le président français il n’est pas envisageable de “faire travailler ensemble les victimes et le bourreau” [La Tribune]. Pour appuyer sa position, François Hollande avait annoncé le début des frappes aériennes françaises en Syrie la veille du lancement de l’Assemblée générale, rappelle Le Figaro. Bachar El-Assad n’aura donc pas le soutien français. Angela Merkel appelait, elle, au dialogue avec le régime syrien depuis mercredi [France Info].
Cependant, pour l’éditorialiste de l’Humanité Patrick Apel-Muller, la France se retrouve “prise de court en pleine Assemblée générale de l’ONU” , notamment “par un président américain qui dit chiche et une chancelière allemande qui désavoue le président français en ne faisant plus du départ du dictateur Assad le préalable à des actions communes” .
La France défend ainsi une position proche de celle des Etats-Unis, “au premier rang de la classe de Barack Obama” pour l’Humanité, mais se retrouve isolée de l’Allemagne comme de la Russie ou de l’Iran en imposant la dénonciation de Bachar El-Assad comme une “base claire” nécessaire à la formation d’une coalition.
Entretemps, Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, a estimé lundi soir que le groupe P5+1 (Russie, Etats-Unis, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne, à l’origine de l’accord sur le nucléaire iranien) “pourrait se saisir du dossier” [La Tribune].
[Revue de presse] Etat islamique : la France essaie de trouver sa place entre les Etats-Unis et la Russie
Publié le 29.09.2015
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L’ouverture ce lundi de l’Assemblée générale des Nations unies a été le cadre d’un retour marqué de la Russie sur la scène internationale. L’ensemble des Etats semblent s’accorder sur la nécessité de combattre le groupe Etat islamique, chacun y trouvant ses intérêts, Etats-Unis et Russie en tête. Face à ces deux acteurs majeurs et malgré les interventions du président français les voix européennes peinent à se faire entendre.