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Alexandre Mirlesse : “L’identité européenne repose sur la contradiction”

C’est au cours d’un périple d’un an à travers le continent européen qu’Alexandre Mirlesse a écrit son premier ouvrage, En attendant l’Europe. Alternant entretiens avec des intellectuels de tous pays et réflexions de l’auteur, ce petit livre apporte un peu d’air frais aux débats européens. Relations Est-Ouest, culture et politique, identités européennes ou encore importance du café comme lieu d’échange sont quelques unes des questions soulevées par Alexandre Mirlesse… comme en témoigne notre entretien.

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Touteleurope.fr : En attendant l’Europe est le fruit d’un voyage d’un an à travers le continent européen. Comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre ?


Alexandre Mirlesse est né à Genève et vit à Paris. Reçu à l’école normale supérieure de la rue d’Ulm en 2005, il y étudie la littérature comparée et l’histoire européenne. A l’été 2006, il rejoint Notre Europe, le groupe de recherche dirigé par Jacques Delors, puis part pour un voyage d’un an à travers l’Europe. C’est au cours de ce périple qu’il mène une série d’entretiens sur l’identité européenne ; l’un d’entre eux, avec le philosophe roumain Andrei Plesu, a fait l’objet d’une chronique de T. Ferenczi dans Le Monde du 17 août 2007. En attendant l’Europe est son premier livre.

En savoir plus sur le projet “identité européenne” de Notre Europe
Alexandre Mirlesse : Il y a je crois trois raisons. D’une part, je viens moi-même d’une famille assez européenne, mes quatre grands-parents sont de différentes nationalités : russe, américaine, italienne et française. J’ai eu la chance d’apprendre plusieurs langues dans mon enfance, ce qui m’a donné envie de découvrir d’autres cultures que la culture française dans laquelle j’ai été formé.

Cette “quête de racines personnelles” s’est doublée d’une quête intellectuelle sur l’identité européenne, lorsque je suis entré en 2006 comme stagiaire au cabinet d’études Notre Europe. Après le rejet de la constitution européenne, nous avons eu l’idée d’interroger régulièrement des personnes dont la vocation était européenne, mais qui ne participaient pas au débat : écrivains, éditeurs, artistes, politiques, ou encore cuisiniers…

Enfin, il y a évidemment l’envie de voyager en Europe, continent passionnant dans lequel on peut circuler librement, et qui présente d’immenses contrastes, en termes de culture, de richesse… Cela méritait de faire ce qu’on appelait au XVIIIe siècle un “Grand tour” : prendre un an de ma vie pour aller de ville en ville rencontrer ces personnes que j’avais choisies et, comme disaient les fédéralistes, étudier l’Europe “à hauteur d’homme” .


Touteleurope.fr : Comment avez-vous établi le choix des personnes interviewées dans votre livre ?

A.M. : La méthode était au début un peu empirique ! J’ai cherché des personnes dont la biographie me semblait “européenne” , par exemple le Serbe Bogdan Bogdanovic. La Serbie n’est pas dans l’Union européenne, d’où l’intérêt d’étudier le rapport des Serbes avec l’Europe, entre intégration et rejet (après les évènements en Yougoslavie). En tant qu’architecte officiel de la Yougoslavie sous Tito, Bogdan Bogdanovic a construit des monuments aux victimes des six peuples yougoslaves qui se sont battus entre eux pendant la Seconde Guerre Mondiale, tentant de les réconcilier dans une mémoire commune.

Or, ces questions « yougoslaves » se retrouvent à l’échelle de l’Europe ; y a-t-il une mémoire commune européenne ? Peut-on réconcilier des peuples qui se considèrent comme des « ennemis héréditaires » ? Et l’œuvre de Bogdan Bogdanovic, en un sens, apporte une réponse. Voilà donc quelqu’un qui n’est pas connu en France mais qui a autant de choses à dire sur l’Europe qu’un fonctionnaire de Bruxelles !


