“Coïncidence des dates : il y a exactement 4 mois […] que la jeune Mahsa Amini est morte en Iran”, entamait hier Jean-Marc Four dans une chronique pour France Inter. “Depuis la contestation n’a pas cessé dans le pays, derrière le slogan ‘Femme, vie, liberté’ “, poursuit l’éditorialiste. Pour autant, la répression ne faiblit pas : “quatre hommes ont déjà été pendus en décembre 2022 et début janvier, en lien avec les manifestations. Une cinquantaine risque le même sort”, déplore Le Monde.
Pour accroître la pression sur Téhéran, une réaction forte de la part de l’Union européenne pourrait intervenir dans les prochains jours. “Les Vingt-Sept envisagent de placer le corps des Gardiens de la révolution islamique sur leur liste des entités terroristes”, note le quotidien français. Ces soldats d’élite, membres de l’organisation à l’origine paramilitaire, “contrôlent de vastes pans de l’économie, les forces armées, […] supervisent le programme nucléaire et balistique iranien, [et] sont accusés de fomenter la répression effrénée du mouvement de contestation”, détaille La Croix.
“Des députés européens ont remis, lundi 16 janvier, une demande devant le Parlement pour classer [cette entité] parmi les organisations terroristes” [France 24]. Ils en débattront avec le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell ce mardi, “avant de soumettre la résolution au vote le 19 janvier”.
12 000 soutiens à Strasbourg
“L’initiative appelée de ses vœux par le député suédois de 43 ans Alireza Akhondi (Parti du centre) a été suivie par 117 parlementaires [européen], convaincus, eux aussi, de la nécessité de frapper plus fort”, poursuit France 24.
Ces eurodéputés ont reçu le soutien de la diaspora iranienne, présente en masse devant l’hémicycle strasbourgeois alors que débutait la première séance plénière de l’année. “Environ 12 000 personnes selon la police, venues de toute l’Europe, ont manifesté ce lundi à Strasbourg”, indique Le Parisien. Déployant des “drapeaux iraniens [pré-révolution islamique] (aux mêmes couleurs que le drapeau actuel mais arborant un lion doré au centre à la place du symbole islamique)”, ils demandent l’inscription des Gardiens de la révolution sur la liste des organisations terroristes, explique le journal. A ce jour, cette liste “compte une vingtaine d’organisations, dont Al-Qaida, le groupe Etat islamique et la branche armée du Hezbollah libanais, soutenue par l’Iran” [Le Monde].
La Croix rappelle cependant que “l’adoption d’un texte [par le Parlement européen] servirait surtout à mettre sous pression le Conseil européen, seul à pouvoir voter des sanctions”. Mais le moment choisi n’est pas anodin : “le sujet sera à l’ordre du jour de la prochaine réunion des ministres européens des Affaires étrangères, prévue le 23 janvier” [La Croix].
Une étape supplémentaire
“L’Union européenne ne s’est pourtant pas jusque-là montrée avare en matière de condamnation et de sanctions à l’encontre de Téhéran”, écrit France 24. Pour RFI, Majid Golpour, expert sur les questions iraniennes auprès des institutions européennes, souligne qu’à ce jour “la liste des personnes et entités iraniennes faisant l’objet de sanction de la part de l’UE, dans ce cadre, comprend environ 150 personnes et entités”.
Pour ce dernier, qui rappelle que les relations interparlementaires européennes avec l’Iran ont cessé le 9 novembre dernier, l’inscription des Gardiens de la révolution sur la liste des entités terroristes “pourrait aboutir à l’isolement de cette organisation et réduire grandement les marges de manœuvre de la République islamique et ses influences malsaines dans la région”. D’après Le Monde, “plusieurs Etats, dont l’Allemagne, les Pays-Bas et la République tchèque, militent en faveur d’une telle initiative”.
Côté français, l’avis est moins tranché. Au Quai d’Orsay, on fait savoir que la diplomatie “travaille avec ses partenaires européens à de nouvelles mesures de sanctions, sans en exclure aucune a priori” [Le Monde]. Selon France Inter, les raisons de cette hésitation sont nombreuses : “parce que Téhéran retient 7 Français ou Franco-Iraniens, autant dire des otages. Parce que la tension est forte entre les deux capitales, encore alimentée par les caricatures publiées par Charlie Hebdo. Parce que certains diplomates redoutent une fuite en avant de Téhéran”.
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