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Ukraine, plan de relance, climat… Le Comité européen des régions présente son nouveau rapport sur l’état des villes et des régions de l’UE

Dévoilé à l’occasion de la Semaine des villes et des régions du 10 au 13 octobre, le dernier rapport du Comité européen des régions dresse un panorama des enjeux auxquels les Européens doivent faire face. Il insiste sur le rôle de la politique de cohésion et des élus locaux pour relever les défis liés aux conséquences de l’épidémie de Covid-19, à la guerre en Ukraine et au changement climatique.

Le Comité européen des régions, ici en séance plénière le 11 octobre, est l'assemblée politique de l'UE où siègent 329 élus locaux et régionaux
Le Comité européen des régions, ici en séance plénière le 11 octobre, est l’assemblée politique de l’UE où siègent 329 élus locaux et régionaux - Crédits : Antonin Weber / Union européenne

Les enjeux sont mondiaux, mais les solutions peuvent être locales. Mardi 11 octobre, le Comité européen des régions a dévoilé son rapport annuel sur l’état des villes et des régions ainsi que les résultats de son baromètre local et régional, un sondage réalisé à l’échelle du continent auprès des élus des territoires de l’UE. Il comprend plusieurs questions sur la manière dont les autorités locales voient l’avenir du projet européen.

L’état des régions et des villes ne peut être que l’état de la vie des gens dans toute l’Europe, dans toute sa diversité”, a souligné le président de l’institution Vasco Alves Cordeiro lors de la séance plénière du comité. “De même, l’état de l’Union européenne ne peut être véritablement évalué, de manière globale et complète, si l’on oublie l’état de ses régions et de ses villes”, a insisté l’ancien président des Açores. Quelles sont les principales conclusions de ce nouveau rapport ?

Covid-19 puis guerre en Ukraine

L’Union européenne sort – ou plutôt subit encore les conséquences – d’une double crise : la pandémie de Covid-19 puis la guerre en Ukraine. Les élus locaux et régionaux étaient déjà en première ligne pour tenir face à la crise sanitaire, et ils en gèrent encore les conséquences économiques et sociales.

Mais cela fait plusieurs mois que les regards sont tournés vers l’Ukraine. Depuis la fin du mois de février, les villes et les régions se sont mobilisées pour accueillir les réfugiés qui fuyaient le conflit armé provoqué par la Russie. Au 11 octobre, près de 7,7 millions de personnes venant d’Ukraine étaient enregistrées à travers le continent. Certaines régions ont été particulièrement sollicitées pour héberger, nourrir et éduquer les femmes et les enfants – en majorité – qui avaient quitté le pays. Depuis le début de la guerre, la population de Varsovie s’est ainsi accrue de 15 % et la capitale polonaise a accueilli 240 000 réfugiés, soit presque autant que l’Italie et la France réunies.

Afin d’identifier les zones dans l’UE qui sont les plus sensibles aux bouleversements économiques et sociaux induits par le conflit, un indice de “vulnérabilité” par région a été élaboré. Il combine plusieurs indicateurs, comme le niveau de dépendance aux importations de gaz russe ou le taux d’emploi dans l’agriculture, un secteur particulièrement touché par la guerre.

Carte des vulnérabilités régionales aux conséquences de la guerre en Ukraine, extrait du rapport sur l'état des villes et des régions 2022 - Comité européen des régions
Carte des vulnérabilités régionales aux conséquences de la guerre en Ukraine, extrait du rapport sur l’état des villes et des régions 2022 - Comité européen des régions

Quel bilan en tirer ? Si les villes et régions d’Europe centrale et orientale sont les plus marquées par les conséquences de la guerre en Ukraine, et risquent de l’être davantage à l’avenir, toute l’Europe est concernée. Le document présenté par le Comité européen des régions montre bien une nette division entre l’ouest et l’est du continent : de la Finlande à la Grèce, les zones frontalières avec l’Ukraine, la Russie ou la Biélorussie sont particulièrement exposées. Mais d’autres plus à l’ouest révèlent aussi des fragilités. Apparemment éloignée de Kiev, la région du Lazio, autour de Rome, fait ainsi partie des zones avec un haut niveau de risque car de nombreux Russes et Ukrainiens y habitent et que le taux de personnes menacées par la pauvreté est élevé (25,6 % en 2021).