Touteleurope.fr : Les intellectuels que vous avez rencontrés sont en effet peu connus en Europe de l’Ouest…

A.M. : Et pourtant ils le méritent ! Les barrières de langue limitent leur renommée, mais la plus grande joie que j’ai eue en publiant ce livre est que, pour la moitié des personnes interrogées (Adam Globus, Bogdan Bogdanovic, Ilmar Raag, Nilüfer Göle…), notre entretien était le premier texte en langue française où l’on découvrait leur vision de l’Europe. C’est justement cette nouveauté que j’ai été chercher !

Le débat européen, même s’il peut parfois s’animer (notamment en période d’élections), est dominé par un petit nombre d’experts qui possèdent leur sujet et leur spécialité (économie, droit…). Il manque peut-être des visions plus enracinées dans l’expérience, plus “incarnées” . Aller voir des gens qui ont vécu l’Europe dans leur chair (de façon positive ou négative d’ailleurs) et faire connaître leur opinion au-delà de leur espace public national, c’était ma méthode, adaptée à mes modestes moyens d’action, pour nourrir le débat européen de points de vue décalés, personnels, stimulants, et le rendre plus vif de cette façon là.


Touteleurope.fr : La question de “l’identité européenne” est omniprésente dans votre série d’entretiens. Ce voyage vous a-t-il permis de mieux définir cette identité ?

Les personnes interrogées dans le livre sont :
Martine AUBRY (maire de Lille & Premier secrétaire du Parti socialiste),
Lluis PASQUAL (metteur en scène catalan, fondateur de l’Odéon -Théâtre de l’Europe),
Ken LOACH (réalisateur britannique),
Adam GLOBUS (poète biélorusse),
Père Pierre RICHES (théologien catholique),
Andreï PLESU (philosophe & ancien ministre des Affaires étrangères roumain),
Bogdan BOGDANOVIC (architecte serbe & ancien maire de Belgrade),
Adolf MUSCHG (essayiste suisse, président honoraire de l’Académie des Beaux-Arts de Berlin),
Ilmar RAAG (réalisateur & ancien directeur de la télévision estonienne),
Claudio MAGRIS (écrivain et germaniste italien),
Nilüfer GOLE (anthropologue turque),
Jacques DELORS (ancien président de la commission européenne).
A.M.: Ce n’est pas moi qui réponds à cette question, mais les douze personnalités que j’ai interrogées ! Oui, je pense que ce livre apporte une réponse, mais c’est une réponse négative : parti avec l’idée de trouver une identité européenne, un socle de valeurs communes, un “substrat” culturel, je suis revenu avec la conviction que l’identité est une sorte de fiction intellectuelle.

Parler de l’identité d’une personne, ça c’est possible : d’où je viens, mes convictions, ce qui définit ma personnalité… et l’on peut aussi parler de « l’identité européenne » d’une personne, selon qu’elle se sente, ou non, européenne. En revanche, faire de l’identité un bloc de « valeurs » gravées dans le marbre me semble assez périlleux, tant l’L’Europe porte dans sa culture de principes contradictoires.

Dans le sixième entretien d’En attendant l’Europe, le philosophe roumain Andrei Plesu affirme que sur le débat de l’identité européenne, “le moment est venu de faire une pause” . Il décrit aussi cette idée comme “le rococo du discours politique” : on en parle de façon ornementale à la fin de grands discours, sans vraiment savoir de quoi il s’agit ! Et il est vrai que, comme le remarque Claudio Magris dans mon livre, l’identité européenne est pour nous ce que le temps était pour Saint-Augustin : nous croyons bien savoir de quoi il s’agit, mais il suffit qu’on nous pose la question, et nous ne le savons plus…

Tandis que dans les pays où cette identité est menacée, où rendue incertaine par la situation politique (Biélorussie, Serbie…), les gens s’identifient plus facilement à des valeurs, et nous apprennent davantage. C’est sans doute ce qui fait dire à l’anthropologue turque Nilüfer Göle que “la notion d’identité n’est légitime que dans le cas des identités bafouées : Kurdes, Bretons, ou féministes. Mais (…) l’identité européenne, c’est un aveu de faiblesse qui révèle l’incapacité des Européens à se penser comme divers” .

