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Donald Trump, président des Etats-Unis : la presse européenne sous le choc

Quels que soient les candidats, l’élection présidentielle américaine est une élection mondiale. Encore plus que lors de la victoire de George W. Bush en 2000 ou de Barack Obama en 2008, celle de Donald Trump, dans la matinée du 9 novembre, confirme cette idée, notamment avancée par François Hollande peu avant le scrutin. S’emparant très largement de l’événement, la presse européenne a fait part de sa surprise et surtout de son inquiétude vis-à-vis de l’arrivée du magnat de l’immobilier à la tête des Etats-Unis.

Unes du Periodico (Espagne) et du Daily Mirror (Royaume-Uni) sur l'élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis

A l’instar de la presse américaine, les médias européens consacrent leurs Unes, depuis le 9 novembre, à la victoire inattendue de Donald Trump dans la course à la Maison blanche. Tout autant surpris que leurs confrères d’outre-Atlantique, les éditorialistes européens ne misaient pas sur la défaite de la candidate démocrate Hillary Clinton face à son adversaire républicain qui n’a eu de cesse, durant la campagne, d’enchainer frasques et déclarations tonitruantes, agressives, voire insultantes à l’encontre des femmes, des immigrés, ou encore des musulmans.

“Ouragan de rage et de mécontentement”

Parmi les innombrables gros titres consacrés à l’événement, celui du quotidien allemand de centre-gauche Süddeutsche Zeitung est sans équivoque et représentatif de l’état d’esprit général régnant au sein des journaux européens : “La pire catastrophe possible (…), l’inimaginable est devenu réalité” . Egalement incrédule, le Märkische Allgemeine Zeitung, quotidien allemand basé à Potsdam, écrit : “[La campagne de Donald Trump] a atteint un degré de sordide que les Etats-Unis n’avaient jamais connu : ses mensonges et ses demi-vérités, ses fanfaronnades et sa vulgarité, ses tirades contre les femmes et les immigrés auraient contraint tout autre candidat à se retirer. Pas Trump” .

Passé ce constat de surprise et de déception, de premiers éléments d’analyse ont également été mis en avant. Pour de nombreux journaux européens, le triomphe de Donald Trump est ainsi surtout celui du populisme. C’est en tout cas ce qu’estime le quotidien espagnol de centre-gauche El Pais, qui titre : “Les Etats-Unis tombent dans les mains du populisme agressif de Trump” . Une opinion partagée par son concurrent de centre-droit ABC, qui propose une Une presque identique : “Le populisme de Donald Trump conquiert la Maison blanche” .

Une d'El Pais (Espagne) :

Une d’El Pais (Espagne) : “Les Etats-Unis tombent dans les mains du populisme agressif de Trump”


Pour La Stampa, quotidien italien, la victoire de Donald Trump doit être vue comme “un ouragan de rage et de mécontentement” . “Le reste du monde doit digérer ce qui s’est passé cette nuit : le peuple de la révolte frappe à nos portes” , écrit encore le journal. Une opinion que partage La Tribune de Genève qui décrit un triomphe de “la coalition des oubliés” . Donald Trump “avait raison et ceux qui avaient tort sont légion” , poursuit le quotidien suisse. “Les commentateurs et les sondeurs qui le jugeaient incapable de remporter la présidentielle, les républicains qui le toisaient, les dirigeants d’entreprise qui dénonçaient ses prises de position et les démocrates qui le dénigraient ont tous été incapables de comprendre l’ampleur et la solidité de ses soutiens dans l’électorat” .

Le Brexit, Donald Trump et Marine Le Pen ?

The Daily Mail, tabloïd britannique conservateur, ne dit pas autre chose en parlant de “la révolte des petites gens” et d’une “humiliation pour Hillary Clinton, pour les sondeurs et pour les élites des affaires et du show-business” . The Telegraph, quotidien conservateur, dresse quant à lui un parallèle entre l’élection de Donald Trump et le Brexit. Favorable à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, le nouveau président américain avait d’ailleurs reçu la visite de Nigel Farage, figure de proue du Brexit, lors d’un de ses derniers meetings de campagne, rappelle le journal, pour qui ces deux événements politiques majeurs de l’année 2016 peuvent être vus comme “un pied-de-nez à l’ordre établi” .

Une de La Libre Belgique

Une de La Libre Belgique :

Une idée également reprise par le quotidien irlandais The Irish Times, bien que dans des termes moins policés : “Les Etats-Haineux d’Amérique font un doigt d’honneur au monde” , écrit en effet le journal.

Un “doigt d’honneur” qui pourrait d’ailleurs avoir des conséquences politiques importantes pour l’Europe, à en croire Le Temps, quotidien suisse, qui met en garde sur le fait que Donald Trump pourrait bien être un “accélérateur des populismes européens” . Ne perdant logiquement pas de vue les prochaines échéances électorales européennes, le journal énumère : “Autriche, France, Allemagne sont dans la ligne de mire, tandis que les populistes d’Europe centrale se frottent les mains” . The Financial Times, quotidien économique britannique, abonde : après la victoire de Donald Trump, “les alliés [sont] consternés” , et “les populistes enchantés” .

En France en effet, le lien entre l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche et l’élection présidentielle d’avril et mai prochains au cours de laquelle Marine Le Pen est appelée à réaliser un score élevé a été rapidement réalisé par plusieurs médias. “Trump l’emporte, Marine Le Pen jubile” , a par exemple titré Libération peu après l’officialisation de la victoire du candidat républicain. “Après Trump, Marine Le Pen en 2017 ?” , s’est également interrogée La Tribune. Alors que Le Monde annonce que la dirigeante du Front national entend “surfer sur la déferlante américaine” .

Une de Publico (Portugal) : “Nous entrons en terrain inconnu

Une de Publico (Portugal) :

Saut dans l’inconnu

Plus généralement, le consensus selon lequel l’accession de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis suscite infiniment plus d’inconnues que de certitudes est largement partagé par les médias européens. La version britannique du Huffington Post propose à cet égard le jeu de mot pouvant être traduit par “Apprenti en chef” , raillant l’émission de téléréalité The Apprentice à laquelle Donald Trump a participé en 2004 et faisant allusion au qualificatif de Commandeur en chef (des armées) que deviendra M. Trump en janvier prochain après sa prise officielle de fonction.

Dans la même veine, La Libre Belgique titre “La plongée dans l’inconnu” en Une de son édition des 10 et 11 novembre avec, en couverture, un orage sur le point de se déclencher sur Donald Trump. Tandis que Publico, quotidien portugais, a choisi de placer un drapeau américain sur l’intégralité de sa première page. A la différence que sur une des bandes rouges la phrase “Nous entrons en territoire inconnu” est écrite. Et, surtout, que les étoiles blanches ont été remplacées par autant de points d’interrogation.

Par Jules Lastennet

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