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Vu d’Europe : en Autriche, la montée de la droite nationaliste

A quelques jours du scrutin européen, l’Autriche s’apprête à devenir l’un des Etats membres où les eurosceptiques réuniront plus de 20% des voix. Ici, le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) devrait se classer au moins deuxième aux élections européennes, remportant 4 ou 5 sièges dans l’hémicycle de Strasbourg. Ses candidats s’en prennent à l’Union européenne, aux immigrés et aux banques. Et afin de jouer un rôle plus important dans le nouveau parlement, le FPÖ a accepté de fonder une alliance européenne avec d’autres partis, dont le Front national.

Le FPÖ sur la voie de la dédiabolisation

“Pour qui travaillez-vous ? Car la presse ne fait que parler d’un “héritage nazi” et cela ne m’intéresse pas” , affirme Georg Mayer, candidat du FPÖ aux élections européennes. Comme le Front national en France, le Parti de la liberté d’Autriche pèse chacun de ses mots durant sa campagne en vue du 25 mai et affiche son côté “politiquement correct” . “Nous demandons simplement moins d’Europe, comme le fait David Cameron” , poursuit le candidat autrichien. Cependant, ce n’est pas avec les Tories britanniques que le FPÖ s’est allié en vue du scrutin européen, mais plutôt avec le FN, le PVV de Geert Wilders ou encore avec la Ligue du Nord en Italie.
“Le FPÖ veut se montrer plus modéré” , explique Wolfgang Böhm, journaliste au quotidien autrichien Die Presse. “Aujourd’hui, je ne dirai pas qu’il s’agit d’un parti d’extrême droite, mais plutôt de droite radicale” . Sous la leadership de Heinz-Christian Strache, à la tête du parti depuis 2005, le FPÖ a redoré son image. Aujourd’hui, le parti prend ses distances de tous les propos racistes ou néo-nazis : le FPÖ se veut un parti conservateur, eurosceptique mais politiquement correct. Et l’actualité récente confirme cette tendance.
Début avril, l’eurodéputé et tête de liste du FPÖ Andreas Mölzer a été contraint de retirer sa candidature, après avoir parlé de l’Union européenne comme d’un “conglomérat de nègres” et avoir insulté un footballeur autrichien pour ses origines africaines. “L’affaire Mölzer a duré au moins deux semaines” , raconte le journaliste Wolfgang Böhm. “Au début, M. Strache a défendu sa tête de liste et il s’est limité à exiger de sa part des excuses formelles. Mais quand M. Mölzer a insulté le footballeur David Alaba, M. Strache lui a demandé de se retirer” .

Les nationalistes d’Europe unis contre Bruxelles

La dédiabolisation est une nécessité dans cette campagne européenne, notamment depuis que le parti autrichien s’est allié avec ses homologues français, italien ou encore néerlandais. Aujourd’hui, des propos xénophobes, racistes ou néo-nazis pourraient nuire non seulement au FPÖ, mais également à ses alliés européens. Une certaine coordination des campagnes électorales s’est donc imposée, afin que tous les partis qui prennent part à l’alliance s’en tiennent au même registre et poursuivent le même objectif.

“Le but de l’alliance est d’avoir, après les élections, un groupe politique commun au sein du Parlement européen” , résume le candidat du FPÖ Georg Mayer. Réuni en un seul groupe politique, les eurosceptiques pourraient jouer un rôle plus important au sein du Parlement. Mais pour y arriver, ils ont besoin d’au moins 25 élus, provenant d’un quart des Etats membres de l’UE : au moins sept pays différents. “Outre le FPÖ, l’alliance compterait la Ligue du Nord, le Front national, les Démocrates suèdois (SD), le PVV néerlandais ou encore les Belges du Vlaams Belang” , explique Wolfgang Böhm de Die Presse.

L’alliance pourrait donc respecter les critères nécessaires pour former un groupe commun. Cependant, rien n’assure que ce dernier durera longtemps. “Ce n’est pas la première fois que les eurosceptiques cherchent à s’allier” , commente le journaliste autrichien. “Ils ont essayé et échoué deux fois déjà : les nationalistes ont des idées différentes, c’est difficile pour eux de faire vivre une alliance” .

Le FPÖ, le premier parti des Autrichiens ?

Qu’ils réussissent ou pas à former un groupe au Parlement européen, les eurosceptiques remporteront sûrement un bon résultat en Autriche. “Aujourd’hui, nous sommes à 21-22% des voix selon les sondages” , affirme Georg Mayer. “Mais il reste encore quelques jours et je crois que nous pouvons nous classer en tête au scrutin européen” . Parmi les autres partis, le SPÖ (centre gauche, S&D) obtiendrait 23% des votes, contre 22% pour le ÖVP (centre droite, PPE). D’après les sondages, 16% des électeurs voteraient pour les Verts, tandis que les Libéraux devraient remporter 14% des voix.

Sur quels sujets se concentre donc la campagne du FPÖ pour ces élections ?

Outre, l’euroscepticisme le FPÖ a d’autres chevaux de bataille en vue des européennes. “Dans leur campagne électorale, ils s’expriment contre les instituts financiers et les banques” , analyse le journaliste Wolfgang Böhm. “Mais aussi contre l’immigration. Et dernièrement ils s’en prennent souvent à l’islam” . “Je les trouve ridicules” , commente Regina, jeune étudiante à l’Université de Klagenfurt en Autriche. “Ils n’arrêtent pas de dire que les Bulgares et les Roumains viendront ici pour voler le travail des Autrichiens. Ils se croient au Royaume-Uni. Ils profitent du fait que le chômage a augmenté [4,9% en mars 2014] et que les gens doutent de l’utilité de la monnaie unique” , poursuit la jeune autrichienne. “Cependant, ils auront malheureusement pas mal de votes. Le FPÖ intercepte les craintes des Autrichiens” .

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