“L’UE hausse le ton face aux pratiques commerciales chinoises”, entament Les Echos. Après avoir visité Shanghai et Suzhou ce week-end, le commissaire européen Valdis Dombrovskis, en charge des questions économiques et commerciales, est à Pékin ce lundi 25 septembre “pour une étape très surveillée de son voyage de quatre jours à travers la Chine” [Politico].
Cité par Les Echos, le vice-président de l’exécutif européen a dénoncé un “environnement commercial plus politisé” en Chine. Selon Valdis Dombrovskis, s’exprimant devant les étudiants de l’université Tsinghua à Pékin, cela se traduit par “une moindre transparence, un accès inégal aux marchés publics, des discriminations sur les normes et exigences en matière de sécurité, ainsi que des exigences en matière de localisation et de transfert de données”.
Ce déplacement intervient alors que le “déficit commercial record de 396 milliards d’euros de l’UE avec la Chine a conduit Bruxelles à se rapprocher de la position plus dure des Etats-Unis, qui cherchent à freiner la croissance économique et militaire” de la Chine [Financial Times].
Bras de fer commercial ?
“Les pommes de discorde commerciales se sont multipliées entre Bruxelles et Pékin, ces derniers mois”, rapporte en effet Le Monde. Valdis Dombrovskis ne devrait pas manquer, par exemple, “d’évoquer les restrictions annoncées en juillet par la Chine sur ses exportations de gallium et de germanium : deux matériaux identifiés comme stratégiques par l’Union européenne” [L’Echo].
Jusqu’ici, “l’approche douce de Bruxelles dans ses négociations avec Pékin a échoué”, estime ainsi Politico.“Les entreprises européennes continuent de prendre du retard et les concurrents chinois s’emparent de leurs marchés”, résume le média.
“Ces dernières années, les Européens se sont dotés de multiples instruments qui visent officieusement la Chine”, rappelle Le Monde. Le journal du soir cite pêle-mêle “le règlement anticoercition pour aider l’UE à lutter contre le chantage économique” de pays tiers, ou encore “la taxe carbone aux frontières”, un instrument destiné à faire payer aux entreprises le coût écologique des marchandises qu’elles importent dans l’Union.
Les voitures électriques à la loupe
Mais “pour la Chine, l’enquête antisubventions sur les voitures électriques est le sujet numéro un”, concède un haut fonctionnaire européen dans les colonnes du Monde. A l’occasion de son discours sur l’état de l’Union le 13 septembre, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait en effet annoncé l’ouverture d’une enquête sur les aides accordées par Pékin à la production de véhicules électriques sur son sol. Si la Commission conclut que le secteur a bénéficié d’un soutien déloyal, “cela pourrait avoir comme conséquence une hausse des droits de douane sur leur importation en Europe” [Le Monde].
“On imagine mal que l’annonce de cette enquête, juste avant la visite de M. Dombrovskis, puisse être une coïncidence”, fait savoir L’Echo. Le journal belge parle de “coup de pression” venant de l’UE : “ça aide, parce que ça rallonge le bras de levier des Européens sur les discussions, et ça augmente l’intérêt de la partie chinoise à en parler”, poursuit le journal belge.
“Que se passera-t-il si le chef du commerce de l’UE n’obtient rien au cours de sa visite ?”, s’interroge toutefois Politico. Le média rapporte que “Bruxelles envisagerait de lancer une nouvelle enquête sur le secteur médical de la Chine, arguant que le marché public du pays était fermé”. Des fonctionnaires ont aussi déclaré auprès de Politico que le secteur ferroviaire pourrait également faire l’objet d’une enquête car, là-aussi, “les pays de l’UE ont été plus ouverts aux trains chinois que l’inverse”.
L’Allemagne réticente ?
Reste à convaincre les Etats membres du bien fondé d’éventuelles mesures concernant les importations chinoises. L’industrie allemande est “nerveuse” sur la question, selon Politico. Outre-Rhin, le ministre des Transports Volker Wissing (FDP, libéral) s’est opposé à des droits de douane sur les voitures électriques chinoises [Die Zeit]. “Par principe, je ne crois pas beaucoup à la mise en place de barrières de marché”, a-t-il déclaré.
“La première puissance européenne est résolument portée par l’automobile et s’est largement tournée vers la Chine pour vendre ses modèles”, rappelait en effet La Tribune la semaine dernière. “La filière est le premier secteur industriel dans le pays et sa part dans le PIB représente environ 13 %”.
Valdis Dombrovskis a toutefois rappelé que Bruxelles et Pékin avaient tout intérêt à s’entendre. “L’UE et la Chine ont toutes deux énormément bénéficié de leur ouverture au monde. C’est pourquoi je continuerai de défendre l’ouverture comme une stratégie gagnante sur le long terme” [Les Echos].
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1 commentaire
Il est grand temps.….si pas trop tard !!!
Comme avec la Russie - depuis 2008 - on ferme les yeux, les oreilles.…jusqu’à trop tard.