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Ary Chalus : “L’Europe est un de nos partenaires majeurs pour le développement économique, social et culturel de notre archipel”

Construction, rénovation, environnement… Le président du Conseil régional de Guadeloupe Ary Chalus revient sur ses thèmes prioritaires, détaille les réalisations emblématiques soutenues par les fonds européens dans la région, et nous livre ses espoirs pour l’avenir.

Ary Chalus est le président de la Région Guadeloupe
Ary Chalus est le président de la Région Guadeloupe - Crédits : Région Guadeloupe

Quels ont été les thèmes prioritaires de votre Région dans l’octroi de fonds lors de la programmation des fonds européens 2014-2020 ?

L’Europe est un de nos partenaires majeurs pour le développement économique, social et culturel de notre archipel, à travers les fonds européens dont la gestion est principalement assurée par la Région Guadeloupe.

Durant la programmation européenne 2014-2020, la Guadeloupe a bénéficié d’environ un milliard d’euros pour le développement de son territoire : 750 millions d’euros pour le développement économique, environnemental et humain, 233 millions d’euros pour une agriculture durable et un développement rural, en harmonie avec nos valeurs et nos traditions, 64,3 millions d’euros pour la coopération régionale, préalable indispensable à notre ouverture sur le monde et 9 millions d’euros pour les affaires maritimes et la pêche pour promouvoir et développer notre économie bleue.

Les fonds européens ont permis le financement de très nombreux projets portés par nos entreprises, nos chercheurs, nos collectivités, nos associations et ont soutenu également le développement humain.

Les priorités de soutien ont été en adéquation avec les priorités stratégiques régionales : la compétitivité des petites et moyennes entreprises, notamment dans le secteur touristique avec la montée en gamme de nos hôtels ; le développement du numérique, levier clé de la compétitivité de notre territoire, le développement des énergies renouvelables, les investissements pour les équipements structurants, dans les domaines de l’eau potable et de l’assainissement, le traitement des déchets, la mise aux normes parasismiques des établissements scolaires, les aides au fret pour réduire le coût des matières premières nécessaires à la production de nos entreprises. La formation professionnelle est aussi au cœur du soutien européen et régional. Enfin, le développement rural et l’agriculture en particulier, ont été également prioritaires avec l’objectif d’accroître notre autonomie alimentaire.

Pourriez-vous nous parler d’une réalisation emblématique financée grâce à l’Union européenne dans votre Région dont vous êtes particulièrement fier ?

Plusieurs opérations majeures pour la Guadeloupe, financées grâce aux fonds européens, peuvent être citées :

La mise aux normes parasismique de la cité scolaire de Baimbridge, l’un des plus importants établissements scolaires de la Guadeloupe. Construit dans les années 1960, ce lycée, le plus grand du territoire, présentait de nombreux signes de vulnérabilité aux séismes, faisant courir un risque important aux élèves, aux enseignants, à toute la communauté éducative. Les locaux par ailleurs, n’étaient plus adaptés aux activités et pédagogies. Sur un territoire soumis à des risques naturels importants (ouragans, séisme…), l’un des défis du projet était d’abord de mettre en sécurité les élèves de la cité scolaire en rendant conforme cet établissement aux règles et normes parasismiques. Mais le plus gros défi de cette opération, hormis la restructuration et le renforcement parasismique d’un établissement emblématique de la Guadeloupe, est la réalisation de travaux en site occupé puisque les travaux, malgré leur ampleur, se déroulent en perturbant le moins possible le fonctionnement de l’établissement. Le projet représente aussi un véritable challenge pour les entreprises guadeloupéennes car il est un des plus gros chantiers en Guadeloupe. Le montant des financements européens dont a bénéficié ce projet est de 20 millions d’euros.

La construction du barrage de Moreau : il s’agit du plus important projet financé par l’Europe en Guadeloupe avec le fonds européen agricole (29,1 millions d’euros). Mis en œuvre par la Région, la réalisation du barrage de Moreau participe à étendre le réseau d’eau agricole et a pour objectif de fournir une capacité supplémentaire d’environ 950 000 mètres cubes d’eau pour l’irrigation agricole de la Côte-au-Vent, souvent touchée par la sécheresse en période de carême. Le rôle du barrage est donc de permettre le stockage d’eau brute lorsque les ressources sont suffisantes en période d’hivernage et de la restituer progressivement de janvier à juin, lorsque les rivières sont basses. Il contribue ainsi à assurer un développement équilibré du territoire.

