Ces derniers jours, “le ballet diplomatique en vue de résoudre la crise ukrainienne s’intensifie”, rapportent Les Echos. Une crise aux frontières de l’UE qui représente un “test pour l’Europe” et sa “souveraineté militaire”, considèrent Jean-Pierre Maulny, directeur-adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), et Claudia Major, de l’Institut allemand pour la politique internationale et de sécurité, dans une tribune publiée par le quotidien.
Washington déploie 3 000 militaires
“Alors que les Européens multiplient les visites diplomatiques à Kiev, les Américains se préparent sur le plan militaire à une possible invasion russe en Ukraine”, souligne RFI. En effet, dans le contexte des tensions avec Moscou, Le Monde indique que le porte-parole du Pentagone John Kirby avait annoncé, mercredi 2 février, que “Joe Biden [allait] envoyer des renforts militaires en Europe de l’Est en soutien aux forces de l’Otan ‘lors des prochains jours’ “.
Ainsi, “les Etats-Unis vont […] déployer 1 000 hommes déjà stationnés en Allemagne pour les redéployer en Roumanie” fait savoir RFI. Par ailleurs, “2 000 soldats vont rapidement être envoyés de Caroline du Nord (Fort Bragg), vers l’Allemagne d’une part et la Pologne d’autre part”, ajoute la chaîne de radio internationale. Au nom des Américains, le porte-parole du Pentagone John Kirby a justifié le déploiement de ces 3 000 militaires : “nous sommes prêts à rassurer nos alliés de l’Otan et déterminés à les défendre contre toute agression” [Le Monde].
A la suite de cette décision, le HuffPost rapporte que le “vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Grouchko […] a fustigé une mesure ‘injustifiée, destructrice, augmentant les tensions militaires’ “. Pour Washington, il “ne s’agit que de renforcer le ‘flanc oriental’ de l’Alliance atlantique” [Le Monde]. “Ces forces ne vont pas combattre en Ukraine, mais assurer une défense robuste de nos alliés”, a affirmé John Kirby, cité par le journal.
En Europe, cette annonce a notamment été “immédiatement salué[e]” par la Pologne, le Premier ministre Mateusz Morawiecki y voyant “un symbole important de l’unité et de la coopération entre des pays démocratiques et un avertissement à Vladimir Poutine” [RFI].
Coordination européenne
Pour les spécialistes Jean-Pierre Maulny et Claudia Major dans Les Echos, la crise en Ukraine est une “preuve s’il en était nécessaire que l’Europe est encore loin d’avoir bâti une sécurité européenne digne de ce nom”. Alors que “la Russie préfère s’adresser aux Etats-Unis” dans ce dossier, c’est pourtant bien en Europe que “la menace d’une guerre” plane, soulignent-ils .
Dans ce contexte, Joe Biden et Emmanuel Macron “se sont engagés à coordonner leur réponse à la présence militaire russe à la frontière ukrainienne” [Le Monde]. En outre, en visite à Bucarest jeudi 3 février afin de rencontrer neuf homologues d’Europe de l’Est et des pays baltes, le ministre français Jean-Yves Le Drian “a rappelé que la France était ‘disponible pour être nation cadre et participer à la présence (de l’Otan) en Roumanie”, fait savoir Le Figaro. “Concrètement, dans la suite des déclarations du président de la République, Emmanuel Macron, Paris est prêt à déployer des moyens militaires comme le fait déjà l’Alliance atlantique dans les pays Baltes ou en Pologne, dans le cadre de ses missions de réassurance face à la menace russe”, explique Le Figaro.
Comme le note Challenges, “la Roumanie se préoccupe de sa sécurité après que la Russie a massé des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne”. Dans le cadre de l’Otan, Bucarest pourrait ainsi “accueillir 600 Français accompagnés de renforts venus d’autres pays comme l’Allemagne, le Portugal ou du nord de l’Europe” [Le Figaro]. L’arrivée des soldats français n’est cependant “pas pour demain”, précise le quotidien, celle-ci étant notamment “conditionné[e] par la réorganisation de l’opération Barkhane au Sahel, qui libérera des marges de manœuvre pour l’armée”. Devant le Parlement roumain, M. Le Drian a tenu à “souligner l’unité de l’Union européenne” [Challenges].
En parallèle, le “ballet diplomatique” européen se poursuit : “Emmanuel Macron s’est entretenu successivement au téléphone avec son homologue polonais, Andrezdj Duda, russe, Vladimir Poutine (pour la troisième fois en deux semaines), et ukrainien, Volodymyr Zelensky (deuxième fois en dix jours)” [Les Echos]. Par ailleurs, “Olaf Scholz, pourrait aussi se rendre à Moscou et devrait bientôt recevoir à Berlin les présidents français et polonais”, ajoute le journal.
Enfin, “le président de la République se rendra lundi [7 février] à Moscou et mardi [8 février] à Kiev” [France info]. Deux entretiens qui se dérouleront “en coordination avec les partenaires européens”, a précisé l’Elysée, cité par le média.
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