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Hauts-de-France : le Canal Seine-Nord Europe, futur maillon des liaisons durables d’Europe du Nord

Dans les Hauts-de-France, le Canal Seine-Nord Europe doit relier le bassin de la Seine aux voies fluviales du nord de l’Europe d’ici à 2030. Point d’étape sur un projet d’infrastructure colossal soutenu par l’Union européenne.

Exemple de projet de pont au-dessus du futur canal, dans l'Oise
Exemple de projet de pont au-dessus du futur canal, dans l’Oise - Crédits : Lavigne et Chéron Architectes / SCSNE

C’est un chantier ambitieux. Avec 107 kilomètres de voies, 60 ponts, sept écluses et quatre ports intérieurs, le futur Canal Seine-Nord Europe mérite son surnom de “chantier du siècle”. Traversant 59 communes des Hauts-de-France, cette nouvelle liaison fluviale permettra aux bateaux de transporter des marchandises entre Compiègne (Oise) et Aubencheul-au-Bac (Nord), de part et d’autre de la région. L’objectif : terminer les travaux d’ici à 2030.

Un intérêt commun européen

L’intérêt du canal et de ses quatre zones portuaires déclarés d’utilité publique n’est pas seulement national et régional. Le projet s’inscrit dans le cadre des objectifs de la politique de transports de l’Union européenne : créer un espace unique européen parfaitement intégré et respectueux de l’environnement avec l’achèvement du réseau transeuropéen de transports (RTE-T), en supprimant les principaux obstacles et goulets d’étranglement, en renforçant l’interopérabilité et connectant plus durablement et efficacement les différents modes de transport.

L’UE a structuré le réseau transeuropéen de transports en trois niveaux de priorités. Plusieurs corridors stratégiques, véritable colonne vertébrale du marché unique européen, et deux réseaux (central et global), priorisant les objectifs de développement et d’aménagement à réaliser.

Le Canal Seine-Nord Europe et la réalisation des plateformes multimodales s’inscrit dans le cadre de la liaison fluviale Seine-Escaut, qui s’étend du Havre aux communes du nord de la Belgique, elles-mêmes reliées à des villes néerlandaises. En tout, plus de 20 000 kilomètres de voies fluviales constituent ce vaste réseau.

Le petit canal d’aujourd’hui est un peu le goulet d’étranglement du réseau actuel”, expliquait en septembre 2021 à Touteleurope.eu Jérôme Dezobry, président du directoire de la Société du Canal Seine-Nord Europe (SCSNE), maître d’ouvrage du projet. “Il est obsolète, tant d’un point de vue économique qu’environnemental”.

Le tracé du canal Seine-Nord Europe (en vert)
Le tracé du Canal Seine-Nord Europe (en vert) - Crédits : SCSNE

Le but est de relier plus efficacement les ports maritimes et les ports intérieurs du nord de la France, du Benelux et de l’Europe et ainsi de les rendre plus efficients en améliorant les échanges et la circulation des biens par voie d’eau et en créant des zones portuaires à vocation industrielle et logistique.

Ce projet de développement durable tant d’un point de vue économique, par la fluidité du marché unique européen et la création d’emplois directs et indirect générés, qu’environnemental par le report sur le Canal Seine-Nord Europe des camions qui circulent actuellement sur les autoroutes, contribuera aux objectifs européens d’atteindre la neutralité climatique en 2050.

En effet, cela devrait permettre une réduction des émissions de gaz à effet de serre liées au secteur du transport non négligeable. Plusieurs estimations ont ainsi été réalisées. Alors que l’étude initiale pariait sur un péage afin d’accéder à l’infrastructure, la philosophie du projet a été révisée. “Ce mode de financement a été remis en cause, nous pourrions avoir une recette incitative pour que les entreprises utilisent le canal”, suggère Jérôme Dezobry. Ce qui joue évidemment sur le nombre de bateaux circulant sur la future voie fluviale. L’établissement estime que jusqu’à 760 000 camions pourraient basculer vers ce mode de transport plus écologique.

Des quais de desserte proches de silos céréaliers ou des industries ainsi que des quais au niveau des ports intérieurs profiteront aux entreprises des Hauts-de-France. D’abord pensé pour les containers, le trafic des céréales ou celui des matériaux de construction, le canal pourrait avoir d’autres usagers à terme. La SCSNE reçoit déjà des questions de sociétés de croisière qui cherchent à créer des produits touristiques pour aller jusqu’à Bruxelles ou Liège. Par ailleurs, des quais vont être aménagés afin que des bus puissent accéder aux rives du canal, donnant accès au patrimoine touristique des Hauts-de-France.

Mesures environnementales et clauses sociales

D’ici-là, les responsables de ce chantier ont prévu plusieurs mesures afin de compenser les conséquences environnementales des travaux (respectant ainsi le principe du pollueur payeur). “Sur les 200 kilomètres de berges, 25 sont réservés à la reproduction de différentes espèces de poissons”, précise Jérôme Dezobry. “Ce que nous voulons, c’est faire un canal vivant”, poursuit-il.

Des réunions “très locales” sont aussi organisées avec les habitants afin de “co-construire les projets d’aménagement”, comme les ponts traversant le canal ou la localisation des pistes cyclables dessinées aux abords des berges.

Plus de 400 personnes travaillent déjà sur le projet. Et la première phase des travaux a été lancée au printemps 2021, sur le secteur sud du canal. Par ailleurs, “des clauses d’insertion ont été ajoutées dans les marchés publics”. Les entreprises qui répondent aux appels d’offre doivent ainsi recruter un certain nombre de jeunes de moins de 25 ans ou plus largement des personnes éloignées, voire très éloignées, de l’emploi.

La Société du Canal Seine-Nord Europe pilote localement cette opération, avec pour premier contributeur financier l’Union européenne, via 2,1 milliards d’euros du mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE) consacrés au projet sur les 5,1 milliards nécessaires. Les Région Hauts-de-France et Ile-de-France ainsi que les Départements du Nord, de l’Oise, du Pas-de-Calais et de la Somme contribuent pour leur part à hauteur de 1,1 milliards d’euros. L’Etat participe lui aussi avec la même somme que ces collectivités. Enfin, les 0,8 milliard d’euros restants proviennent de l’emprunt.

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2 commentaires

  • Avatar privé
    Patrick-Georges RENARD

    J’aimerais connaître les entreprises sélectionnées pour réaliser les travaux, principalement concernant ceux de la tranche Deûlemont-Halluin. Merci

  • Avatar privé
    François HOIZEY

    Merci de me préciser quels sont les financeurs du 1,9 milliard restant (l’Union Européenne couvrant 2,1 milliards € et les collectivités territoriales 1,1 milliard €). Merci