Cette fois, ce n’est pas Vladimir Poutine qui était accueilli par Emmanuel Macron au château de Versailles. Le président français avait en effet reçu son homologue russe dans la prestigieuse résidence royale peu après son élection, en mai 2017. S’il avait souhaité lancer, à l’époque, une relation privilégiée avec Moscou, force est de constater que le dialogue avec le Kremlin est aujourd’hui pour le moins dégradé.
Ce sont bien les chefs d’Etat et de gouvernement européens qui étaient donc réunis pour un Conseil européen exceptionnel ces 10 et 11 mars, sous l’égide de la France qui assure la présidence du Conseil de l’Union européenne. Emmanuel Macron y a défendu la “souveraineté européenne” comme un “impératif” pour le Vieux Continent.
Le soutien à l’Ukraine, la sanction à la Russie
“Il y a deux semaines, la Russie a ramené la guerre en Europe”, ont déploré les Vingt-Sept à l’issue de la première journée du sommet. Après avoir dénoncé les “crimes” de Moscou et de “sa complice” biélorusse, ils ont salué “le courage dont fait preuve le peuple ukrainien en défendant son pays”.
Ce vendredi, de nouvelles sanctions ont été décidées afin “d’isoler encore plus la Russie de l’économie mondiale”, selon les mots de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, également présente à Versailles. “Si Vladimir Poutine intensifie les bombardements et qu’il assiège Kiev, rien n’est tabou : nous ferons tout ce qui sera efficace”, a abondé Emmanuel Macron.
La “déclaration de Versailles” adoptée par les dirigeants européens à l’occasion de cette rencontre marque leur volonté de “renforcer encore” les liens et “d’approfondir” le partenariat avec Kiev, mais ne répond pas à la demande de Volodymyr Zelensky de bénéficier d’une procédure accélérée d’adhésion à l’Union européenne. Un tel processus n’existe d’ailleurs pas, les discussions d’intégration durant plusieurs années.
“Souveraineté” européenne
Les Européens comptent désormais réduire leurs dépendances, a fortiori vis-à-vis de la Russie, dans toute une série de domaines. Au point que le terme de “souveraineté européenne” apparaisse – certes une seule fois – dans la déclaration finale du sommet.
Les Vingt-Sept se sont notamment mis d’accord pour augmenter “substantiellement les dépenses de défense”. Le jour de l’invasion russe en Ukraine “nous nous sommes réveillés dans une Europe différente”, a estimé Charles Michel. De quoi justifier des investissements dans les capacités militaires des Etats membres. Un certain consensus semble s’être dégagé, même pour des pays attachés à leur neutralité comme la Suède.
L’UE ne souhaite pas pour autant avancer en ordre dispersé. “Pour éviter la fragmentation, il nous faut une approche coordonnée”, considère la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. “C’est le travail que nous mènerons dans les prochaines semaines”, a assuré la cheffe de l’exécutif, mentionnant au passage l’importance de l’Otan.
Dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix, l’Union européenne fournira aussi des armes et du matériel supplémentaires à l’Ukraine, avec un nouvelle enveloppe de 500 millions d’euros en plus de celle annoncée quelques jours plus tôt de 450 millions.
Autre sujet majeur : l’énergie. Ursula von der Leyen a rappelé que la Commission avait présenté mercredi “REPowerEU”, une initiative pour que l’UE ne soit plus dépendante des importations depuis la Russie en la matière. Elle propose de diversifier les approvisionnements et fait le pari des énergies renouvelables. D’ici avril, l’exécutif entend aussi présenter une proposition législative rendant obligatoire le remplissage des réservoirs de gaz à au moins 90 % de leur capacité avant l’hiver chaque année.
Une date plus précise a été dévoilée pour endiguer cette dépendance à Moscou : 2027. Un véritable défi, car l’Union européenne dépend aujourd’hui de la Russie pour un quart de ses besoins énergétiques, en particulier en gaz et en pétrole. De nouvelles initiatives concernant la hausse des prix de l’énergie doivent être lancées dans les prochaines semaines.
Enfin, la pandémie de Covid-19 avait déjà montré qu’une rupture des chaînes d’approvisionnement mondiales pourrait priver l’Union européenne de l’accès à de nombreux produits essentiels, tels que des médicaments ou des masques. Aujourd’hui, la guerre en Ukraine fait craindre des problèmes dans un secteur en particulier. D’ici à l’an prochain, l’Europe et l’Afrique “seront très profondément déstabilisées sur le plan alimentaire” a prévenu Emmanuel Macron. Le Conseil a demandé à la Commission de proposer des options afin d’aborder la question de la sécurité alimentaire mondiale.
Les investissements nécessaires
Autant de secteurs – défense, énergie, agriculture mais aussi numérique… – qui nécessiteront de nombreux investissements. Emmanuel Macron a souligné sa volonté de “coordonner les investissements et financer cela en Européens”, sans pour autant évoquer directement l’idée d’un nouveau plan d’endettement commun pour soutenir les Etats membres. Un tel plan de relance avait été adopté en juillet 2020 pour faire face aux conséquences économiques de la crise liée au Covid-19. D’aucuns considèrent aujourd’hui que cette idée est prématurée.
Selon les dirigeants, il s’agit pour l’instant d’identifier non seulement les forces et les atouts de l’Union européenne dans les domaines concernés, mais également de mieux connaître ses faiblesses. Une fois ces besoins déterminés, viendra ensuite le temps des “instruments” pour engager ces investissements, comme l’a expliqué le locataire de l’Elysée. Et d’affirmer que les dépenses devront être publiques comme privées.
1 commentaire
Que ce soit en matière de Défense, Energie, Agriculture ou Numérique les actions possibles se résument à INVESTIR.
Donc si les Européens veulent être le plus indépendant possible ils faudrait commencer par appliquer la fameuse formule des 80% - 20% c’est à dire que chaque pays se donne pour règle d’exécuter ses investissements en privilégient des fournisseurs européens à 80% et ne laisser que 20% hors Europe.
La force de frappe serait immédiatement décuplée !!!