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Brexit : la question nord-irlandaise ressurgit et ravive les tensions entre Londres et Bruxelles

Les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne s’enveniment au sujet du statut spécifique de l’Irlande du Nord, qui continue de suivre certaines règles européennes depuis le Brexit. Londres menace de revenir unilatéralement sur le protocole nord-irlandais et Bruxelles avertit qu’une telle décision pourrait avoir de lourdes conséquences commerciales.

Mardi 10 mai, le Premier ministre britannique Boris Johnson a affirmé que le protocole nord-irlandais "n'était pas soutenable" - Crédits : Number 10 / Flickr CC BY-NC-ND 2.0
Mardi 10 mai, le Premier ministre britannique Boris Johnson a affirmé que le protocole nord-irlandais “n’était pas soutenable” - Crédits : Number 10 / Flickr CC BY-NC-ND 2.0

Reléguée au second plan lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la question du statut douanier de l’Irlande du Nord a ressurgi à l’occasion de la victoire du Sinn Féin”, introduisent Les Echos. En effet, “le renouvellement de l’Assemblée locale en Irlande du Nord a relancé les discussions sur les arrangements post-Brexit, avec la victoire [jeudi 5 mai] des républicains du Sinn Féin, favorables à une réunification avec la République d’Irlande”, explique Ouest-France.

Dans ce contexte, le Premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré que “les contrôles post-Brexit entre [cette province] et la Grande-Bretagne sont intenables”, estimant qu’ils menacent la stabilité de l’Irlande du Nord, poursuit BFM TV.

Le gouvernement de Boris Johnson en collision avec l’UE

Pour le Financial Times, le gouvernement britannique se trouve actuellement sur “une trajectoire de collision avec l’UE après avoir signalé son intention d’annoncer la semaine prochaine des plans visant à rompre les accords commerciaux post-Brexit pour l’Irlande du Nord”. Comme le rapporte Politico, “la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a annoncé […] que le gouvernement rejetait les propositions de l’UE visant à résoudre les problèmes liés au protocole, qui selon elle, a perturbé les échanges commerciaux et provoqué des troubles politiques” en Irlande du Nord.

De son côté, “Boris Johnson, qui s’est entretenu ce mardi avec son homologue irlandais Micheál Martin, a évoqué une situation ‘très grave’, arguant que ‘le protocole dans sa forme actuelle n’était pas soutenable’ “, font savoir Les Echos. Aussi, The Times indique que les ministres britanniques “s’apprêtent à prendre des mesures unilatérales pour passer outre certaines parties de l’accord de Brexit en Irlande du Nord ‘dans les semaines à venir’, affirmant qu’il est crucial de rétablir le partage du pouvoir dans la province”.

Dès la semaine prochaine, “la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss envisage d’agir”, précise Ouest-France, en “suspendant notamment l’obligation de contrôle des biens venus de Grande-Bretagne et destinés à être consommés dans la province” nord-irlandaise. Micheál Martin, le Premier ministre de la République d’Irlande, a pour sa part assuré à l’issue de l’entretien avec son homologue britannique qu’il avait souligné le besoin d’ ”intensifier les pourparlers entre l’UE et le Royaume-Uni, et d’éviter toute action unilatérale” [BFM TV].

Un risque de guerre commerciale

En réaction, l’Union européenne a signifié “qu’elle ne ferait pas marche arrière et ne renégocierait pas le protocole”, et que si le Royaume-Uni venait à supprimer unilatéralement certaines parties de l’accord, “cela reviendrait à [le] renier […] et constituerait une violation des obligations de Londres”, détaille Politico.

Depuis le Brexit, “Londres reproche à Bruxelles son intransigeance et considère que les contrôles introduits sont disproportionnés”, notent Les Echos. Mais de son côté, l’UE estime que ses dernières propositions d’assouplissement du protocole nord-irlandais faites en octobre, vont déjà très loin”, ajoute le quotidien économique [Les Echos]. Désormais, “les deux parties sont au point de décider si elles doivent se lancer dans une guerre commerciale qui ruinerait la fragile embellie dans leurs relations depuis la guerre en Ukraine” [Les Echos].

Sur le continent européen, plusieurs chefs de gouvernement n’ont pas tardé à réagir aux déclarations de l’exécutif britannique. A Berlin, le chancelier Olaf Scholz a affirmé “que toute action unilatérale visant à dénouer le protocole aurait un effet au-delà des relations entre l’UE et le Royaume-Uni” : “personne ne devrait unilatéralement annuler, briser ou attaquer de quelque manière que ce soit l’accord que nous avons conclu ensemble”, a-t-il prévenu au cours d’une conférence de presse commune avec son homologue belge, Alexander De Croo [Financial Times]. Celui-ci a “réitéré les avertissements de l’UE selon lesquels une action unilatérale du Royaume-Uni pourrait finalement conduire à une guerre commerciale entre Londres et Bruxelles”, relate le journal britannique.

En Irlande du Nord, la situation actuelle fait planer un risque de paralysie politique. Les unionistes du DUP refusent effectivement “de former un gouvernement avec le Sinn Féin, tant que ce protocole introduisant des contrôles entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord n’est pas supprimé”, expliquent Les Echos. “Consciente des problèmes concernant la mise en place du protocole en Irlande du Nord”, la Commission européenne dit souhaiter “travailler à ce sujet avec le Royaume-Uni pour trouver des solutions conjointes”, cite Ouest-France.

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