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Carole Delga : “Nous œuvrons sans cesse pour construire l’Europe de la proximité et du quotidien”

Carole Delga, présidente de la région Occitanie et de Régions de France, présente ses attentes pour la programmation 2021 - 2027, le rôle de la région dans la gestion des fonds européens, et ses actions pour favoriser une Europe plus proche des territoires.

Carole Delga est la présidente de la région Occitanie
Carole Delga est présidente de la région Occitanie et de Régions de France - Crédits : Philippe Grollier / Région Occitanie

Quels ont été les thèmes prioritaires de votre Région dans l’octroi de fonds lors de la programmation des fonds européens 2014-2020 ?

L’Occitanie bénéficie de plus de 3,4 milliards d’euros de fonds européens au titre des différents programmes et la Région en gère 3,2 milliards.

L’ambition que nous portons, comme au niveau des politiques régionales, est de répondre aux défis qui se posent à nous. Je pense à la transition énergétique, à l’innovation, au développement de nos petites et moyennes entreprises (PME), à l’adaptation du secteur touristique et la valorisation de notre patrimoine, à la formation des demandeurs d’emploi, à la remobilisation des jeunes qui ont décroché du système scolaire dit classique. C’est pourquoi une majeure partie des 893 millions d’euros gérés par la Région Occitanie au titre de 2 programmes régionaux (couvrant notamment le Fonds européen pour le développement régional et le Fonds social européen, ndlr) a été orientée sur ces priorités, dont 352 millions d’euros fléchés sur la recherche, l’innovation, les PME et le numérique. 193 millions d’euros sont quant à eux dédiés à la transition énergétique et écologique.

Ces programmes ont été construits à l’époque en veillant à une bonne articulation avec nos stratégies et schémas régionaux, l’objectif étant d’optimiser l’effet levier et de former un pack solide pour soutenir la formation professionnelle, l’écologie, l’enseignement supérieur, le développement économique, etc. La même méthode a guidé à l’élaboration du programme 2021-2027.

Pourriez-vous nous parler d’une réalisation emblématique financée grâce à l’Union européenne dans votre Région dont vous êtes particulièrement fier ?

Je vais vous en donner deux, portées par la Région. A la fois uniques et emblématiques car totalement différentes, ces réalisations sont représentatives de notre diversité et de notre volonté de faire de notre territoire, un territoire entreprenant et tourné vers l’avenir, tout en revendiquant son passé prestigieux.

La première, FOSTER, notre instrument financier en faveur des PME, est un fonds de participation de presque un milliard d’euros financé par le FEDER et le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) à hauteur de 153 millions d’euros. A ce jour, il a permis de soutenir via des prêts, des garanties et du co-investissement, plus de 6 000 entreprises. Forte de l’expérience de JEREMIE-LR sur la période 2007-2013, et en collaboration avec le Fonds européen d’investissement (FEI), la Région Occitanie a déployé ce nouveau fonds, et pour la première fois en Europe, l’a doté d’un volet financé également par le FEADER. Cet instrument financier au service des PME traduit notre volonté de soutenir l’entreprenariat régional. Plus que jamais, le “Produire local” et la relocalisation de nos activités deviennent indispensables.

Le second, le Projet PACAERO est porté par l’Institut national polytechnique de Toulouse en partenariat avec Airbus, Safran et Zodiac Aerospace. Il consiste à étendre la plateforme dédiée à la recherche sur l’utilisation de l’hydrogène, notamment pour permettre l’étude expérimentale des potentialités des technologies H2 pour les piles à combustible dans l’aéronautique. Ce projet a bénéficié d’une aide du FEDER de 1 386 344 d’euros. Il s’inscrit dans notre ambition plus large en faveur de l’hydrogène vert qui est l’une des solutions permettant de concilier lutte contre le réchauffement climatique et développement d’un secteur économique clé pour notre région, à savoir l’aéronautique mais aussi les mobilités du futur.

Quelles sont vos attentes pour la nouvelle programmation 2021-2027 ? Pensez-vous que celle-ci apporte une réponse suffisante aux défis rencontrés par les entreprises de l’aéronautique, secteur moteur de votre économie régionale ?

