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Apóstolos Tzitzikóstas : “Nous devons aider l’Ukraine par tous les moyens possibles”

Réunis à Marseille pour le sommet européen des Régions et des Villes, les élus locaux et régionaux ont unanimement manifesté leur soutien à l’Ukraine. Mais ils ont aussi demandé à l’Union européenne de réévaluer le rôle consultatif du Comité européen des régions, comme l’explique le président Apóstolos Tzitzikóstas.

Apóstolos Tzitzikóstas était présent au sommet de Marseille, co-organisé par le Comité européen des régions et la Région Sud-Provence-Alpes-Côte-d'Azur
Apóstolos Tzitzikóstas était présent au sommet de Marseille, co-organisé par le Comité européen des régions et la Région Sud-Provence-Alpes-Côte-d’Azur - Crédits : John Thys / Union européenne

A l’issue du sommet européen des Régions et des Villes de Marseille (3-4 mars), où plus de 2 000 dirigeants locaux et régionaux étaient réunis, nous avons rencontré le président du Comité européen des régions, Apóstolos Tzitzikóstas, gouverneur de la région de Macédoine centrale (Grèce). L’occasion de tirer le bilan d’un temps de travail centré sur la relance économique et la place du citoyen dans la démocratie européenne, mais également marqué par les premiers jours de la guerre en Ukraine…

Le sommet européen des Régions et des Villes s’est tenu dans un contexte international tendu et dramatique. L’Ukraine est un pays frontalier de l’Union européenne. Quels contacts avez-vous avec les autorités locales des régions frontalières ?

Bien sûr, nous sommes en contact avec des maires en Ukraine. Ils m’ont décrit la situation horrible à laquelle ils font face en ce moment. Nous avons d’ailleurs eu des messages vidéo et des interventions de responsables ukrainiens lors de ce sommet, comme celle du maire de Kiev, Vitali Klitschko, à qui nous avons décerné le titre de membre honoraire du Comité européen des régions.

Nous avons également échangé avec des élus de l’Union européenne qui se trouvent près de la frontière ukrainienne : en Roumanie, en Hongrie, en Pologne… Nous sommes en train de voir comment le Comité européen des Régions peut les aider. Plus d’un million de personnes ont déjà été déplacées ! L’aide humanitaire doit arriver rapidement dans les villes et villages proches de notre voisin ukrainien.

Que peut faire l’Union européenne ?

Les fonds de cohésion peuvent être réorientés pour financer l’accueil des réfugiés. C’est la piste privilégiée. Habituellement, ces fonds de cohésion sont utiles pour investir dans des infrastructures de long-terme dont les régions et les villes ont besoin. Pour autant, il est possible de les mobiliser dans des temps difficiles pour contenir les crises comme celle que nous avons connue avec la pandémie et maintenant avec le défi que représente l’accueil des Ukrainiens. Le Fonds européen de développement régional (FEDER) de la période 2021-2027 peut déjà financer des logements temporaires, des services sociaux et des mesures d’intégration pour les réfugiés.

L’Europe montre encore une fois qu’elle sait apprendre de ses erreurs. Dans le cas de la crise migratoire dans les années 2010, l’Union européenne avait laissé les Etats membres et les Régions seules avec ce défi. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. L’Europe est aux côtés des Villes et des Régions, nous les soutenons.

Le sommet s’est achevé vendredi 4 mars. Que retenez-vous de ces deux jours de travail à Marseille ?

Je retiens avant tout le message fort de solidarité avec l’Ukraine. L’Ukraine se trouve en Europe. C’est un partenaire stratégique de l’Union européenne. Nous devons être là pour l’aider, par tous les moyens possibles.

J’ai aussi remarqué la détermination des maires et des présidents de Régions pour que l’Europe soutienne davantage les territoires. L’UE doit leur accorder un rôle plus important. Les Régions et les Villes sont la clé d’un rapprochement de l’Union européenne et de ses citoyens. Ils doivent sentir qu’ils prennent part au processus de décision au niveau européen, car la législation européenne a des conséquences sur leur vie.

C’est ce qui est inscrit dans le manifeste “L’Europe commence dans ses propres régions, ses propres villes et ses propres villages”, présenté à la fin du sommet de Marseille…

Oui. Nous demandons dans ce manifeste des élus locaux et régionaux que le rôle consultatif du Comité européen des régions soit réévalué. Une meilleure prise en compte de l’expertise des collectivités locales aboutira à une réglementation plus intelligente, et à une légitimité démocratique accrue de l’Union. Nous représentons 240 Régions et 90 000 communes. Elles doivent avoir leur mot à dire dans la procédure législative, et spécialement dans le cas où il y a un aspect territorial.

A ce propos, quel rôle peuvent avoir les Régions dans la relance économique en Europe ?

L’Union européenne a su faire preuve de réactivité lors de la crise liée à la pandémie. Les collectivités locales doivent maintenant occuper un rôle de protagonistes. C’est la seule manière, si nous voulons une relance rapide, qui apporte des solutions aux besoins réels des citoyens. Les Régions et les Villes savent bien quels sont les problèmes et comment utiliser l’argent dans les territoires. Dans le cas du plan de relance européen, comme dans celui de la politique de cohésion, elles doivent être impliquées pour obtenir le meilleur résultat possible. Une approche centralisée freinerait la reprise économique de l’Europe.

Le nouveau rapport sur la politique de cohésion est sorti récemment. Il montre que la manière d’utiliser les fonds change. Elle devient plus flexible. Cela va nous permettre d’aller à l’essentiel et plus vite. C’est cette flexibilité qui nous importe.

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