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Boris Johnson s’en va : quel bilan pour l’artisan du Brexit ?

En pleine crise économique, sociale et politique, le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé sa démission jeudi 7 juillet. Après une série de scandales, l’une des icônes du Brexit a chuté. Retour sur les conséquences de ses trois années de mandat, marquées par la rupture avec l’Union européenne.

Au Royaume-Uni, les difficultés économiques ont été aggravées par le Brexit, dont Boris Johnson a été un acteur de premier plan - Crédits : Kyle Heller / Flickr Number 10 CC BY-NC-ND 2.0

Porté au pouvoir sur de grands espoirs après la période chaotique qui avait suivi le référendum de 2016, Boris Johnson va quitter son poste de Premier ministre avec un bilan mitigé, marqué toutefois par le traité de sortie de l’Union européenne”, débute La Tribune.

La série de scandales touchant Boris Johnson a précipité sa chute”, lit-on dans L’Express, notamment celui du “Partygate”, des fêtes au 10 Downing Street durant le confinement. L’homme du Brexitlaisse derrière lui une économie sinistrée. Inflation galopante, croissance en berne, exportations vers l’UE ralenties : dix-huit mois après la sortie de l’Union, nombreux sont les indicateurs à avoir viré à l’écarlate”, pointe Libération.

D’après Le Figaro, “le Royaume-Uni souffre des mêmes problèmes que les économies comparables : inflation, ralentissement de l’activité lié à la guerre en Ukraine, pénuries de produits et de main-d’œuvre. Mais ceux-ci sont exacerbés par la rupture radicale avec l’Union européenne”.  

Un Brexit au coût douloureux

La nourriture sera moins chère. L’énergie et les carburants seront moins chers. Les impôts seront moins élevés”, promettaient les conservateurs Douglas Carswell et Daniel Hannan en 2016 pour convaincre la population de voter en faveur d’une sortie de l’UE [Libération]. “Raté”, un an et demi après le divorce entre Londres et Bruxelles, “le Royaume-Uni est confronté à un taux d’inflation de 9,1 %, le plus important qu’il ait connu depuis quarante ans”, devenant “ainsi le pays du G7 où la récente hausse des prix est la plus [forte]”, ajoute le quotidien.

Un Brexit au coût douloureux”, commente 20 Minutes. Selon BFM TV, il “a entraîné une perte de PIB de l’ordre de 5 %” au Royaume-Uni. 

A l’automne 2021, le manque de 100 000 chauffeurs de camions, après le départ des routiers venus d’Europe de l’Est, a provoqué des pénuries inédites de produits dans les rayons alimentaires et d’essence [dans les] stations-service… finalement ravitaillées par l’armée”, rappelle La Tribune. Et les difficultés perdurent, poursuit le journal : “les pénuries alimentaires restent à l’ordre du jour, le gouverneur de la Banque d’Angleterre qualifie la situation dans les supermarchés d’apocalyptique”.

L’Office for Budget Responsibility (OBR), organisme de prévision économique du gouvernement britannique, estime à 4 % le manque à gagner pour le PIB du pays, par rapport à ce qu’il aurait été en restant membre de l’Union européenne. Soit plus de 100 milliards d’euros par an. Cela se manifeste concrètement par un recul de 13,7 % des investissements et une chute de 15 % des échanges de marchandises”, souligne Le Figaro.

Pour Libération, “sur les questions économiques, le Brexit a mis tout le monde d’accord contre lui”. “Qu’ils soutiennent ou non la sortie de l’UE, selon les derniers sondages, les Britanniques sont très majoritaires à considérer qu’il a eu des conséquences néfastes sur le coût de la vie, les salaires et la capacité des entreprises britanniques à exporter” [Libération]. Au même moment, “les revendications salariales et les conflits sociaux se multiplient” dans le pays, fait savoir Le Figaro. M. Johnson “n’avait-il pas promis à ses compatriotes une ‘économie à hauts salaires’ ?”, demande le quotidien.

Des difficultés multiples

Au sujet des pénuries de main-d’œuvre, la directrice de la recherche économique chez Allianz Trade Ana Boata explique toutefois que celles-ci “sont aussi bien provoquées par le Covid-19 que par le Brexit. […] Le cycle de pénuries s’était amorcé dès 2019 en raison des facteurs démographiques”, mais la pandémie et la sortie de l’UE sont venus les aggraver [L’Express]…

A cela s’ajoutent les conséquences de la guerre en Ukraine, selon la cheffe économiste au Bureau d’informations et de prévisions économiques Anne-Sophie Alsif : “certes, le Royaume-Uni est bien moins dépendant de l’énergie russe que l’Union européenne par exemple, mais l’impact de la guerre sur les marchés mondiaux, notamment sur le prix du gaz, met à mal le pays” [20 Minutes]. Selon l’Agence internationale de l’énergie, “en 2020, les Britanniques étaient la neuvième nation la plus importatrice de gaz naturel et la cinquième en importation d’électricité”, précise le média.

Pour ne rien arranger, Boris Johnson a rouvert le casse-tête du statut spécifique de l’Irlande du Nord”, ajoute 20 Minutes. “S’il a évité le rétablissement de la frontière dure entre les deux Irlande, son choix de déporter la frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, qui est aussi une frontière UE-Royaume-Uni en mer du Nord, ne satisfait pas les unionistes”, des Nord-Irlandais en faveur du maintien de leur nation au sein du Royaume-Uni [La Tribune]. Le gouvernement de M. Johnson “a donc choisi de remettre en cause unilatéralement le protocole nord-irlandais [de l’ accord] sur le Brexit, et de ne plus appliquer les contrôles” douaniers, indique Le Figaro. La Commission européenne a initié “une procédure juridique et pourrait même déclencher des représailles commerciales, ce dont elle s’est gardée pour l’instant” [Le Figaro].

Enfin, autre risque pour le pays : “celui d’une sortie de l’Ecosse qui réclame son indépendance par la voix de sa Première ministre Nicola Sturgeon, insatisfaite que le Brexit boute l’Ecosse hors de l’Union européenne”, observe La Tribune. “Dans la continuité des gouvernements britanniques depuis 10 ans, Boris Johnson n’a tendu aucune main à Edimbourg à qui il aurait pu accorder une autonomie sur certains dossiers, comme sur les lois fiscales”, estime Aurélien Antoine, président de l’Observatoire du Brexit, interrogé par La Tribune.

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2 commentaires

  • Avatar privé
    Cardin patrick

    Pas assez d information sur la déconfiture brexitienne , défendons notre Europe bon sang !!!! Prévoyons les attaques futures contre elle !!!!!! Oui , des reportages sur la gestion Brexit , sur , aussi la vie quotidienne des anglais !!!!! Faisons parler les victimes et les mécontents. Gouverner l Europe c est utiliser tous les médias contre la tentation Brexit au futur !!!!!!!!! Informer , surtout la base , les petits !!!!!!!!!! Respecter .

    • Avatar privé
      Eliopatchikov

      …d’accord sur le fond ! Malheureusement, même si c’est trés important
      , défendre l’Europe n’est pas vendeur.… …les turpitudes sexuelles des uns ou des autres, beaucoup plus ! …les scènes de pugilat à l’assemblée nationale, beaucoup plus ! La taille des grêlons, beaucoup plus !