“A la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, j’ai rencontré des mères et des enfants contraints de quitter leur foyer pour fuir les atrocités commises par l’armée russe”, raconte Apóstolos Tzitzikóstas, président du Comité européen des régions. Accompagné d’une dizaine d’élus locaux et régionaux européens, il s’est rendu mercredi 6 avril à Rzeszów, une ville polonaise d’environ 200 000 habitants, située à quelques dizaines de kilomètres de l’Ukraine. “J’ai également assisté au travail considérable accompli par le peuple polonais, ses maires et ses présidents régionaux pour fournir un abri. Ils méritent un soutien immédiat et efficace”, a-t-il insisté.
Visite en première ligne
Depuis le début de l’invasion russe, la commune de Rzeszów a en effet mis les bouchées doubles : chaque jour, environ 300 volontaires sont mobilisés pour accueillir des réfugiés, en plus des 380 employés municipaux engagés dans cette mission. Un centre d’intervention a été installé dans la gare ferroviaire, ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Des repas chauds y sont distribués, tout comme des produits hygiéniques de base ou encore des cartes SIM polonaises.
“Plus de 500 000 Ukrainiens ont transité par Rzeszów depuis le 24 février : la municipalité et de nombreux volontaires se sont organisés en quelques heures pour assurer un accueil humain”, a souligné François Decoster, conseiller régional des Hauts-de-France et président du groupe Renew au Comité européen des régions. “Aujourd’hui, nous sommes venus les remercier”, a-t-il ajouté.
La délégation a également visité des abris temporaires. “Quand on vient sur place, c’est toujours plus concret, plus réel”, a commenté Christophe Rouillon, maire de Coulaines et président du groupe socialiste au Comité. “Nous avons vu le regard des enfants, des mamans et des personnes âgées visiblement traumatisées. On se rend compte de l’horreur de la guerre et des déplacements de population”.
“Réunion d’urgence”
Mercredi matin et avant ces rencontres, les présidents des groupes politiques du Comité européen des régions se sont par ailleurs réunis afin d’échanger sur la situation et d’évaluer les besoins des communautés locales. Etaient également présents Elisa Ferreira, commissaire européenne à la Cohésion et Younous Omarjee (LFI, GUE / NGL), député européen et président de la commission du développement régional au Parlement européen.
Le président Tzitzikóstas a notamment appelé à “travailler à la reconstruction de l’avenir” du pays ravagé par la guerre. “Je pense qu’un plan de reconstruction ambitieux pour l’Ukraine doit être élaboré de toute urgence, et qu’une partie de ce plan devrait être une perspective claire pour l’Ukraine de devenir un candidat potentiel à l’adhésion à l’UE”, a déclaré Apóstolos Tzitzikóstas.
L’occasion de demander également la création d’un “mécanisme local” pour les réfugiés ukrainiens afin de simplifier les démarches administratives et d’accélérer la mobilisation des fonds européens de soutien à l’accueil de ces personnes fuyant la dévastation dans leur pays. “A l’heure actuelle, il existe environ 5 outils de financement européens différents pour répondre à la crise des réfugiés, avec des procédures et des délais différents”, a expliqué le président du Comité européen des régions, qui souhaite “un point d’entrée unique” pour les autorités locales.
L’UE et les élus locaux déjà mobilisés
Apóstolos Tzitzikóstas en a d’ailleurs profité pour saluer les initiatives communes en matière d’accueil des réfugiés au niveau européen, les collectivités locales étant en première ligne. Dès le 8 mars, la Commission européenne a lancé “CARE”, un ensemble de mesures introduisant par exemple de la flexibilité dans l’utilisation des enveloppes financières du Fonds européen de développement régional (FEDER) et du Fonds social européen (FSE) pour répondre aux besoins des réfugiés en matière d’hébergement ou de soins. La Commission estime qu’environ 17 milliards d’euros pourraient être dégagés avec toutes les initiatives européennes afin de répondre à cette urgence humanitaire et sociale pour les Ukrainiens. A titre d’exemple, la Région du Podkarpackie, où se situe la ville polonaise de Rzeszów, souhaite y allouer 50 millions de złoty – c’est-à-dire environ 11 millions d’euros – provenant du Fonds social européen 2014-2020. Le site de l’exécutif européen a même compilé une série d’informations pour les personnes fuyant la guerre, disponibles en anglais, en ukrainien et en russe.
De son côté, le Comité européen des régions a lancé un centre d’information et d’assistance pour créer un lien entre les besoins et les offres d’aide proposées au sein de l’UE. Ce “hub” s’adresse aux collectivités locales : celles qui seraient dépassées par les arrivées de réfugiées peuvent solliciter l’assistance d’autres autorités territoriales ailleurs en Europe. La plateforme fournit des informations actualisées sur les besoins et les offres concernant le logement, les possibilités d’emploi et l’aide humanitaire pour aider les réfugiés ukrainiens.
Interview de Christophe Rouillon, maire de Coulaines (72) et président du groupe des socialistes européens au Comité européen des régions et visite d’un centre d’accueil d’urgence de réfugiés à Rzeszów (Pologne)