Déchèterie de la ville de Pointe Noire : un projet qui s’inscrit dans une programmation globale de construction de 8 déchèteries, en maîtrise d’ouvrage directe régionale pour le compte des deux agglomérations de la Basse-Terre : la CANBT (3 déchèteries respectivement localisées à Pointe-Noire, Goyave et Petit-Bourg) et la CAGSC (5 déchèteries situées à Bouillante, Baillif, Trois-Rivières, Terre-de-Haut et Terre-de-bas, ainsi qu’un quai de transfert à Baillif). Ce programme d’envergure résulte du plan régional de prévention et de gestion des déchets et traduit la volonté de la Région Guadeloupe de préserver la biodiversité exceptionnelle de l’archipel afin de réaliser des économies d’énergies et d’atteindre l’objectif de 0 déchet d’ici 2035.

L’amélioration des réseaux d’eau potable : au total, ce sont plus de 54 millions d’euros investis par l’Europe pour soutenir les projets portés par les collectivités afin de sécuriser l’approvisionnement en eau potable et améliorer le quotidien des Guadeloupéens. On peut citer en particulier le renouvellement de 15 kilomètres de canalisations à Capesterre Belle Eau, ville particulièrement touchée par les coupures d’eau alors que son territoire est la source principale d’approvisionnement en eau de toute la Guadeloupe.

Quelles sont vos attentes pour la nouvelle programmation 2021-2027 ?

L’année 2022 marque également le début d’une nouvelle période. Celle de la mise en œuvre de nouveaux programmes européens issus d’une large concertation menée avec tous les acteurs locaux, autour de thématiques majeures telles que la compétitivité des entreprises, l’innovation, la recherche, l’environnement, l’eau potable, les transports, le numérique, la formation, l’agriculture…

Ces programmes répondent à cinq priorités stratégiques :

  • une Guadeloupe plus innovante, grâce à la recherche, à la numérisation, à la transformation économique et au soutien aux petites et moyennes entreprises ;
  • une Guadeloupe plus verte et à zéro émission de carbone, qui investit dans la transition énergétique, les énergies renouvelables et la lutte contre le changement climatique ;
  • une Guadeloupe plus connectée, dotée de réseaux stratégiques de transports et de communication numérique ;
  • une Guadeloupe plus sociale, qui soutiendra les emplois de qualité, l’éducation, les compétences, l’inclusion sociale et l’égalité d’accès aux soins de santé ;
  • une Guadeloupe plus proche des citoyens, qui soutiendra les stratégies de développement pilotées au niveau local et le développement urbain durable dans toute l’Union européenne.

Comment l’aide du plan de relance s’est-elle traduite dans votre Région ? La crise économique liée au Covid-19 vous a-t-elle amené à soutenir un secteur en particulier ?

Dans le cadre du plan de relance européen, la Guadeloupe bénéficie d’une dotation supplémentaire de 134 millions d’euros sur le programme opérationnel FEDER-FSE.

L’objectif en Guadeloupe est de soutenir avec ce plan de relance la reprise résiliente, numérique et écologique de l’économie. Ainsi les thématiques soutenues concernent la transition vers une économie verte, le soutien aux PME, le numérique et les services de base aux citoyens, l’éducation et la formation.

Parmi les priorités majeures : la sécurisation des infrastructures avec la mise aux normes parasismiques des écoles et des ouvrages d’art car nous sommes dans une zone géographique particulièrement soumise aux risques naturels et climatiques avec une enveloppe dédiée de 55 millions d’euros.

L’amélioration du système de santé est une autre priorité. L’objectif est de renforcer le système de soins dans son ensemble pour le rendre plus performant et ainsi offrir de meilleurs services de santé à la population. 15 millions d’euros ont été attribués à des projets tels que l’acquisition d’un scanner au centre hospitalier de Basse Terre, le soutien aux PME en renforçant le fonds de roulement ou l’investissement en faveur des PME à travers des instruments financiers notamment le prêt Rebond régional à taux zéro, le fonds de résilience (avance remboursable) avec une enveloppe de 15 millions d’euros.

Enfin, l’accès au numérique par le développement du wifi territorial et le soutien à la formation et l’éducation aux métiers du numérique.

La Conférence sur l’avenir de l’Europe a été lancée en mai dernier. En tant que Président de Région, comment aimeriez-vous voir évoluer la politique régionale de l’Union européenne pour les régions ultrapériphériques ?

Nous nous sommes engagés à conduire des politiques qui changent la vie de nos concitoyens et l’Europe doit veiller à soutenir notre capacité à agir efficacement. Ce soutien ne doit pas être fragilisé par des décisions hasardeuses.

Agir maintenant pour demain, c’est aussi assumer la transition énergétique qui a vocation à mieux accompagner la transformation de nos modes de vie et nous préparer au mieux à la transition de nos mobilités.

A coté de cette révolution énergétique nous nous sommes engagés à revoir notre modèle de production agricole et construire notre souveraineté alimentaire. Revoir le soutien à la production locale et à l’autoconsommation s’avère dès lors essentiel.

C’est tout un pan de la politique agricole, telle qu’elle s’applique dans les RUP qu’il nous faut alors repenser.

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