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Pour ses 35 ans, le programme Erasmus+ veut renforcer la “mobilité pour tous”

Jeudi 20 janvier, les bénéficiaires du programme de l’UE pour la mobilité ont pu échanger avec des membres du gouvernement. L’événement a permis de souligner le succès d’Erasmus+ et d’avancer des pistes concrètes pour améliorer le programme et le proposer à tous les publics.

Erasmus+ célèbre ses 35 ans à la Maison de la radio
Erasmus+ a célèbré ses 35 ans à la Maison de la radio et de la musique, le 20 janvier 2022 - Crédits : Agence Erasmus+ France

Dans le studio 104 de la Maison de la radio et de la musique à Paris, l’Europe et la mobilité étaient à l’honneur jeudi 20 janvier. Durant trois heures, la parole a en effet été donnée à ceux qui, depuis 35 ans, font le programme Erasmus+ : élèves, apprentis, étudiants, enseignants et formateurs, demandeurs d’emplois, volontaires ou encore professionnels des associations. L’occasion pour les personnes présentes de faire le bilan sur un programme qui a bénéficié à 12 millions d’Européens depuis sa création en 1987. Mais également de se projeter sur ses futures évolutions, avec une ambition : en faire bénéficier toute une génération.

Dans un message vidéo, le président de la République Emmanuel Macron a lancé la journée en soulignant le succès du programme. “Faire Erasmus est devenu comme un nouveau rite de passage qui a déjà transformé les regards, les esprits, et les existences de 12 millions d’Européennes et Européens depuis sa création en 1987″, a notamment déclaré le chef de l’Etat. Ce dernier a ensuite repris l’objectif annoncé par la Commission, “atteindre 10 millions de participants” durant la période 2021-2027.

Des propos dans lesquels la commissaire européenne à l’Education et à la jeunesse Mariya Gabriel s’est retrouvée, soulignant les nouveautés du programme pour cette période. Avec un budget de 28 milliards d’euros, en hausse de 80 % par rapport aux sept années précédentes, “il bénéficiera de moyens accrus pour mettre en œuvre des actions autour de 4 grandes priorités : l’inclusion sociale, les transitions numériques & vertes et la participation citoyenne”.

2022 est une année importante à plusieurs titres. Elle a ainsi été consacrée “Année européenne de la jeunesse” par la Commission européenne. De plus, ce début d’année est marqué par la présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE) débutée le 1er janvier dernier. Plusieurs sujets prioritaires en matière d’éducation et de jeunesse, comme le développement d’Erasmus+ pour les apprentis, figurent au programme.

Retours d’expérience

Mais cette journée d’anniversaire était surtout l’occasion d’entendre les témoignages des bénéficiaires d’Erasmus+ depuis 35 ans. Tous ont évoqué une étape majeure dans leur parcours. Selon l’agence Erasmus+ France, 86 % des apprenants estiment ainsi avoir développé leur autonomie et leurs compétences linguistiques durant leur mobilité.

“Aucun mot ne peut décrire ce que j’ai vécu”, a ainsi expliqué Lisa, lycéenne à Dunkerque, encourageant “tous ceux qui rêvent de vivre cette magnifique expérience”. Si un séjour en Italie lui a permis de devenir “forte, mature, ouverte d’esprit [et animée] d’une envie de découvrir le monde qui [l’] entoure”, les bénéfices sont également palpables du côté de ses enseignants. Ainsi, pour Caroline Millot, professeure dans le même lycée, Erasmus+ a été “une vraie révolution dans [sa] manière d’envisager l’enseignement, l’école, les jeunes, [son] propre rapport au monde”.

Ricardo lui était apprenti dans la plomberie lorsqu’il débarque à Hambourg pour un échange dans le cadre du programme. “Le rêve du petit Ricardo se réalise” en arrivant en Allemagne, explique-t-il. “Je découvre mon métier sous un angle différent […] C’est tellement positif pour moi que je souhaite à tous les apprentis […] d’oser”.

Démocratiser le programme

Ces témoignages cassent d’emblée une idée reçue selon laquelle le programme Erasmus+ ne bénéficie qu’aux étudiants de l’enseignement supérieur. Un phénomène auquel le film l’Auberge espagnole sorti en 2002 a beaucoup contribué. “Il s’agit de faire en sorte que ce programme soit accessible à tous : que ceux qui jusqu’à présent pensaient qu’il n’était pas pour eux se sentent désormais concernés”, expliquait Laure Coudret-Laut, directrice de l’agence Erasmus + France, interrogée par Toute l’Europe le 18 janvier dernier.

Pour le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, “les Français sont en effet demandeurs d’un Erasmus+ pour tous”. “Vous avez plein d’opportunités et ce doublement de budget va vous permettre de faire une mobilité”, a affirmé le membre du gouvernement.