La guerre s’est superposée à l’autre grande crise qu’a connu l’Europe ces deux dernières années : la pandémie. En moyenne, les régions de l’UE ont enregistré en 2020 une augmentation du chômage de plus de 12 % par rapport à la période pré-Covid-19. NextGenerationEU, le plan de relance européen adopté en juillet 2020, doit venir à la rescousse des Etats pour remettre d’aplomb leurs économies. Il finance par exemple des projets pour la transition numérique des entreprises ou des services publics. Si la pandémie a aggravé les fractures numériques déjà existantes dans l’UE, par exemple dans l’utilisation d’internet entre les zones rurales et les zones urbaines, le Comité européen des régions tire la sonnette d’alarme sur le rapport des Européens à la numérisation. Ainsi, moins de la moitié des citoyens de l’UE s’attendent à ce que l’utilisation de l’internet et des compétences numériques leur apporte plus d’avantages que d’inconvénients en 2030, démontrant les préoccupations concernant la numérisation.

Les futures politiques et instruments communautaires en matière d’investissement devraient s’inspirer de l’expérience de NextGenerationEU, qui a peu impliqué les autorités régionales et locales tant dans son élaboration que dans sa mise en œuvre”, a déclaré Vasco Alves Cordeiro. Selon le sondage adossé au rapport, 1 élu local sur 10 déclare avoir été pleinement (1 %) ou partiellement (9 %) associé à la préparation du plan de relance de son pays.

Climat : l’enjeu d’une transition locale et juste

Un chiffre insuffisant selon le Comité européen des régions, car “ce n’est qu’en impliquant les régions et les villes que les politiques et les programmes de l’UE obtiendront les meilleurs résultats et renforceront nos communautés”, selon les mots de son président. D’autant que le rapport met en lumière un autre enjeu majeur qui nécessite l’implication de tous les élus du continent : le climat.

Or, l’étude souligne que les effets du changement climatique et des catastrophes naturelles ne sont pas uniformes dans l’UE. Avec un réchauffement planétaire à 3 degrés, des régions italiennes, espagnoles et grecques pourraient par exemple connaître 30 à 40 jours supplémentaires d’incendies de forêt importants chaque année. A l’inverse, des pans entiers de l’Irlande, de Suède ou de Belgique seraient plus touchés par des inondations. “Cette diversité signifie que l’adaptation et la réponse au changement climatique doivent être conçues localement, en fonction des besoins et des caractéristiques des territoires”, lit-on dans le rapport. L’édition 2022 du baromètre révèle que plus de la moitié des personnes interrogées souhaitent que le principal objectif des financements européens soit la transition vers une économie verte.

La transition énergétique fait partie des réponses pour atténuer le changement climatique. L’étude prend l’exemple de la Région Occitanie, qui a l’objectif de couvrir 100 % de ses propres besoins en énergie avec des sources renouvelables d’ici 2050. Pour 76 % des élus français interrogés, la crise climatique et l’environnement sont d’ailleurs les sujets sur lesquels les autorités locales devraient le plus gagner en influence dans l’élaboration des politiques européennes. Le thème arrive loin devant l’autre sujet clé pour les répondants : l’éducation, la culture, la jeunesse et le sport (49 %).

Le combat pour le climat ne doit toutefois pas mettre de côté celui pour lutter contre les inégalités et la pauvreté, selon le rapport. Environ 36 millions d’Européens n’ont pas été en mesure de se chauffer convenablement en 2020 et le chiffre pourrait s’envoler avec la flambée des prix du gaz et de l’électricité. La lutte contre la pauvreté des enfants fait par ailleurs l’objet d’un chapitre spécifique. Et Vasco Alves Cordeiro d’insister : “En tant qu’Union, dans nos régions, dans nos villes, nous devons assurer l’accès au logement, contribuer à sortir les enfants de ces situations de pauvreté, promouvoir l’égalité des genres, garantir des emplois de qualité à tous, éduquer nos jeunes et financer le développement de nos hôpitaux”.

La page du Comité européen des régions dédiée au rapport 2022

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