Je suis donc revenu de mon voyage avec une nouvelle question : “De quoi l’identité européenne est-elle le nom?” . D’où vient que l’Europe, et singulièrement la France, en viennent à se crisper sur des valeurs dont on ne sait plus très bien ce qu’elles signifient ?


Touteleurope.fr : Et sur cette nouvelle question, avez-vous des éléments de réponse ?

A.M.: La montée des angoisses identitaires, c’est exactement ce qu’exprime Nilüfer Göle dans cet entretien : elle trahit un certain inconfort, une certaine absence d’assurance… que l’on retrouve dans beaucoup de mes entretiens, qui expriment souvent un sentiment de menace sur l’Europe, de décadence. Ce qui se dégage de ce livre est plutôt pessimiste : Pierre Riches et Bogdan Bogdanovic, par exemple, déclarent que le temps de l’Europe est fini, que son ambition doit être d’imiter l’Empire romain et d’organiser son agonie.

Sans être aussi pessimiste, on peut se rappeler les paroles de Jacques Delors qui, au moment de son entrée en fonctions à la Commission européenne, affirmait que l’Europe était dans l’alternative de la survie ou du déclin. Effectivement, l’Europe ne peut plus être aussi conquérante qu’avant, sa place se réduit dans le monde par l’expansion d’autres puissances, mais elle peut organiser sa survie et refuser de se laisser aller au déclin et au repli identitaire.

Comme le montre la confrontation entre Andrei Plesu (l’Est peut apporter à l’Ouest un peu de mélancolie et de “silence analytique”) et Claudio Magris (“La mélancolie n’est pas un programme politique pour l’Europe”), ce livre est aussi une réflexion sur la façon d’agir en politique européenne. Il faut certes avoir conscience du “déclin” de l’Europe, mais aussi réussir à métaboliser ce sentiment de nostalgie pour construire une politique “de survie” .

C’est pour cette raison que j’ai souhaité faire dialoguer des intellectuels et des politiques dans ces pages. En effet, l’intellectuel « mélancolique » sait, comme le rappelle le philosphe tchèque Jan Patocka, que le problème de l’Histoire est insoluble. Par ses critiques, il peut communiquer le « virus de l’incertitude » et inspirer une certaine modestie au responsable politique qui croit que son action peut tout transformer. Réciproquement, le responsable politique peut aider l’intellectuel à garder le sens des réalités, en lui posant sans cesse la question du « comment faire ? ». Le problème, c’est qu’ils ne se parlent pas assez.


Touteleurope.fr : Le projet politique européen ne manque-t-il pas d’une dimension culturelle ?

A.M.: Sans doute, mais ce n’est pas la faute de l’UE. Pour moi, l’administration européenne ne doit pas jouer un rôle prépondérant en matière culturelle. La culture appartient aux artistes, aux écrivains, aux créateurs. Comme je le dis dans le livre, je suis assez choqué de la circulation dans les milieux européens d’une fausse phrase de Jean Monnet : “Si c’était à refaire, je commencerais par la culture” . Or cette phrase est étonnamment reprise par certains artistes, qui exhortent les pouvoirs publics européens à « solliciter les artistes » (à les subventionner, comprendraient les cyniques) pour en faire des « avocats de la cause européenne ».

Il faut être très vigilant devant cette collusion du politique et du culturel. Si Jean Monnet a commencé par le charbon et l’acier, c’est certes parce qu’il y avait en soutien un mouvement culturel, mais qui était porté de façon autonome par les intellectuels (avec par exemple, les rencontres internationales de Genève ou de la Haye). Mais c’est aussi parce que le monde de la culture était trop divisé, à l’époque de la guerre froide, pour s’allier autour de l’idée d’une Europe unie.

On passe très vite de la politique culturelle à une politique d’encouragement à un art “pro-européen” . Je crois que l’Europe a une mission magnifique en matière culturelle : ouvrir les frontières, encourager le plus d’échanges possibles, permettre à des artistes de se rencontrer, aux livres de circuler et d’être traduits. Ca c’est essentiel. En revanche, devant l’idée que l’Europe se mette à financer des programmes culturels d’envergure, avec un objectif subsidiaire qui serait d’éduquer les gens et de leur donner une conscience européenne, je me méfie. Parce que lorsque la culture se met au service de causes politiques, fussent-elles les plus nobles… je sors mon revolver !


