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“L’Europe des communes” : le service de la Commission européenne en France à destination des élus locaux

L’Europe à tous les étages. Dans cet entretien, le chef de la Représentation régionale de la Commission européenne à Marseille, Pierre Loaëc, revient sur les relations entre Bruxelles et les élus locaux. L’occasion de présenter “L’Europe des communes”, le service de la Commission pour les collectivités territoriales.

Nous avons rencontré Pierre Loaëc à l'occasion du Salon des maires fin novembre à Paris
Nous avons rencontré Pierre Loaëc à l’occasion du Salon des maires fin novembre à Paris - Crédits : Toute l’Europe

Selon une enquête réalisée en 2020, 85 % des élus locaux se déclarent peu ou mal informés sur le rôle et les compétences de l’Union européenne. Un défi de taille, alors même que de nombreux programmes de l’UE leur sont accessibles. C’est pourquoi, la Représentation de la Commission en France a lancé “L’Europe des communes”, un service pour accompagner les élus sur les sujets européens qui les concernent. Chef du bureau marseillais de l’institution, Pierre Loaëc nous en décrit les grandes lignes.

Fort de 15 années d’expérience dans les affaires européennes et internationales, Pierre Loaëc est arrivé à la tête de la Représentation de la Commission européenne à Marseille en juin 2022. Ce diplômé de Sciences Po et de l’ESSEC a notamment travaillé pour la direction générale de l’énergie (DG ENER) à Bruxelles, pour laquelle il suivait par exemple les dossiers liés au Pacte vert et à REPowerEU.

Toute l’Europe : Quel est le rôle de la Représentation de la Commission européenne en France ?

Pierre Loaëc : La Représentation de la Commission européenne en France a deux fonctions principales. Elle assure d’abord une relation entre Bruxelles et les territoires, en communiquant sur le terrain les priorités de la Commission [en France, la Représentation de la Commission européenne est à Paris, avec un bureau régional à Marseille, NDLR]. Il y a tout un tas d’événements, en particulier pour le grand public. L’objectif est d’être présent sur le territoire pour passer le message. Nous avons aussi des relations avec la presse pour répondre aux interrogations des journalistes.

Nous avons ensuite une fonction plus “ascendante”. Nous fournissons un travail politique de notes et de “reporting”, un peu comme une ambassade sur un territoire. Notre rôle est de prendre le pouls de la réalité locale pour informer nos chefs à Bruxelles. C’est un travail d’analyse sur des sujets thématiques.

A Marseille, c’est le même travail mais plus territorialisé et décentralisé. L’angle est différent de Paris. Et le public marseillais n’est pas non plus le même. Notre fonction plus spécifique est de communiquer vers les collectivités territoriales. Nous avons structuré progressivement ce service avec “L’Europe des communes”.

En quoi consiste “L’Europe des communes” ?

L’idée est de créer des outils d’information sur l’Europe pour les élus locaux. Cela implique de nombreuses activités. Nous avons une newsletter et du contenu éditorial avec laquelle nous décryptons ce qui peut intéresser les collectivités territoriales dans l’actualité européenne. Nous poussons des contenus thématiques. Quelles sont les conséquences de la guerre en Ukraine sur la facture énergétique des communes ou des communautés de communes, par exemple ? Il faut garder en tête à la fois les besoins et les compétences des collectivités. Si un maire veut développer une piste cyclable, les financements européens et la législation de l’Union européenne peuvent l’intéresser. Notre rôle est d’être une courroie de transmission. Nous partons de la réalité des maires, des présidents de départements, des communautés d’agglomération et des communautés de communes.

Ils se posent souvent des questions sur l’accès aux financements européens…

C’est un sujet qui revient régulièrement. “L’Europe des communes” comprend un volet d’accompagnement à ce sujet. Quels sont les contacts des élus ? Comment monter un dossier ? Plusieurs webinaires thématiques sont proposés.

Mais nous essayons de ne pas faire de l’information que sur les financements européens. L’Europe n’est pas seulement un portefeuille gigantesque. Nous faisons une mise en contexte. S’il y a des programmes européens, c’est parce que l’UE mène des politiques, a des objectifs et des priorités. Ces financements s’inscrivent dans un projet européen plus large.

La Commission européenne a une représentation dans chaque capitale des Etats membres, mais aussi différents bureaux régionaux (Milan, Barcelone,…). Ces représentations régionales sont-elles construites sur le même modèle que celle de Marseille ?

Pas vraiment. Le développement de ce “pôle territorial” est assez spécifique à la France. La Commission européenne prend en compte les réalités nationales. En Espagne par exemple, la Catalogne a un rôle politique qui est sans commune mesure avec un Conseil régional en France.

De notre côté, nous sommes à Marseille, mais “L’Europe des communes” a une vocation nationale. Si la mairie de Brest ou de Dunkerque a des interrogations, nous sommes les interlocuteurs privilégiés. Et sur le territoire, les centres Europe Direct sont aussi un maillon important du dispositif. Ils sont sur le terrain et connaissent les réalités locales. Ils sont une des voix de l’Europe et bien souvent le premier guichet pour les citoyens.

Vous êtes arrivé récemment à la tête de la Représentation à Marseille. Quelles sont vos priorités ?

Nous sommes dans une période où nous stabilisons les partenariats. Le défi est immense : le bureau de Marseille est une petite équipe et nous avons vocation à toucher les dizaines de milliers de collectivités françaises.

Nous avons donc une logique contractuelle avec l’Association des maires de France (AMF), l’Association des départements de France (ADF) ou encore l’Association française du Conseil des communes et régions d’Europe (AFCCRE). Le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) est aussi un interlocuteur concernant la formation.

Nous avons signé un partenariat avec la région Sud récemment. C’est la première fois que nous structurons une coopération avec une région pour joindre nos ressources et animer le territoire. Mais ce même modèle pourrait s’appliquer à toute région qui est ambitieuse sur les fonds européens et qui souhaite entrer dans cette logique de partenariat. Cette initiative peut être dupliquée.

Est-ce que les élus sont suffisamment sensibilisés aux questions européennes ?

En règle générale, il y a une conscience assez limitée de tout ce qui se passe à Bruxelles. Les différentes institutions de l’Union européenne négocient en permanence sur des sujets clés, comme l’énergie aujourd’hui. Tout ne se joue pas au niveau national. La Commission européenne pousse par exemple pour diversifier l’approvisionnement énergétique de l’UE ou pour développer les énergies renouvelables.

Le Pacte vert est aussi parfois méconnu, alors que ce sont des politiques environnementales qui vont avoir de nombreuses conséquences pour les maires ! La législation européenne touche des thèmes très larges : les déchets, l’économie circulaire, le photovoltaïque sur les bâtiments publics,…

L’interdiction de la vente des voitures thermiques en 2035 dans toute l’Union européenne est un défi en particulier. Cela a envoyé un signal politique très fort. L’UE s’est dotée d’un objectif clair. C’est une bonne nouvelle qui permet à l’industrie de se projeter dans l’avenir. Le déploiement des bornes de recharge va être crucial pour les collectivités territoriales. Il faudra des financements.

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