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Energie : l’embargo européen sur le pétrole russe entre en vigueur

Adopté en mai dernier par les Vingt-Sept, l’embargo portant sur 90 % des importations de pétrole russe entre en vigueur ce lundi 5 décembre. Il s’accompagne d’un plafond de 60 dollars sur le prix du baril de brut russe.

Les exportations de pétrole russe à destination de l'Union européenne ont baissé de 40 % depuis le début de l'invasion en Ukraine en février dernier, selon l'Institut de relations internationales et stratégiques
Les exportations de pétrole russe à destination de l’Union européenne ont baissé de 40 % depuis le début de l’invasion en Ukraine en février dernier, selon l’Institut de relations internationales et stratégiques - Crédits : Vladimirovic / iStock

La guerre pétrolière entre l’Occident et la Russie devient réelle”, titre Politico. Depuis aujourd’hui, plus aucun navire ne peut décharger du pétrole brut russe dans un port de l’Union européenne. “Une étape cruciale […] est franchie”, estiment Les Echos.

Car depuis le début du conflit en Ukraine en février, “la Russie a tiré 67 milliards d’euros de ses ventes de pétrole russe à l’Union européenne”, souligne RFI. Soit 7 milliards de plus que son budget militaire annuel.

Les importations par voie maritime, “qui représentaient les deux tiers des achats de pétrole avant le conflit” [Le Figaro], sont donc désormais interdites dans l’UE. Les importations par oléoduc, en particulier par le pipeline Droujba, restent toutefois admises “pour permettre aux pays enclavés, la Hongrie surtout, d’être alimentés”, poursuit le quotidien. Autre exemption : la Bulgarie bénéficie d’un délai supplémentaire pour appliquer l’embargo.

Vers une nouvelle hausse des prix ?

Les Echos rappellent que la décision sur l’embargo pétrolier avait été difficile à prendre, “tant la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Russie était forte”. Malgré une intention clairement affichée de se passer des hydrocarbures russes, les Européens “ont adopté un calendrier différencié pour chaque source d’énergie, certaines étant plus faciles à substituer que d’autres”, explique le journal économique.

En Allemagne, “certains craignent également des pénuries et une hausse des prix à la pompe en raison de l’embargo, en pleine crise du gaz et de l’électricité” [Die Zeit]. Une inquiétude partagée en France par La Tribune, qui alerte sur la nécessité de trouver des alternatives. Si les Européens “peuvent le faire auprès des pays du Golfe et des pays africains, ils courent le risque non négligeable de racheter du brut russe via des intermédiaires”, annonce le journal.

Car la Russie “va continuer à vendre par voie maritime ailleurs qu’en Europe” prévient Le Monde, et réorienter ses exportations vers la Chine et l’Inde en particulier. Ce qui devrait réduire la demande de ces dernières vis-à-vis du Moyen-Orient… qui, à son tour, redirigera ses ventes vers l’Europe, explique Politico. Par conséquent, “les conditions du marché devraient rester assez similaires”, prédit l’économiste Simone Tagliapietra du groupe de réflexion Bruegel, interrogé par le média en ligne.

Un plafond pour atténuer l’inflation

Outre l’embargo, les Européens et les pays du G7 interdisent également dès aujourd’hui “à leurs compagnies maritimes et d’assurance de transporter des cargaisons de pétrole russe vendues au-dessus du prix plafond” [Politico]. Celui-ci a finalement été fixé vendredi à 60 dollars le baril par les pays de l’UE et du G7, après d’intenses négociations : la Pologne et les Etats baltes appelaient notamment à un prix plus bas, pour accroître la pression sur Moscou.

L’Ukraine a d’ailleurs, pour les mêmes raisons, affiché “son mécontentement sur le montant du plafond” [Les Echos]. Tandis que le Kremlin a, de son côté, prévenu “qu’il ne livrerait plus de pétrole aux pays qui soutenaient le mécanisme” [La Tribune].

Plusieurs médias s’interrogent sur les conséquences de cet instrument. Son impact devrait être “limité”, estime ainsi La Tribune. Le niveau de prix fixé est en effet “très supérieur au coût de production actuel du pétrole en Russie, afin que Moscou soit incité à continuer de pomper du brut”, estime Le Monde.

Car “l’équation n’était pas simple”, résument Les Echos : “il fallait trouver un plafond qui permette d’amputer les revenus de Moscou […] et qui maintienne, en même temps, le pétrole russe en circulation pour éviter la flambée des prix mondiaux”. Ainsi, “dans une certaine mesure, le plafonnement du prix du pétrole est […] une mesure de maîtrise de l’inflation pour contrer l’impact des sanctions de l’UE”, abonde Politico.

En revanche, ces premières décisions sur le pétrole russe devraient être suivies “le 5 février 2023, par de nouvelles sanctions […] sur les produits pétroliers transformés, notamment le diesel”, indique Le Monde. Et cette fois, “quand bien même le monde traverse les semaines à venir sans grande volatilité”, la “prochaine vague […] pourrait constituer un choc important, tant pour l’approvisionnement énergétique de l’Europe que pour les prix mondiaux”, prévient Politico.

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