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Marie-Guite Dufay : “Les fonds européens gérés en Région ont permis de soutenir une grande variété de secteurs”

Présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay dresse un premier bilan des fonds européens entre 2014 et 2020, tout en soulignant l’importance des investissements dans la transition écologique. Entretien.

Marie-Guite Dufay est la présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté - Crédits : Clément Barré / Région Bourgogne-Franche-Comté

Quels ont été les thèmes prioritaires de votre Région dans l’octroi de fonds lors de la programmation des fonds européens 2014-2020 ?

Les fonds européens gérés en Région ont permis de soutenir une grande variété de secteurs, à travers le FEDER, le FSE et le FEADER.

Pour le FEDER et le FSE pendant la période 2014-2020, les thèmes prioritaires étaient évidemment en phase avec les objectifs de la stratégie Europe 2020 pour une Europe plus intelligente, plus durable et plus inclusive, mais aussi avec les grandes priorités de la Région Bourgogne-Franche-Comté concernant la transition énergétique, la recherche et la formation. Ainsi nos interventions se sont articulées en trois piliers. D’abord, le soutien aux projets d’innovation et recherche et le soutien aux entreprises du territoire, afin de leur permettre de renforcer leur compétitivité. Ensuite, le développement durable, avec une aide massive à la transition énergétique (rénovation énergétique ou développement des énergies renouvelables) et au développement urbain durable et inclusif. Enfin, le soutien à la formation des demandeurs d’emploi.

Par ailleurs, la Bourgogne-Franche-Comté est une région industrielle, mais aussi rurale et agricole. Le FEADER a notamment permis d’accompagner notre territoire vers la conversion des terres agricoles en agriculture biologique, et de développer la filière régionale agro-alimentaire. L’accompagnement des investissements des exploitations agricoles et forestières vers un développement durable reste également un fil conducteur du FEADER, tout comme l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs, mesure phare du FEADER, essentielle pour l’agriculture de notre territoire.

Pourriez-vous nous parler d’une réalisation emblématique financée grâce à l’Union européenne dans votre Région dont vous êtes particulièrement fière ?

Il est difficile de ne citer qu’un seul projet emblématique tant les projets soutenus par nos 5 programmes européens sont nombreux.

Concernant le volet innovation et compétitivité, le projet collaboratif MIMEDI pour “microtechniques pour les médicaments innovants”, impliquant plusieurs PME et laboratoires, est particulièrement intéressant car il ambitionne de proposer de nouvelles solutions de traitement pour des patients en impasse thérapeutique.

Un autre projet exemplaire à mes yeux témoigne de la volonté du monde économique d’œuvrer à la transition écologique et énergétique, face aux défis du changement climatique. Spécialisée dans l’agencement et l’aménagement de magasins en bois massif, l’usine Mobilwood a bénéficié d’aides européennes au titre du FEDER pour l’achat d’équipements de production ainsi que pour la construction dans l’Yonne de son usine vertueuse, intégrée dans son environnement écologique et social (bâtiment écologique à très hautes performances énergétiques, gestion avec objectif “zéro déchets”).

Je n’oublierai pas le programme transfrontalier Interreg France-Suisse, qui a également permis de soutenir de belles réalisations avec nos voisins suisses. La modernisation de la ligne ferroviaire des horlogers reliant Besançon à la Chaux-de-Fonds en est un très bon exemple : cette ligne, connectée aux réseaux grande vitesse, permet de dynamiser les échanges entre la Franche-Comté et le canton de Neuchâtel, avec une meilleure régularité des trains et un temps de trajet optimisé suite aux travaux.

Quelles sont vos attentes pour la nouvelle programmation 2021-2027 ?

Une région encore plus audacieuse par le soutien de la recherche et de l’innovation pour les entreprises, encore plus verte avec notamment un intérêt fort pour les bâtiments exemplaires d’un point de vue énergétique ou la réhabilitation énergétique des bâtiments.

Concernant le FEADER, le “verdissement” de la PAC sous l’influence renforcée du Green deal va se traduire dans le futur programme par des mesures environnementales plus ambitieuses et je m’en réjouis.

Les aides qui seront attribuées par la Région dans ce cadre porteront sur les mesures dites “d’investissement” (aides dédiées aux bâtiments agricoles, aux industries agro-alimentaires ou à la forêt notamment) et le développement local, à travers le programme Leader en particulier.

Quels sont les projets prévus dans le cadre du programme Interreg France Suisse 2021-2027 ?

Le futur programme Interreg France-Suisse sera un programme résolument “vert”, avec de nombreuses mesures en lien avec la transition énergétique et écologique et l’adaptation au changement climatique. Ce virage a été une évidence pour l’ensemble des partenaires du programme.

Le soutien à la recherche et à l’innovation aura encore toute sa place dans le futur programme, afin de permettre des collaborations entre nos deux pays pour une meilleure compétitivité de nos entreprises.

S’agissant d’un programme transfrontalier, il y a bien sûr également des mesures pour répondre aux enjeux en termes de mobilité durable et d’aménagement du territoire (tourisme, culture, coopération dans les espaces transfrontaliers).

Comment l’aide du plan de relance s’est-elle traduite dans votre Région ? La crise économique liée au Covid-19 vous a-t-elle amené à soutenir un secteur en particulier ?

L’Europe a su montrer une réaction rapide avec la mise en place de mesures d’urgence dès le mois d’avril 2020 puis avec les mesures de relance (REACT-EU) en fin d’année dernière avec l’adoption du plan de relance européen.

Pour la Bourgogne-Franche-Comté, la relance européenne se traduit par 186 millions d’euros de fonds européens supplémentaires (dont 116 millions pour le FEDER et le FSE+ et 70 millions pour le FEADER).

Les secteurs prioritaires visés par les mesures “Relance” sont les entreprises, la santé et le numérique. Ces enveloppes nous ont permis notamment de participer à l’acquisition de matériel médical dans les hôpitaux, de mettre en place des outils financiers pour soutenir les fonds de roulement des entreprises, de favoriser l’investissement dans les industries agroalimentaires, ou encore de mettre des ordinateurs portables à disposition des lycéens qui en sont dépourvus.

La Conférence sur l’avenir de l’Europe a été lancée en mai dernier. En tant que Présidente de Région, comment aimeriez-vous voir évoluer la politique régionale de l’Union européenne ?

Nous avons besoin des financements européens sur le territoire car ils procurent un formidable effet levier sur les financements.

Mais mobiliser des fonds européens n’est pas toujours chose facile pour les porteurs de projets, qui sont souvent confrontés à la charge administrative engendrée par ces financements. Il me semble donc que l’enjeu pour l’Europe de demain, c’est la simplification des règles.

Aujourd’hui, nous souffrons d’un excès de règles mal comprises par les porteurs de projets, et également d’un excès de contrôles. L’Europe doit saisir cet enjeu de simplification pour ne pas décourager des porteurs de projets.

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