“A la fois un partenaire, un concurrent et un rival systémique”. Dans les conclusions du Conseil européen ce vendredi 30 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept résument parfaitement la position ambivalente de l’Union européenne à l’égard de la Chine. Après des débats compliqués sur la migration la veille, les dirigeants des Etats membres ont toutefois eu moins de mal à s’entendre pour définir la nature de leur relation avec Pékin.
Trouver le bon équilibre
Dans le document final, l’expression “réduire les risques” résume la volonté des Européens. “L’Union européenne continuera de réduire ses dépendances et vulnérabilités, y compris dans ses chaînes d’approvisionnement, réduira les risques et se diversifiera si nécessaire et approprié”, peut-on ainsi y lire. La dépendance des chaînes d’approvisionnement européennes à l’égard de la Chine est une préoccupation des pays de l’UE depuis de nombreux mois, qu’il s’agisse des matières premières critiques, des batteries pour les véhicules électriques ou encore des semi-conducteurs.
L’Union européenne n’entend pas couper les ponts avec Pékin pour autant. “Nous voulons garder des lignes de communication ouvertes avec la Chine sur les questions pour lesquelles nous sommes d’accord”, a ainsi déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet.
Sur le plan diplomatique, les dirigeants européens appellent notamment Pékin “à faire pression sur la Russie pour qu’elle mette fin à sa guerre d’agression et retire immédiatement […] ses troupes d’Ukraine”. Tout en exprimant “leurs inquiétudes concernant les tensions grandissantes dans le détroit de Taïwan”. Concernant l’île, le Conseil européen “s’oppose à toute tentative unilatérale de modifier le statu quo par la force ou la coercition”.
La Pologne et la Hongrie font barrage sur l’immigration
La veille, les discussions ont été moins consensuelles en matière d’immigration. Les débats se sont poursuivis tard dans la nuit de jeudi à vendredi. Notamment en raison du refus du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki et de son homologue hongrois Viktor Orbán de signer les conclusions du sommet à propos du Pacte européen sur la migration et l’asile. Lors d’un vote des ministres de l’Intérieur le 8 juin dernier, Budapest et Varsovie avaient été mises en minorité sur ce texte, qui prévoit notamment un nouveau système de répartition des migrants entre Etats membres. Si la législation peut être adoptée à la majorité qualifiée, les deux dirigeants réclament un accord à l’unanimité.
Plus tôt lors du sommet, les chefs d’Etat et de gouvernement avaient échangé au sujet du dossier ukrainien. “L’Union européenne continuera de fournir un soutien financier, économique, humanitaire, militaire et diplomatique fort à l’Ukraine et à sa population aussi longtemps qu’il le faudra”, indiquent les conclusions. Parmi les points évoqués, les avoirs de personnalités russes gelés dans l’UE. Un consensus semble émerger parmi les dirigeants pour qu’ils servent à financer la reconstruction de l’Ukraine.