Le FPÖ sur la voie de la dédiabolisation
Les nationalistes d’Europe unis contre Bruxelles
La dédiabolisation est une nécessité dans cette campagne européenne, notamment depuis que le parti autrichien s’est allié avec ses homologues français, italien ou encore néerlandais. Aujourd’hui, des propos xénophobes, racistes ou néo-nazis pourraient nuire non seulement au FPÖ, mais également à ses alliés européens. Une certaine coordination des campagnes électorales s’est donc imposée, afin que tous les partis qui prennent part à l’alliance s’en tiennent au même registre et poursuivent le même objectif.
“Le but de l’alliance est d’avoir, après les élections, un groupe politique commun au sein du Parlement européen” , résume le candidat du FPÖ Georg Mayer. Réuni en un seul groupe politique, les eurosceptiques pourraient jouer un rôle plus important au sein du Parlement. Mais pour y arriver, ils ont besoin d’au moins 25 élus, provenant d’un quart des Etats membres de l’UE : au moins sept pays différents. “Outre le FPÖ, l’alliance compterait la Ligue du Nord, le Front national, les Démocrates suèdois (SD), le PVV néerlandais ou encore les Belges du Vlaams Belang” , explique Wolfgang Böhm de Die Presse.
L’alliance pourrait donc respecter les critères nécessaires pour former un groupe commun. Cependant, rien n’assure que ce dernier durera longtemps. “Ce n’est pas la première fois que les eurosceptiques cherchent à s’allier” , commente le journaliste autrichien. “Ils ont essayé et échoué deux fois déjà : les nationalistes ont des idées différentes, c’est difficile pour eux de faire vivre une alliance” .
Le FPÖ, le premier parti des Autrichiens ?
Qu’ils réussissent ou pas à former un groupe au Parlement européen, les eurosceptiques remporteront sûrement un bon résultat en Autriche. “Aujourd’hui, nous sommes à 21-22% des voix selon les sondages” , affirme Georg Mayer. “Mais il reste encore quelques jours et je crois que nous pouvons nous classer en tête au scrutin européen” . Parmi les autres partis, le SPÖ (centre gauche, S&D) obtiendrait 23% des votes, contre 22% pour le ÖVP (centre droite, PPE). D’après les sondages, 16% des électeurs voteraient pour les Verts, tandis que les Libéraux devraient remporter 14% des voix.
Sur quels sujets se concentre donc la campagne du FPÖ pour ces élections ?
Outre, l’euroscepticisme le FPÖ a d’autres chevaux de bataille en vue des européennes. “Dans leur campagne électorale, ils s’expriment contre les instituts financiers et les banques” , analyse le journaliste Wolfgang Böhm. “Mais aussi contre l’immigration. Et dernièrement ils s’en prennent souvent à l’islam” . “Je les trouve ridicules” , commente Regina, jeune étudiante à l’Université de Klagenfurt en Autriche. “Ils n’arrêtent pas de dire que les Bulgares et les Roumains viendront ici pour voler le travail des Autrichiens. Ils se croient au Royaume-Uni. Ils profitent du fait que le chômage a augmenté [4,9% en mars 2014] et que les gens doutent de l’utilité de la monnaie unique” , poursuit la jeune autrichienne. “Cependant, ils auront malheureusement pas mal de votes. Le FPÖ intercepte les craintes des Autrichiens” .