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Avenir de l’Europe : “Nous avons parfois l’impression de trop débattre de ce que nous ne pouvons pas faire, au lieu de parler des actions que nous menons déjà”

En marge d’un événement de suivi de la Conférence sur l’avenir de l’Europe qui s’est tenu le 2 décembre à Bruxelles, le président du Comité européen des régions Vasco Alves Cordeiro a répondu aux questions de Toute l’Europe. Il a détaillé les mesures qui pouvaient être mises en œuvre par les autorités locales et régionales.

Le président du Comité européen des régions Vasco Cordeiro lors de l'événement de suivi de la Conférence sur l'avenir de l'Europe le 2 décembre à Bruxelles
Le président du Comité européen des régions Vasco Cordeiro lors de l’événement de suivi de la Conférence sur l’avenir de l’Europe le 2 décembre à Bruxelles - Crédits : Parlement européen

La Conférence sur l’avenir de l’Europe a achevé ses premiers travaux en juin dernier, mais le débat autour d’une réforme de l’Union européenne continue. Ancien président du parlement régional des Açores, une région autonome du Portugal, Vasco Alves Cordeiro a répondu à nos questions sur le futur de l’Europe, début décembre, à Bruxelles. L’occasion pour lui de tirer un premier bilan de son action à la tête du Comité européen des régions, l’institution qui porte la voix des élus locaux et régionaux au sein de l’UE. Et de rappeler l’importance de la politique européenne de cohésion.

Toute l’Europe : Six mois après la fin des travaux de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, quel regard portez-vous sur cet exercice ?

Vasco Cordeiro : Tout d’abord, permettez-moi d’exprimer la satisfaction du Comité européen des régions d’avoir eu l’opportunité de participer à la Conférence sur l’avenir de l’Europe. En tant qu’organe consultatif qui représente la voix des autorités locales et régionales à travers l’Europe, nous sommes convaincus que ces gouvernements locaux peuvent être très utiles.

Le Comité des régions a suivi non seulement les travaux de la Conférence, mais aussi la mise en œuvre de ses conclusions. Et nous voyons les choses de la manière suivante : il est très important de ne pas se laisser distraire de l’essentiel, à savoir honorer la confiance que les citoyens ont placé dans les institutions européennes pour faire face aux défis de notre époque.

Concrètement, comment le Comité des régions compte agir pour pousser les institutions et les Etats membres à répondre aux recommandations faites par les citoyens européens ?

Dans un premier temps, nous devons tenir les citoyens informés et impliqués, avec des initiatives comme celle à laquelle nous assistons aujourd’hui [vendredi 2 décembre, NDLR], mais aussi de manière quotidienne. Il faut faire circuler l’information. Et pour cela, il y a un réseau de personnes à travers l’Europe, construit par le Comité européen des régions, qui peut fournir une aide.

Ensuite, il y a une responsabilité, voire une obligation, pour chaque institution politique de l’UE d’essayer de mettre en œuvre ce que les citoyens ont proposé. Les autorités locales et régionales de toute l’Europe savent exactement ce que cela implique. En matière de climat par exemple, avec l’initiative “Green Deal Going Local” déjà mise en place, mais également dans les transports et la mobilité. Elles ont aussi les moyens de renforcer la participation des citoyens et le processus démocratique aux niveaux régional et local. Ce qui est ressorti de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, c’est que c’est à chacun de nous de le réaliser pour y parvenir, pas uniquement aux institutions européennes.

Pour appliquer ce que les citoyens ont proposé, les traités européens devront-ils également être modifiés ?

Dans une résolution votée par le Comité européen des régions en juin dernier, nous avons clairement indiqué que si les propositions nécessitent une modification des traités, alors nous devons aller de l’avant. Ce n’est pas un problème pour nous.

Mais parfois, nous avons le sentiment que nous débattons et discutons trop de ce que nous ne pouvons pas faire au lieu de mettre en avant les actions que nous menons déjà pour mettre en œuvre les conclusions de la Conférence. Il est très important de ne jamais oublier que la révision des traités est importante pour certaines mesures, mais que la volonté des citoyens européens ne se résume pas uniquement aux aspects qui impliquent une révision des traités. Il y a beaucoup de travail à faire, et nous devons démontrer que nous effectuons ce travail.

Les citoyens ont exprimé leur crainte de voir les institutions choisir uniquement certains des propositions. Partagez-vous leur crainte ?

Toutes les recommandations doivent être reprises. La distinction que j’ai faite est entre les propositions qui nécessitent des changements dans les traités pour les mettre en œuvre, et beaucoup d’autres qui peuvent être mises en œuvre dès maintenant. Mais toutes doivent être mises en œuvre, car la sélection des “meilleures” solutions mettrait en péril la crédibilité du processus et de ses protagonistes.

La prise en compte des attentes des jeunes est un élément fort de la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Quel bilan tirez-vous de l’Année européenne de la jeunesse qui s’achève à la fin 2022 ?

Il est important de garder à l’esprit les objectifs de l’Année européenne de la jeunesse. Nous n’allons pas arrêter de considérer et d’impliquer les jeunes après cette année dédiée. Rappelons-nous que l’implication des jeunes est un processus continu, avec des réalisations.

Toutes les initiatives de 2022 ont démontré un énorme potentiel, non seulement pour relever certains des défis auxquels les jeunes sont confrontés aujourd’hui, mais surtout pour impliquer la jeunesse dans le processus de prise de décision. Et c’est exactement la raison pour laquelle le Comité européen des régions a, au cours de sa séance plénière, approuvé ou soutenu ce que nous avons appelé une Charte de la jeunesse et la démocratie au niveau local et régional.

Enfin, s’il y a bien un moment où la participation des jeunes est absolument essentielle, c’est maintenant. En tant que société, nous avons besoin de champions des valeurs. Des valeurs telles que la démocratie, la tolérance, le respect, l’état de droit. Et les jeunes Européens le peuvent, ils ont la générosité pour être les champions de ces valeurs.

Vous êtes depuis 6 mois à la tête du Comité européen des régions. Pouvez-vous dresser un premier bilan ?

Le premier constat est que le temps passe vite. Aujourd’hui, les autorités locales et régionales jouent un rôle majeur pour faire face aux défis actuels auxquels l’Europe est confrontée : la pandémie, la guerre en Ukraine et leurs conséquences économiques et sociales. Les collectivités locales et régionales sont à l’avant-garde de cet effort.

En février, la Commission a présenté l’avenir de cette politique de cohésion dans son huitième rapport sur le sujet. Pour les régions, les villes et les municipalités de toute l’Europe, c’est une question de la plus haute importance. Car c’est la politique de cohésion qui permet à l’Europe de se réaliser, en particulier au niveau local et régional. C’est aussi elle qui permet d’atteindre l’un des principaux objectifs de l’UE : la cohésion économique, sociale et territoriale.

Ces six mois démontrent donc le potentiel du travail que le Comité européen des régions peut accomplir pour relever les défis actuels. Nous nous préparons à l’avenir.

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