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Espionnage de la NSA : le point sur les révélations et les réactions européennes

NSA, Prism, Snowden, trois mots qui occupent le devant de la scène médiatique depuis quelques mois. Toute l’Europe fait le point sur la manière dont l’Europe a été touchée et compte faire face à l’espionnage des Etats-Unis.

Anonymous Snowden

Qu’est-ce que la NSA ?

Créée en 1952, l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) est l’une des agences de renseignement du département de la défense des Etats-Unis, spécialisée dans la surveillance des communications électroniques.

Que sont Prism, XKeyscore et Tempora ?

Prism est le nom du programme informatique que la NSA a mis en place pour scanner les communications numériques échangées sur plusieurs services en ligne très utilisés (AOL, Apple, Facebook, Google, YouTube, Microsoft, Skype, Paltalk et Yahoo!). Son existence a été révélée par le Washington Post et le Guardian le 6 juin 2013.
Ce programme s’apparente à un moteur de recherche très performant, permettant à la NSA d’interroger des masses de données très denses en temps quasi réel pour rechercher un nom, un lieu, une date, etc., dans les mails, messages instantanés, communications vidéo ou autres documents.

The Guardian a également révélé, le 31 juillet, l’existence de “XKeyscore” , un programme secret d’espionnage des activités des particuliers sur internet. Selon un document interne, la NSA le considère d’ailleurs comme son outil doté de la “portée la plus grande” permettant d’examiner “quasiment tout ce que fait un individu sur Internet” . Il permet, par exemple, de lire les messages privés échangés sur Facebook et les courriels mais aussi de retrouver l’historique de navigation d’un utilisateur.

Les britanniques ne sont pas en reste puisqu’ils possèderaient eux aussi, selon The Guardian, un grand programme d’espionnage d’internet. Nom de code : Opération Tempora. D’après le quotidien, ce programme permettrait aux services britanniques du renseignement (GCHQ) de se “brancher” directement aux 200 câbles internet transatlantiques pour écouter tous les flux d’information et les stocker pendant 30 jours.

Qui est Edward Snowden ?

Edward Snowden est un informaticien américain de 30 ans, à l’origine de toutes les révélations sur les pratiques d’espionnage numérique de la NSA publiées par les médias américains et britanniques.

Il a d’abord travaillé pour l’Agence centrale du renseignement (CIA), puis collaboré quatre ans avec la NSA en tant qu’employé de divers sous-traitants. Parmi les postes qu’il a occupés, celui d’administrateur système lui a permis d’avoir accès aux serveurs et aux réseaux de la NSA, dont il a extrait les documents et les informations via une simple clé USB.

Il s’est exposé au grand jour dans une vidéo et une interview réalisées à Hongkong publiées sur le site du Guardian. À la suite de ses révélations, il est inculpé le 22 juin 2013 par le gouvernement américain sous les chefs d’accusation d’espionnage, vol et utilisation illégale de biens gouvernementaux. Exilé à Hong Kong en juin 2013, puis à Moscou, il a obtenu le 31 juillet 2013 l’asile temporaire en Russie pour un an.

“Mon unique objectif est d’informer les gens de ce qui est fait en leur nom et de ce qui est fait contre eux. Je suis prêt à sacrifier tout cela parce que je ne peux, en mon âme et conscience, laisser le gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d’Internet et les libertés essentielles pour les gens tout autour du monde avec ce système énorme de surveillance qu’il est en train de bâtir secrètement.” , a déclaré Edward Snowden au Guardian.

Quelles ont été les cibles et les méthodes d’espionnage de la NSA ?

Selon les documents que l’ex-informaticien de la NSA a fourni aux médias, 38 pays ou ambassades européennes figuraient parmi les “cibles” surveillées, au même titre que l’Union européenne et plusieurs millions de ses habitants.

