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Vers une ‘CIA’ européenne ?

Catherine Ashton souhaite créer une agence européenne de renseignements. Elle rédigerait actuellement une proposition pour la structure du futur corps diplomatique européen, avant de rendre un document final en mars. Rattachée au futur Service européen pour l’action extérieure, cette “CIA” version Europe résulterait de la fusion du Centre de situation conjoint de l’Union européenne (SitCen), le dispositif de surveillance du Conseil et le centre de crise de la Commission européenne.

Catherine Ashton veut créer une agence de renseignements…

Service européen pour l’Action extérieur (SEAE)

Le traité de Lisbonne prévoit que “dans l’accomplissement de son mandat, le haut représentant s’appuie sur un service européen pour l’action extérieure” (article 27 § 3 TUE).
Les grandes lignes directrices relatives à ce futur service européen pour l’action extérieure (SEAE) ont été approuvées par le Conseil européen le 30 octobre 2009.

Le haut représentant a ensuite été invité à présenter dès que possible après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne une proposition relative à l’organisation et au fonctionnement du SEAE. Cette proposition devra être adoptée par le Conseil européen fin avril 2010 au plus tard.

La proposition de la Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton, de créer un nouveau centre de renseignements, proche de la CIA (l’Agence centrale de renseignement) américaine, devrait être présentée officiellement en mars.

Comprendre le SEAE

Elle relève de la constitution plus large d’un Service européen pour l’action extérieure, nouvelle entité créée par le Traité de Lisbonne mais dont les contours restent flous, que la Baronne devra mettre en place avant avril.

Le nouveau centre de renseignements fera donc partie de ce SEAE et résulterait de la fusion de trois dispositifs existants : le Centre de situation conjoint de l’Union européenne (SitCen) et le dispositif de surveillance, rattachés actuellement au Conseil de l’UE, et la cellule de crise de la Commission européenne.

Le rapprochement de ces trois services, pour l’instant bien distincts, se justifie par la création du poste de Haut représentant qui fusionne lui-même les postes de Haut représentant pour la PESC (anciennement occupé par Javier Solana) et commissaire aux Relations extérieures.

Pour le moment, aucun document officiel n’a été présenté par la Baronne Ashton. Mais elle devrait cependant soumettre un document final courant mars.

Les contours de ce nouveau dispositif, son siège, ses missions ou encore sa composition sont pour le moment indéterminés.

Seule une rumeur circule actuellement, selon laquelle le Britannique William Shapcott, chef actuel du SitCen et ancien diplomate, serait le principal candidat au poste de directeur de cette structure, en raison de ses liens amicaux avec les services secrets des États membres.

… dont les contours restent à définir

Le mandat de ce nouveau département reste également à définir. Certains souhaiteraient qu’il se contente de faire des recommandations politiques et des rapports analytiques.

D’autres s’interrogent sur son rôle réel : servira-t-il à l’ensemble des Etats membres, chacun pouvant l’utiliser pour ses propres intérêts, ou devra-t-il être dédié à l’intérêt commun de l’Union ?


D’autres Etats membres, comme la Belgique et l’Autriche, proposent au contraire que soit créée une cellule de véritables agents secrets européens. Mais cette idée ne semble pas être retenue par leurs partenaires.

Pourtant, l’efficacité d’un tel service semble étroitement liée au caractère confidentiel des informations qu’il collecte. Actuellement, les rapports officiels du SitCen sont accessibles à l’ensemble des 27 via leurs représentants au sein du Comité politique et de sécurité (COPS), un groupe de diplomates des Etats membres qui se réunit régulièrement au sein du Conseil de l’UE pour discuter de questions de sécurité.


Mais la qualité de ces rapports est souvent mise en doute, certains diplomates considérant que les informations récoltées n’ont pas de réelle valeur ajoutée par rapport à celles que l’on peut trouver dans la presse. A côté de cela, les renseignements de qualité sont diffusés entre certains pays de l’Union qui coopérent via leurs services de sécurité nationaux.

La nouvelle structure devra donc élaborer son mode de fonctionnement, tandis que Mme Ashton entend prendre le contrôle du COPS lui-même, en lui assignant un président permanent pendant 5 ans.

Pour le moment, seraient pressentis au poste le Suédois Olof Skoog, le Belge Walter Stevens et l’Espagnol Carlos Fernandez Arias Minuesa. Mais c’est une Française qui serait favorite : Christine Roger, ancienne ambassadrice au sein du COPS, et qui travaille actuellement au secrétariat du Conseil de l’UE.

Des ‘RG’ européens vieux de 5 ans

La proposition de la Baronne Ashton de créer un service de renseignements ne part pas de rien. Mais la Britannique semble cependant vouloir lui donner une toute autre envergure.

L’Union européenne s’est en effet dotée, voilà plus de cinq ans, d’un service de renseignement, fort discret, appelée Centre de situation conjoint de l’Union européenne (SitCen).

Dirigé par William Shapcott, ce service regroupe une centaine de personnes réparties entre le Justus Lipsius (bâtiment du Conseil de l’UE) et le Cortenberg, le bâtiment de l’État-Major militaire européen. On est donc bien loin des 23 000 agents de la CIA !

La principale mission de ces agents des renseignements est de donner aux responsables politiques européens une synthèse réelle de la situation dans un pays : fiabilité du gouvernement, pouvoir des mouvements d’opposition ou terroristes… afin de les aider à prendre certaines dispositions politiques comme les embargos par exemple.

Pour cela la presse et Internet est bien sûr utilisée, mais également et surtout les renseignements fournis par les opérations européennes de défense déployées un peu partout dans le monde.

Le SitCen utilise enfin certaines informations envoyées par les “honorables correspondants” des États membres, à travers un réseau web ultra-sécurisé.

Deux autres dispositifs de renseignement complètent le SitCen, avec lequels ils pourraient être fusionnés :

  • le dispositif de surveillance du Conseil, situé au Justus Lipsius également et composé de 12 personnes de la police et des forces armées des Etats membres, récolte ses informations via les 23 polices de l’Union et les missions militaires comme en Géorgie.
  • Le Centre de crise de la Commission européenne, à l’angle du bâtiment Charlemagne et composé de 6 fonctionnaires, exploite un site Web sécurisé qui recense des informations sur les 118 conflits actifs dans le monde, à partir de sources recueillies des ambassades étrangères de la Commission. Il utilise les outils scientifiques, comme l’analyse des statistiques et des logiciels de haute technologie. Par exemple, un programme analyse les émissions de télévision du monde entier et sélectionne automatiquement les citations sur les termes de recherche, tels que les noms de personnes.

Courant 2010 donc, ces trois services pourraient être fusionnés.

En savoir plus

Le Service européen pour l’action extérieure - Touteleurope.fr

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