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Mathieu Aufauvre, Banque des territoires : "déployer les financements européens au bénéfice de tous"

Au service du développement local, la Banque des territoires propose des solutions de conseil et de financement en prêts et en investissements pour répondre aux besoins des collectivités locales, notamment dans l’accès aux fonds européens. Entretien avec Mathieu Aufauvre, directeur régional Bourgogne-Franche-Comté où se structure une filière hydrogène.

Image numérique du futur train régional à hydrogène conçu par Alstom (image Alstom Design & Styling)

Mathieu Aufauvre est directeur régional Bourgogne-Franche-Comté de la Banque des territoires depuis juillet 2021. Il était auparavant directeur régional adjoint Auvergne-Rhône-Alpes de la Banque des territoires. Spécialiste de développement économique et aménagement, il a commencé sa carrière au sein de la Communauté de Communes de la Vallée de Saint-Amarin (Haut-Rhin).

Comment s’articule la complémentarité entre les actions de la Banque des territoires (Groupe Caisse des Dépôts) et l’utilisation des fonds européens dans l’aménagement territorial ?

La Caisse des Dépôts est un établissement public de long terme qui joue un rôle important dans l’investissement en France au service de l’intérêt général. Un rôle renforcé depuis le Plan Juncker en 2014 (plan d’investissement européen, qui a généré 550 milliards d’euros d’investissement entre 2015 et 2020). Pour le compte de la Commission européenne nous portons cette mise en œuvre sur le terrain, désormais via InvestEU, le Plan d’investissement européen (2021-2027) qui prolonge le plan Juncker. Nous avons aussi des accords de partenariat avec la Banque européenne d’investissement (BEI), dont les investissements sont visibles à travers les politiques publiques d’aménagement du territoire, que l’on parle de cohésion sociale, de transition énergétique… Finalement aussi bien sur l’ingénierie, sur le prêt ou sur l’investisseur, nous arrivons forcément à favoriser le développement des territoires.

Avec quels acteurs locaux et relais travaillez-vous ?

Nous travaillons en grande proximité avec la Région, les services de l’Etat et les collectivités locales quelles que soient leurs tailles, car notre ambition est de toucher l’utilisateur final. Toutes les communes, aussi petites soient-elles, doivent avoir accès aux financements à partir du moment où il y a des projets éligibles. Nous assumons une mission de prêteurs, mais également de conseil et d’ingénierie financière.

La Banque des territoires se mobilise auprès des programmes portés par l’Etat : Action cœur de Ville avec SGreen+, par exemple, pour la végétalisation des centres-villes, comme à Belfort où nous avons apporté un soutien d’ingénierie de 20 000 euros. Mais également pour le programme Petites villes de demain (PVD+), avec l’appui d’InvestEU, qui concerne les villes de moins de 20 000 habitants. L’initiative a pour objectif d’augmenter les investissements publics et privés des projets de revitalisation durables dans les petites villes. La volonté est aussi d’être aux côtés des territoires plus ruraux… C’est par exemple le cas à Gron (Yonne), où écoliers et seniors seront bientôt accueillis dans le futur restaurant intergénérationnel, un projet également lauréat de subventions FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural)

Par exemple intervenez-vous en co-financeur auprès du FEDER, fonds géré par les Régions ?

Comme vous le savez nous ne pilotons pas le FEDER, qui est géré par les Régions, mais la Banque des territoires peut intervenir pour boucler le tour de table et permettre la réalisation du projet. L’objectif est de faire aboutir le projet et promouvoir toutes les initiatives qui sont bonnes pour le territoire.

Quel est votre rôle en tant que directeur régional ?

Concernant les fonds européens, bien modestement, nous faisons le lien avec les institutions européennes, pour que les collectivités puissent profiter des financements, s’installer dans la dynamique européenne. Nous devons déployer les financements européens au bénéfice de tous. C’est notre rôle de rendre les choses plus simples : PVD+ en lien avec InvestEU rentre dans cet objectif de simplifier les processus.

En Bourgogne-Franche-Comté, les priorités sont-elles en phase avec celles de la Commission européenne, notamment dans la transition écologique et numérique ? Est-ce simple d’accorder les ambitions ?

Oui, c’est assez simple. En ce qui concerne le développement territorial, nous nous retrouvons tous sur les grandes priorités, notamment sur la transformation écologique. Evidemment, en fonction des territoires cela se fait différemment, que l’on parle de mobilité douce ou de réhabilitation thermique…des bus à hydrogène à Dijon, comme la restructuration de bâtiments à Saint-Léger-sur-Dheune (Saône et Loire), commune de 1500 habitants. Le grand sujet sur lequel nous sommes très en phase avec l’Union européenne, concerne les performances énergétiques des bâtiments ou les mobilités propres. Nous sommes liés avec l’UE à travers différents types de portages pour faire accéder les collectivités aux ressources européennes.

Quels projets emblématiques développés en région Bourgogne-France-Comté pouvez-vous citer ?

Je pourrais vous citer de nombreux projets, mais je voudrais surtout mettre en lumière notre action autour de la mobilité et notamment le développement de l’hydrogène, comment nous structurons une vraie filière hydrogène avec l’ambition d’œuvrer à la décarbonation du transport : 27 bus à hydrogène pourront ainsi circuler à partir de 2023, sur le réseau DiviaMobilités, opérateur des transports en commun de Dijon métropole (prêt de 5M€ à taux fixe sur 15 ans de la Banque des territoires et subvention de 2M€ de la Commission européenne)Ce déploiement s’inscrit dans l’objectif de Dijon métropole de convertir l’ensemble de la flotte de bus de son réseau de transports en commun, ainsi que ses bennes à ordures ménagères. Ces bus seront alimentés grâce à un hydrogène local produit en circuit-court, c’est pourquoi nous nous sommes également associés à la construction de deux stations hydrogène (subvention de 6,99 millions d’euros de la Commission européenne et financement équivalent de la Banque des territoires). A Belfort, Le projet “Liaison Zéro Emission” (LIZE) a été sélectionné par la Commission Européenne pour acquérir 7 bus hydrogène.

Nous apportons aussi des financements pour faire évoluer le rail, par exemple dans le Morvan, où les lignes seront dotées de 3 rames bimodales hydrogène-électrique (Alstom). La mise en service de la première rame après tests est prévue dans le courant de l’année 2023.

Comment travaillez-vous au plus près du territoire ?

La Banque des territoires a été créée pour agir en proximité. Nous voulons toujours plus de proximité et nous avons aujourd’hui un interlocuteur référent pour deux départements dans la région Bourgogne-Franche-Comté. Chaque référent encadre une équipe, dont la mission est d’être sur le terrain auprès de toutes les collectivités, tous les élus. Les référents sont “la porte d’entrée”, ils peuvent mobiliser toutes les expertises au sein du groupe pour faire aboutir les projets de territoire dans un dialogue construit avec les acteurs locaux. Nous avons ce devoir collectif public de bien se coordonner au service de l’intérêt général.

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