Dans cette liste figurent des “adversaires idéologiques traditionnels” des Etats-Unis, des pays sensibles du Moyen-Orient, mais également la France, l’Italie, la Grèce, ainsi que d’autres alliés des Américains, tels que le Japon, le Mexique, la Corée du Sud, l’Inde ou encore la Turquie.

Le 29 juin, le quotidien allemand Der Spiegel révèle que la NSA a installé des mouchards dans les appareils électroniques de la représentation de l’Union à Washington, dans sa délégation auprès de l’ONU, à New York, et jusque dans le bâtiment du Conseil de l’Union européenne à Bruxelles. Des antennes placées à l’extérieur des bâtiments auraient permis aux Américains d’espionner l’ensemble des transmissions réalisées.

Le 21 octobre, c’est Le Monde qui publie un article selon lequel la NSA a effectué 70,3 millions d’enregistrements de données téléphoniques de citoyens français entre le 10 décembre 2012 et le 8 janvier 2013.

Enfin, le 24 octobre, le Guardian révèle, d’après un document interne de la NSA du 27 octobre 2006, qu’un responsable de l’administration américaine a transmis les numéros de téléphone de 35 dirigeants de la planète à la NSA qui les a placés sur écoute. Parmi les « victimes », on retrouve notamment la chancelière allemande Angela Merkel, la Présidente brésilienne Dilma Roussef , l’ancien chef d’Etat mexicain Felipe Calderon ou encore l’ancien Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero.

Quelles ont été les réactions européennes ?

Les députés européens ont vivement réagi aux révélations d’espionnage de la NSA.

Le premier jour de la session plénière qui s’est déroulée du 21 au 24 octobre, les députés de la Commission des libertés publiques (LIBE) ont accentué les propositions de sanctions présentées par la Commission européenne pour renforcer la protection des données personnelles dans l’UE.
La proposition de loi européenne souhaite imposer aux grands groupes de l’Internet d’obtenir le consentement préalable des personnes pour l’utilisation de leurs données personnelles, sous peine d’une amende d’un montant de 5% du chiffre d’affaires mondial annuel.

Le texte doit encore être approuvé par un vote en séance plénière lors d’une prochaine session du Parlement, puis par le Conseil. Il a été soutenu lors du Conseil européen des 24 et 25 octobre par François Hollande mais certains Etats membres comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne se sont montrés critiques.

Les eurodéputés ont également adopté, le 23 octobre, une résolution demandant la suspension de l’accord SWIFT avec les États-Unis. En vertu de ce traité, approuvé en juillet 2010 par le Parlement européen, les autorités américaines peuvent avoir accès aux données bancaires européennes stockées sur le réseau de la société belge SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), aux fins de lutte contre le terrorisme et dans le respect de certaines exigences de protection de la vie privée des citoyens. Or, les médias brésiliens ont révélé le 8 septembre dernier que la NSA était capable d’entrer dans le système SWIFT depuis 2006, malgré les cryptages et les pare-feu.
Cette résolution demeure toutefois non contraignante, le Parlement européen n’ayant pas de compétences pour engager la suspension ou la dénonciation d’un accord international déjà approuvé.

Une délégation de députés européens se rend à Washington du 29 au 31 octobre afin d’entamer des discussions avec leur homologues américains sur l’impact des programmes de surveillance sur le droit à la vie privée des citoyens européens.

Réagissant aux allégations d’écoutes téléphoniques dont elle aurait été victime, la chancelière allemande a demandé, jeudi 24 octobre, que Washington établisse un « code de bonne conduite » avec Berlin et Paris d’ici la fin de l’année. Angela Merkel et François Hollande veulent obtenir du président américain qu’il leur communique l’ensemble des données volées par Edward Snowden susceptibles d’être publiées.

Enfin, l’Allemagne et le Brésil travaillent à la préparation d’une résolution à l’ONU sur la protection des libertés individuelles, qui devrait être présentée au comité des droits de l’homme de l’Assemblée générale des Nations unies.


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