Touteleurope.fr : Plusieurs intellectuels de votre livre font référence à différentes “Europe” : l’Europe méditerranéenne « où l’on se parle dans la rue » décrite par Lluis Pasqual, L’Europe du Nord qui serait “ennuyeuse” , l’Europe de l’Est marquée par l’orthodoxie et le communisme… cela ne forme-t-il pas des identités bien distinctes ?

A.M. : Les identités sont multiples : nous avons une identité personnelle, locale, nationale, européenne… mais il existe aussi un niveau qui est entre le national et l’européen. Entre le continent européen et la nation, cadre parfois trop étroit, il y a cette idée magnifique de « région européenne » : la Baltique, la Méditerranée… Ces régions nous permettent de nous identifier à un ensemble qui dépasse la nation, mais qui reste a taille suffisamment humaine et suffisamment proche pour qu’on ne s’y sente pas “dilué” .

Je crois que la construction européenne permet justement à ces régions de s’organiser. Il suffit de voir l’intensité des échanges économiques en Mer Baltique, qui rapproche d’anciennes républiques soviétiques de la culture scandinave pour recréer la très vieille géographie de la ligue hanséatique. L’un des effets les plus intéressants de la coopération européenne est ainsi de réactiver ces anciennes aires de connivence culturelle. Même si parallèlement l’ouverture des frontières et la libéralisation des échanges menacent aussi ces particularismes.

Il ne faut pas cependant fixer de façon trop nette la géographie de cette « Europe des grandes régions ». Bien souvent, sa cartographie est sous-tendues par des présupposés idéologiques. Un exemple : en 2005, la présidence allemande de l’Union européenne avait présenté une carte des grandes aires culturelles européennes, qui avait provoqué un petit scandale en Allemagne. On y voyait notamment une “MittelEuropa” qui regroupait tous les territoires ayant été un jour sous influence allemande, de l’Estonie à l’Alsace-Lorraine ! Certains Allemands de gauche n’ont d’ailleurs pas manqué l’occasion de comparer cette carte avec celle du IIIe Reich à l’apogée de son expansion. Sans aller jusque là, il faut reconnaître que c’était une vision très allemande de l’Europe. Si vous demandez à un Catalan de vous décrire son Europe, il en aura une vision très différente…

Sans radicaliser ces divisions géographiques, il faut cependant être conscient du fait qu’elles nous permettent de sortir du cadre national sans pour autant nous dissoudre dans une immense Europe où nous ne nous retrouvons plus vraiment.


Touteleurope.fr : Le titre du livre, En attendant l’Europe, signifie-t-il que l’Europe reste un projet toujours inachevé ?

A.M. : J’en suis convaincu. C’est un double titre : personnel et programmatique.

J’ai écrit ce livre “en attendant l’Europe” , dans des lieux d’attente : des gares, des cafés. Pour moi l’attente et une certaine lenteur sont indispensables à la réflexion. On ne peut pas réfléchir à l’idée d’Europe lorsqu’on est dans l’action et la politique à courte vue. Il faut forcément s’abstraire de ses devoirs immédiats.

Je crois aussi que l’Europe « se fait attendre » et ne satisfait pas toutes nos attentes. L’Europe a récemment subi plusieurs désaveux non pas parce que les gens s’en lassent, mais parce qu’ils en attendent énormément. On attend qu’elle règle tous les problèmes, en particulier à cause de l’attitude de certains politiciens qui imputent à Bruxelles leurs propres échecs. Ces attentes de l’Europe, j’ai cherché à les exprimer dans ce livre à travers la voix des intellectuels.

