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Ecosse : vers un long bras de fer avec Londres sur la question de l’indépendance ?

La Première ministre indépendantiste Nicola Sturgeon a remporté les élections au Parlement écossais, selon les résultats publiés samedi 8 mai. Le Parti national écossais (SNP) va désormais pousser le gouvernement britannique à accepter un nouveau référendum d’indépendance.

Nicola Sturgeon est devenue Première ministre après l'échec du "oui" au référendum d'indépendance de 2014
Nicola Sturgeon est devenue Première ministre après l’échec du “oui” au référendum d’indépendance de 2014 - Crédits : Wikimedia commons / CC BY 2.0

La campagne est terminée. Que la campagne commence”, ironise The Scotsman. Le Parti national écossais (SNP) a en effet “fini par décrocher 64 sièges sur un total de 129 à Holyrood, le Parlement d’Edimbourg”, relate Le Monde. S’il manque bien un député au parti indépendantiste pour atteindre la majorité absolue, la Première ministre Nicola Sturgeon profite également de “la progression des Verts écossais, eux aussi pro-indépendance, qui ont gagné huit sièges” [Le Monde].

De quoi relancer la question d’un second référendum d’autodétermination, après celui de 2014 où “le ‘no’ ​l’avait emporté à 55 %” [Ouest-France]. Après cette “quatrième victoire d’affilée” [Courrier international] pour le SNP, “Boris Johnson n’a aucun argument pour bloquer la volonté des Ecossais. Le référendum est fondamentalement une question de principe démocratique”, a prévenu Nicola Sturgeon [Le Monde]. “Lors d’un appel téléphonique hier soir”, la dirigeante a eu l’occasion de l’informer que pour elle, la question n’était pas de savoir “si” cette consultation allait être organisée, mais plutôt “quand” [The Guardian].

Mme Sturgeon sait toutefois que Boris Johnson “sera plus dur à convaincre” [Ouest-France] que l’ancien Premier ministre David Cameron : celui-ci avait accordé aux Ecossais le droit de se prononcer sur cette question à l’issue des législatives de 2011. The Scotsman prédit d’ailleurs un refus net de Londres. “Après cela, il faut s’attendre à des réunions au sommet et à des contestations juridiques qui aboutiront devant la Cour suprême, où les chances sont en faveur du gouvernement britannique”, explique le journal favorable à un maintien au sein du Royaume-Uni. De son côté, Boris Johnson “a invité Mme Sturgeon à ‘travailler ensemble’ face à leurs ‘défis communs’, la conviant à une réunion avec les autres chefs de gouvernements locaux” [L’Obs].

Après le Brexit

La situation est toutefois bien différente d’il y a 7 ans. “Cette fois-ci, Boris Johnson est très loin d’être à terre” [Le Monde]. Le Premier ministre britannique “est sorti considérablement renforcé, le 6 mai, d’une série d’élections locales et régionales en Angleterre, qui ont vu le Labour céder des bastions historiques dans le nord-est du pays et dans les Midlands au profit du camp conservateur”, complète le journal. Et si, plus à l’ouest, “le Pays de Galles a confirmé qu’il voyait l’avenir en rouge travailliste”, au niveau national “la bascule du vote populaire vers une droite désormais interventionniste semble bien engagée” [Le Monde].

Le ministre britannique en charge de la coordination de l’action du gouvernement Michael Gove a aussi souligné sur Sky Newsqu’à la différence de l’élection locale de 2011 qui avait vu une large victoire des indépendantistes et conduit à organiser un référendum 3 ans plus tard, cette fois ‘le SNP n’a pas obtenu la majorité’ ” [L’Obs]. “Si nous nous laissons entraîner dans une conversation sur les référendums […] nous détournons l’attention des questions qui sont les plus importantes pour les citoyens d’Écosse et du Royaume-Uni”, a-t-il ajouté.

Du côté des indépendantistes écossais cependant, “il ne fait pas de doute que le Brexit a changé la donne” [Libération]. Le référendum sur la sortie de l’UE, auquel 62 % ont voté “non”, a en effet eu lieu deux ans après le précédent référendum d’autodétermination. Et le SNP “a promis que l’une de ses premières mesures, en cas d’indépendance, serait de demander à rejoindre l’Union européenne”, fait savoir la correspondante à Londres de Libération. Or “Nicola Sturgeon est aussi coriace et déterminée que l’était Margaret Thatcher en son temps”, prévient un éditorialiste de The National, favorable à l’indépendance.

La question de l’indépendance “n’est pas forcément le sujet le plus intéressant à l’issue du scrutin”, tempère toutefois la BBC. “Qui occupera les postes clés du Cabinet [les ministres les plus importants choisis parmi les parlementaires, ndlr] laissés vacants par les députés partant à la retraite ?”, s’interroge le correspondant Philip Sim. “Il s’agit notamment du secrétaire à la Santé, en période de pandémie, du secrétaire à la Constitution, au moment du Brexit, et du secrétaire à l’Environnement, l’année de la COP26″ prévue en novembre à Glasgow.

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