De la proximité et de la simplification ! Il me semble important que l’Europe soit à l’écoute des territoires, qu’elle s’en rapproche plus et mieux. Nous œuvrons sans cesse pour construire l’Europe de la proximité et du quotidien. Les aides de la politique de cohésion ou de la politique agricole commune (PAC) y contribuent par la réalisation de projets concrets, visibles par tous. Quand je suis sur le terrain, j’entends trop souvent les porteurs de projets se plaindre de la complexité des dossiers, ce que je comprends, sans compter que les équipes en charge de leur gestion sont accaparées par le détail administratif au détriment de l’accompagnement. Et ça, ce n’est pas très bon pour l’image de l’Europe. Il doit y avoir une simplification réelle et en profondeur. L’Europe ne pourra qu’y gagner en termes de lisibilité et de reconnaissance de son soutien. Tout le monde y gagnera et nos concitoyens en tête ! Il semblerait que la future programmation mette en œuvre de plus larges simplifications, mais j’attends de voir concrètement ce que cela va donner sur le terrain.

C’est vrai que l’aéronautique est un secteur clé de notre économie et qu’il doit se positionner sur l’avion vert de demain qui se construira en Occitanie, berceau de la filière. La politique de cohésion apporte des réponses intéressantes, notamment sur le développement des PME, les innovations et la recherche et le développement. Et le secteur de l’aéronautique en Occitanie est concerné au premier chef avec un réseau de sous-traitants unique en Europe. Je regrette cependant que les besoins en investissements des entreprises de taille intermédiaire (inférieures à 3 000 salariés) ne puissent pas être mieux accompagnés. J’aurais souhaité plus de volontarisme en la matière de la part de la Commission, et qu’elle nous fasse confiance sur les choix de soutien que nous pouvons apporter à ces entreprises. Nous sommes quotidiennement en contact avec elles et connaissons leurs besoins.

Comment l’aide du plan de relance s’est-elle traduite dans votre Région ? La crise économique liée au Covid-19 vous a-t-elle amené à soutenir un secteur en particulier ?

Pour la mobilisation des crédits de l’initiative REACT-EU (déployée dans le cadre du plan de relance européen et alimentant les programmes de la politique de cohésion, ndlr), nous avons souhaité accompagner la transition énergétique et numérique de nos territoires, mais également soutenir le secteur de la santé afin de mieux le préparer à d’éventuelles nouvelles crises comme celle que nous connaissons aujourd’hui.

Nous travaillons actuellement sur plusieurs projets portés par des centres hospitaliers de la région, et qui prennent en compte les failles révélées par la crise sanitaire.

Je reste convaincue que le système de soins doit être, encore plus qu’avant, traité en proximité. Et REACT-EU nous y aide.

Compte tenu de l’importance du secteur du tourisme dans notre région, nous avons aussi proposé de soutenir des actions en sa faveur, notamment pour lui permettre de s’adapter à la situation actuelle, en diversifiant les activités mais aussi et surtout pour se relancer en captant de nouvelles clientèles.

La Conférence sur l’avenir de l’Europe a été lancée en mai dernier. En tant que Présidente de Région, comment aimeriez-vous voir évoluer la politique régionale de l’Union européenne ?

La politique régionale doit être pérennisée car elle est un ciment de la construction européenne. Elle matérialise à la fois les valeurs de solidarité entre les Etats, et les objectifs partagés entre tous à atteindre, comme en matière de transition énergétique. En fléchant des moyens financiers sur ces objectifs communs, la politique régionale contribue à consolider l’Europe et à la faire avancer d’un même pas.

Elle est également le moyen pour l’Europe d’agir au cœur des territoires. Pour une action efficace, elle se doit d’être lisible, et cela passe par une simplification réelle, mais également d’être menée de concert avec le niveau territorial le mieux adapté, en l’occurrence les Régions, comme son nom le spécifie si bien. L’Europe doit agir en proximité pour regagner le cœur des citoyens et lutter contre les replis nationaux. La proximité c’est l’alma mater de l’action de la Région Occitanie. Ainsi à l’instar du Pacte Vert européen, notre Région s’est dotée d’un Pacte Vert d’Occitanie après avoir notamment organisé une convention citoyenne.

Je conclurai donc en disant que la politique régionale doit évoluer vers plus de synergies avec les actions des Régions, qu’elle doit être menée avec une confiance accrue entre les Régions et le niveau communautaire, et dans une approche qui tienne compte des spécificités de chacune. Je m’y emploierai au titre de mes fonctions à la tête de Régions de France.

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