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Communauté politique européenne : 44 pays se réunissent à Prague autour d’une nouvelle structure de dialogue

Lancée lors de la présidence française de l’Union européenne, l’idée d’une Communauté politique européenne prend corps pour la première fois ce jeudi 6 octobre à Prague. Rassemblant les vingt-sept Etats de l’UE plus dix-sept autres pays de l’Europe géographique, ce projet suscite autant d’attentes que de craintes, selon la presse européenne.

Le gouvernement tchèque a invité 44 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Europe géographique à l'occasion de la première réunion de la Communauté politique européenne qui se tiendra au Château de Prague
Le gouvernement tchèque a invité 44 chefs d’Etat et de gouvernement à l’occasion de la première réunion de la Communauté politique européenne qui se tient au Château de Prague - Crédits : Conseil européen

44 pays contre les crises”, titre le Süddeutsche Zeitung. “C’est un projet de haut vol du président français [Emmanuel] Macron : à Prague, les Etats de l’UE et des pays comme la Grande-Bretagne et la Turquie échangent sur l’énergie, le climat et la guerre en Ukraine”, développe le quotidien allemand.

Quarante-quatre chefs d’Etat et de gouvernement représentant l’Europe, à l’exclusion de la Russie et de la Biélorussie, se réunissent ce jeudi 6 octobre à Prague à l’occasion du lancement de la Communauté politique européenne (CPE), une “nouvelle plateforme d’échange et de coopération”, explique Le Monde.

Coopération et unité

L’UE n’est pas la puissance invitante”, rappellent Les Echos. “Le format de la Communauté politique européenne n’est pas celui de sommets entre l’UE et les pays partenaires. Il s’agira d’une table absolument intergouvernementale, à laquelle tous les pays participeront sur un pied d’égalité et au même niveau”, a déclaré un haut fonctionnaire de l’UE dans des propos rapportés par La Stampa. Une “sorte de G44 entre Européens”, note Ouest-France.

La Communauté sera d’abord un cadre politique où tout le continent sera autour de la table pour discuter des questions-clés, y compris le Royaume-Uni qui n’est plus dans l’UE, la Turquie qui n’y sera sans doute jamais, la Géorgie ou les pays des Balkans qui vivent sur un volcan permanent”, a commenté Pierre Haski pour France inter.

En effet, l’exercice n’a rien d’une évidence. “Politiquement, c’est une sorte de champ de mines”, remarque La Stampa. D’autant que chaque protagoniste défendra ses propres intérêts. “L’Ukraine ne se contentera pas de rejoindre un forum de discussion. La Grande-Bretagne du Brexit tentera de le dominer. La Turquie, et son autocratie rampante, va attirer l’attention. Et les Balkans occidentaux sont déjà fatigués des promesses d’adhésion à l’UE”, résume Politico.

Lancée en réaction à l’invasion russe en Ukraine, la CPE est toutefois “une démonstration d’unité évidemment destinée à Vladimir Poutine” [Libération]. “Le simple fait de réunir les grandes personnalités européennes pour une photo de famille au coude à coude est, en soi, une victoire”, estime Politico.

Europe à géométrie variable

L’idée vient de loin. Jacques Delors parlait déjà d’Europe à géométrie variable dans les années 80. François Mitterrand avait échoué en lançant les “Assises de la confédération européenne” en 1991 pour intégrer “les pays fraîchement libérés du joug soviétique”, rappellent Les Echos. Ces derniers craignaient une manœuvre pour repousser leur entrée dans la Communauté économique européenne (CEE), l’ancêtre de l’UE. “Emmanuel Macron les a détrompés : son objectif est au contraire de leur permettre de participer à certains programmes de l’Union (échanges d’étudiants, de professeurs, de chercheurs) avant leur adhésion. Voire de participer à des Conseils des ministres de l’UE qui les concernent, par exemple dans le domaine de l’énergie”, poursuit le quotidien économique.

Concrètement, “des tables rondes ont donc été planifiées […] et de nombreuses rencontres bilatérales sont prévues [aujourd’hui], qui permettront aux uns et aux autres d’aborder les sujets qui leur tiennent à cœur”, explique Le Monde. “En cas de succès, l’organisation pourrait se réunir une ou deux fois par an”, indique Le Figaro.

La CPE pourrait être le cercle le plus large de cette géométrie variable, avec des solidarités et des coopérations sans contraintes”, explique Pierre Haski sur France inter. “Un autre cercle serait l’Union actuelle des 27 ; mais certains dirigeants imaginent déjà que, dans un avenir plus lointain, un groupe plus réduit de pays accepte des partages de souveraineté plus poussés”, indique le journaliste.

Enthousiasme et scepticisme

L’objectif n’est pas clair”, s’interroge pour sa part El Mundo. “Cette Communauté politique a été conçue comme une offre à mi-chemin pour rapprocher des voisins que nous ne voulons pas vraiment trop proches”, estime le quotidien espagnol. “Kiev, Chisinau et Tbilissi redoutent que la CPE n’ait vocation à se substituer à l’élargissement”, rapporte Le Monde. “Le danger est que, avec tant d’intérêts en jeu, [Emmanuel] Macron promette tout à tout le monde, sans que personne ne soit satisfait”, craint pour sa part Politico.

Alors qu’au départ l’initiative de la CPE a reçu “un accueil mitigé”, elle a fini par devenir “un moyen de consolider les liens entre l’UE et les pays qui veulent se protéger de la menace russe, en attendant qu’ils rejoignent la famille communautaire, mais elle peut aussi permettre de renouer des liens avec des alliés plus lointains”, commente Le Monde. Finalement, tous les invités ont répondu présent.

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