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Près de Nantes, des gambas produites localement dans le respect de l’environnement

A Saint-Herblain, l’entreprise Lisaqua élève des crevettes avec un cahier des charges strict : ni antibiotiques ni polluants. Depuis 2018, la start-up ne cesse de grandir et veut désormais reproduire son modèle.

Près de la moitié des crevettes importées en Europe sont originaires d'Equateur où leur production a d'importantes conséquences sur la biodiversité
Près de la moitié des crevettes importées en Europe sont originaires d’Equateur où leur production a d’importantes conséquences sur la biodiversité - Crédits : LauriPatterson / iStock

Gambas, roses, grises… l’appétence des Français pour la crevette ne faiblit pas. Si bien qu’elle était en 2020 le second produit de la mer le plus consommé dans l’Hexagone, derrière le saumon. Pour autant, difficile d’en trouver produites localement, en parcourant les étals des poissonneries ou les cartes des restaurants.

Et pour cause, l’Union européenne en a importé plus de 300 000 tonnes en 2021, dont près de la moitié depuis l’Equateur, selon un rapport de l’Observatoire européen des marchés des produits de la pêche et de l’aquaculture (EUMOFA). Une tendance qui n’est pas sans conséquence sur l’environnement. Outre l’empreinte carbone élevée de cette crevette, sa production est en partie responsable en Amérique du Sud de la destruction des mangroves, un écosystème fragile pourtant refuge d’une incroyable biodiversité.

Conscients de ces enjeux, Charlotte Schoelinck, Caroline Madoc et Gabriel Boneu se lancent en 2018 dans la création de Lisaqua, une ferme aquacole de gambas au mode de production plus vertueux.

Ambition “triple zéro”

Basé à Saint-Herblain (Loire-Atlantique), le projet démarre de manière artisanale, avec un simple aquarium. L’entreprise emploie aujourd’hui 25 personnes aux profils variés : chercheurs biologistes, techniciens aquacoles ou ingénieurs.

Tous poursuivent un objectif bien précis : fournir des gambas “triple zéro” : zéro antibiotique, zéro conservateur, zéro rejet polluant. Auquel il faut rajouter la volonté de produire localement pour limiter l’impact environnemental. Actuellement, la société produit environ une tonne de gambas par an mais à terme elle envisage de sortir dix tonnes chaque année de ses quelque 4 000 m³ de bassins.

Pour cela, les associés tentent de recréer les conditions favorables au développement des crevettes. “On va chercher à récréer un écosystème marin, un cercle vertueux, en combinant différentes espèces qui vont avoir des rôles trophiques très intéressants dans l’écosystème. Cela nous permet de ne pas utiliser d’antibiotiques et également de valoriser tous les rejets des gambas”, explique Charlotte Schoelinck, biologiste marine.

La culture en milieu fermé permet en effet d’éviter un risque de contamination. Pour autant, elle implique de veiller constamment à maintenir la température de l’eau à 28 degrés ou encore d’injecter de l’oxygène en continu.

Coup de pouce européen

Ces différentes tâches nécessitent un important et coûteux équipement, surtout pour une petite entreprise. La croissance que connaît Lisaqua aujourd’hui a ainsi été facilitée par un coup de pouce européen au départ.

Le FEAMP nous a co-financé notre première ferme, qui nous a permis de produire une tonne de gambas par an. C’est ce qui nous a permis de convaincre des poissonniers, des chefs, des industriels et des financeurs de nous accompagner à la fois dans le financement de la recherche et du développement, et dans celui des étapes suivantes”, souligne Gabriel Boneu. Les 30 000 euros de fonds européens ont notamment permis de financer les travaux électriques, les réseaux d’eau et l’installation de 84 m³ de bassins chauffés et isolés.

Derrière, l’entreprise a bénéficié d’autres augmentations de capital, d’aides régionales ou encore de BPI France. Mais celles-ci “n’ont pu être obtenues que grâce à notre installation précédente qui avait été co-financée par l’Europe et le FEAMP”, assure son cofondateur.

FEAMP(A)

Depuis le début de la période 2021-2027, l’acronyme s’est allongé pour mieux prendre en compte la dimension aquacole et devenir FEAMPA : Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture. Muni d’une enveloppe de 6,1 milliards d’euros, il contribue à la durabilité de la pêche et à la conservation des ressources biologiques de la mer. Il vise également à aider les professionnels des secteurs de la pêche et de l’aquaculture ainsi que les populations côtières à s’adapter aux exigences économiques et environnementales.

Un projet qui s’exporte

Après les gambas ligériennes, ce sont bientôt des crevettes franciliennes qui pourraient être commercialisées. Un nouveau projet de ferme pourrait ainsi voir le jour du côté de Monthyon en Seine-et-Marne.

En avril 2022, Lisaqua a été sélectionné par le syndicat intercommunal de Seine-et-Marne ainsi que l’entreprise Véolia pour concevoir la plus grande ferme d’élevages de gambas en France. Cette nouvelle structure poursuivrait les mêmes objectifs environnementaux. Elle pourrait ainsi fonctionner grâce à l’énergie thermique produite par une usine de traitement déchets voisine. De quoi assurer la chaleur des bassins sans recourir à une consommation excessive. Ce nouveau projet pourrait sortir de terre courant 2024 pour une mise en service à l’horizon 2025.

Article cofinancé par l'UE, en partenariat avec l'ANCT

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