Si l’Europe de l’Est est prédominante dans ce livre, c’est aussi parce que c’est la partie où l’on attend le plus de l’Europe, où l’espoir a été partiellement déçu mais où l’on compte sur l’Europe. C’est aussi pour cela que je me suis intéressé aux pays de marge comme la Biélorussie. J’ai cherché à rencontrer des personnes qui n’avaient pas renoncé à espérer quelque chose de l’Europe, bien que cela ne les empêche pas d’être critiques voire eurosceptiques.


Touteleurope.fr : Dans votre livre, Adam Globus parle d’une géopoétique de l’Europe : peut-on définir à travers cette notion un socle commun de la culture européenne ?

A.M. : Pour définir sa “géopoétique” , Adam Globus a tracé une carte imaginaire : celle de ses propres voyages en Europe, et des rencontres qu’il y a faites. Et comme lui, je crois que c’est d’abord à chacun de nous de construire sa « géopoétique » personnelle en voyageant, en vivant ses propres expériences, en réfléchissant ou en écrivant sur l’Europe. Le socle de culture commune est présent, mais ce n’est pas une culture en soi “européenne” , plutôt le meilleur de la culture de chacune des nations européennes : Chateaubriand, Mickiewicz, Cervantès les grands romans épiques serbes, le théâtre élizabéthain… dont les auteurs, comme Homère ou Ovide, n’avaient pas à proprement parler conscience d’écrire une œuvre « européenne » !

Même si le socle culturel européen existe, les gens doivent se l’approprier : il ne sert à rien d’avoir des cathédrales si les gens passent devant et ne ressentent aucune émotion, ou de parler de l’Etat de droit et de la société civile si les citoyens n’en mesurent pas la valeur. Et c’est justement le rôle des intellectuels, comme ceux que j’ai cherché à interroger, que d’illustrer par leur œuvre et leur discours la valeur de ces choses, mais aussi de les mettre en question, d’inciter les gens à les découvrir par eux-mêmes et se construire leur propre carte mentale, leur propre géopoétique de l’Europe.


Touteleurope.fr : Dans Une certaine idée d’Europe, George Steiner prend les cafés comme repères de l’identité européenne. Ceux-ci sont-ils toujours des lieux d’échanges d’idées, à l’Ouest comme à l’Est ? Quelle place a pris Internet dans ce débat intellectuel ?

A.M. : Si George Steiner devait réécrire son texte aujourd’hui, il ajouterait une petite note sur les cafés Internet ! Pendant mon année de voyage, j’ai été chaque jour dans des cafés Internet, où vont les migrants, les jeunes, et dont le réseau dessine une autre géographie de l’Europe (qui recoupe, par exemple, celle de Western Union). En Moldavie, pays durement touché par le chômage, les jeunes désoeuvrés se retrouvent entre jeunes au chômage dans le café internet, où pour 50 centimes de l’heure on peut discuter avec d’autres Européens, échapper à l’ennui et à l’enfermement dans les frontières nationales… et ce n’est absolument pas négligeable.

Cela se superpose à la vieille image un peu poussiéreuse des cafés « traditionnels », fréquentés par des intellectuels, tradition qui survit cependant très bien dans les pays de Mitteleuropa. Si la plupart des entretiens d’En attendant l’Europe ont eu lieu dans des cafés, c’est parce que les intellectuels que j’interrogeais m’y donnaient « naturellement » rendez-vous ! A Minsk par exemple., le café est l’un des seuls endroits où les intellectuels échappent à la surveillance policière, parce qu’ils sont écoutés chez eux.

Le café est pour moi la configuration minimale de l’espace public : on y est à la fois seul et en société, on peut à tout moment commencer une conversation, ou un débat, et l’on est sûr d’être respecté pourvu que l’on ait payé son café. Plus vous allez à l’Est, dans des pays où la vie publique est contrainte, plus le café reste ce qu’il a été : un lieu de refuge, d’affranchissement, de sociabilité, de dissidence, de fête et d’échanges - bref, l’un des topos, dans les deux sens du terme, de la culture européenne.

En savoir plus :

En attendant l’Europe - Amazon

Site Internet d’En attendant l’Europe

Site Internet des éditions la contre allée

Projet : l’identité européenne - Notre Europe

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