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Défense : l’autonomie stratégique européenne au menu des rencontres ministérielles à Brest

Réunis dans la ville bretonne du 12 au 14 janvier, les ministres européens de la Défense et des Affaires étrangères planchent sur la feuille de route de l’UE en matière militaire. Un ordre du jour bousculé par les tensions avec la Russie vis-à-vis de l’Ukraine.

La ministre de la Défense Florence Parly et celui des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian accueillent leurs homologues en Bretagne
Les ministres de la Défense Florence Parly et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (ici en décembre) accueillent leurs homologues en Bretagne - Crédits : Judith Litvine / MEAE

A Brest, les Vingt-Sept se penchent sur l’un de leurs sujets de controverse favoris, la défense européenne”, commence Le Télégramme dans un éditorial. A l’occasion d’une réunion ministérielle informelle organisée dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’UE (PFUE), “les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l’UE [discutent aujourd’hui] de la ‘boussole stratégique’, dernière tentative en date de l’Union pour formuler une véritable stratégie de défense”, indique en effet Politico.

Accroître l’autonomie stratégique

En plus d’une acquisition commune de matériel militaire, “l’objectif est de mettre en place une capacité de déploiement rapide de l’UE pouvant aller jusqu’à 5 000 soldats, avec des règles d’engagement communes qui pourraient devenir un précédent pour des unités plus ambitieuses à l’avenir”, relate le média. “A vingt-sept, nous sommes plus forts pour préserver notre liberté d’action sur les océans, dans le spatial et dans le champ cyber et informationnel, qui sont autant de nouveaux espaces contestés”, a martelé le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian dans une interview à Ouest-France.

Faire aboutir cette boussole est “l’un des principaux objectifs de la présidence française du Conseil”, qui vise une adoption en mars, selon Politico. “On constate qu’il y a une ambition partagée de faire de ce [texte] un vrai document ambitieux qui permette de poser un constat lucide et stratégique des capacités que nous avons commencé à développer”, avancent des sources diplomatiques françaises citées par Euractiv.

Le retrait chaotique d’Afghanistan [en août dernier] et l’incapacité des pays européens à faire sortir leurs propres citoyens du pays ont servi d’avertissement quant aux limites de l’Union en matière de défense et de sécurité”, affirme Politico. Et les Européens ont une expression pour désigner l’ambition d’avoir de plus grandes marges de manœuvre sur la scène internationale : “l’autonomie stratégique”. “En clair, s’émanciper du protecteur américain et se doter de ses propres capacités de défense”, résume L’Express. “Repris par Emmanuel Macron, ce concept est devenu le fer de lance de sa présidence du Conseil de l’Union européenne, démarrée le 1er janvier”, poursuit l’hebdomadaire.

Une boussole qui montre l’est ?

Cette réunion se tient dans un contexte de tensions avec Moscou. A l’issue d’une rencontre Otan-Russie mercredi à Bruxelles, “les Etats-Unis et leurs alliés européens ont constaté […] une impasse dans leurs tentatives d’engager des négociations avec Moscou pour éviter un nouveau conflit en Ukraine”, rapporte France 24. “Au fond, [Vladimir] Poutine veut un engagement formel et irréversible qu’il n’y aura pas d’élargissement de l’Otan vers l’est, pas de missiles occidentaux en Ukraine, pas d’expansion des structures militaires de l’Otan et que les alliés de l’ancien bloc soviétique soient relégués au second plan”, résume un haut fonctionnaire européen cité par El País. Mais “les alliés ne sont pas disposés à céder et l’ont fait savoir à Moscou”, rapporte le quotidien espagnol.

En marge de la rencontre à Brest, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a déclaré que les propositions russes sur la manière de résoudre l’impasse “contreviennent aux principes de l’architecture de sécurité européenne” [Euractiv]. Il a également indiqué que cette question serait “en tête de l’ordre du jour” de la réunion des ministres des Affaires étrangères qui débute aujourd’hui, poursuit le média en ligne.

Selon Politico, la nouvelle version de la “boussole stratégique” a d’ailleurs été musclée à propos des relations entre l’UE et le Kremlin. “Le texte précise désormais que tout engagement avec la Russie doit être fondé sur les cinq principes que l’UE a adoptés en mars 2016, qui exigent notamment que Moscou respecte les accords de Minsk pour la paix en Ukraine, ‘tout en repoussant les actes illégaux, provocateurs et perturbateurs de la Russie’ ”. Une troisième version du document est toutefois “probable” d’ici mars, assure le média.

Or l’aboutissement d’une vision stratégique commune est complexe. “Comment concilier les impératifs des Lituaniens, préoccupés par la Russie, des Grecs, focalisés sur la Méditerranée orientale, et des Français, qui ont une approche globale ?”, interroge l’eurodéputé (PPE) Arnaud Danjean dans L’Express. De fait, “les Vingt-Sept n’ont pas tous la même conception de l’équilibre à trouver entre cette politique commune et la place de l’Otan et des Etats-Unis dans la sécurité européenne”, abonde RFI.

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