Dans l’auditorium, les témoignages s’enchainent, permettant de découvrir les facettes du programme. Anne Cordier, présidente du Comité régional olympique et sportif des Pays de la Loire, présente ainsi des actions dans le domaine du sport tandis qu’Emmanuelle Garcia, directrice de MOBILIS, pôle régional de coopération des acteurs du livre et de la lecture dans la même région, explique l’intérêt de son partenariat avec des homologues belges, espagnols ou suédois pour renforcer la coopération entre acteurs de la filière. Sur scène, les ministres du Travail Elisabeth Borne, de l’Agriculture Julien Denormandie et de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal sont présents pour écouter et réagir à ces présentations.

Les enjeux sont importants pour tous ces publics. Dans un sondage intitulé “la notoriété et l’image d’Erasmus+ en France” réalisé par l’institut CSA et dévoilé jeudi 20 janvier, 70 % des Français associent Erasmus+ à une meilleure employabilité et à des opportunités pour tous.

Consciente de cette réalité, la Commission européenne va mettre en place une nouvelle initiative intitulée ALMA (Orientation, Apprentissage, Maîtrise, Réussite dans sa traduction française) visant à proposer des mobilités aux jeunes qui ne travaillent pas et ne suivent ni études ni formation. Une initiative qui viendra compléter les opportunités offertes par Erasmus+ ou le Corps européen de solidarité. Pour Nicolas Schmit, commissaire européen en charge de l’Emploi, il s’agit “d’un accompagnement pour qu’ils puissent faire une expérience professionnelle à l’étranger, pour qu’ils reprennent confiance en eux”.

35 propositions pour une génération Erasmus+

Si les témoignages plaident en faveur du programme, les bénéficiaires n’ont pas caché pour autant certaines difficultés rencontrées lors de la préparation et au cours de leurs séjours respectifs. Ricardo raconte qu’en arrivant il lui a fallu “relever plein de défis. […] Je me retrouve seul, pour la première fois de ma vie. Je dois me loger rapidement et me familiariser avec la langue allemande”, explique-t-il. Des obstacles qu’il parvient à surmonter durant son séjour.

Ces situations peuvent constituer des obstacles à la mobilité. Pour tenter de trouver des solutions, l’Agence Erasmus+ France a organisé au mois d’octobre dernier un forum citoyen réunissant 35 bénéficiaires du programme, ainsi que 35 personnes n’ayant pas pris part à une expérience de mobilité. Ces échanges ont permis la rédaction de 35 propositions pour un Erasmus+ de demain.

Les 35 propositions du rapport ” Vers un droit à la mobilité apprenante en Europe pour tous” ont été réparties en cinq axes :

  • Promouvoir Erasmus+ au plus près des bénéficiaires potentiels ;
  • Faire de la mobilité une étape reconnue dans tous les parcours ;
  • Réunir les conditions favorables pour inciter les apprenants à partir ;
  • Lever les freins financiers pour une mobilité accessible à toutes et tous ;
  • Accompagner l’apprenant du début à la fin de son projet de mobilité.

Ces propositions contribuent à la Conférence sur l’avenir de l’Europe, un exercice européen de démocratie participative visant à recueillir les idées des Européens pour le futur du continent.

Découvrir 5 de ces propositions portées par les membres du Forum citoyen en vidéo :

Tour à tour, plusieurs membres du forum ont ainsi présenté une ou plusieurs propositions issues du rapport. Pour Rémi, ancien apprenti en boulangerie pâtisserie, l’accent doit être mis sur l’accompagnement. Ainsi, il soutient la création d’un espace Erasmus+ dans chaque établissement. Les apprentis ont besoin “que des personnes puissent prodiguer certains conseils, sur les logements, les factures, les langues” ou tout simplement de “faire part de [leurs] craintes”, estime-t-il.

Camille, étudiante en mode est partie plusieurs fois en Erasmus, à Rome notamment. Elle pense qu’il est capital de garantir un droit à la mobilité pour tous “y compris pour les personnes en situation de handicap, ou par exemple ceux vivant dans les outre-mer”. Sarah enfin, partie avec Pôle emploi à Malte souhaite généraliser la carte étudiante Erasmus+ à toutes les bénéficiaires de cette mobilité. Clément Beaune a également pu faire part de son expérience de mobilité en Erasmus. Parti il y a 20 ans à Dublin, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes se souvient : “Lorsqu’on part à 18 ans, 20 ans, on appréhende”. Saluant l’ensemble des propositions, il a conclu en exprimant un souhait : “Il faut faire de la génération qui vient une génération Erasmus”.

Ces propositions vont désormais être portées au niveau européen, à l’occasion de la réunion des directeurs des Agences Erasmus+ en mai prochain. A terme, elles pourraient être inclues dans le programme dans les années à venir.

Retrouvez l’ensemble des échanges en vidéo :

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1 commentaire

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    Michel PRUNIER

    et les plus anciens ? pourquoi n’apporteraient ils pas leurs expériences en matière européenne ? 

    exclus des programmes européens ? n’ont ils pas été DES pionniers il y a 30 OU 40 ANS ?