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Ukraine, Balkans, Energie : les enseignements d’un Conseil européen “historique”

Réunis à Bruxelles les 23 et 24 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement ont attribué le statut de candidat à l’adhésion à l’Ukraine et à la Moldavie et évoqué de nouvelles mesures pour assurer l’approvisionnement du continent en gaz. En revanche, ils n’ont pas répondu aux attentes des Balkans occidentaux, qui s’impatientent dans l’antichambre de l’Union européenne.

Le président du Conseil européen Charles Michel, la cheffe de la Commission Ursula von der Leyen et le chef d'Etat français Emmanuel Macron ont affiché leur satisfaction après l'octroi du statut de candidat à l'Ukraine et à la Moldavie
Le président du Conseil européen Charles Michel, la cheffe de la Commission Ursula von der Leyen et le chef d’Etat français Emmanuel Macron ont affiché leur satisfaction après l’octroi du statut de candidat à l’Ukraine et à la Moldavie - Crédits : Conseil européen

C’est “un moment historique” auquel ont assisté les Vingt-Sept, selon le président du Conseil européen Charles Michel. Réunis les 23 et 24 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement ont pris part au traditionnel Conseil européen d’été, marqué par l’octroi du statut de candidat à l’Ukraine et à la Moldavie.

L’Ukraine et la Moldavie, officiellement candidates

Depuis plusieurs mois, les dirigeants européens ont été habitués à voir l’Ukraine à l’agenda de leurs rencontres. Depuis le début du conflit le 24 février, c’est la cinquième fois qu’ils se se sont retrouvés jeudi et vendredi pour évoquer, entre autres, l’avenir de l’ancienne république soviétique. Cinq Conseils européens organisés alors que la France présidait quant à elle le Conseil de l’UE – un semestre d’ailleurs salué par Charles Michel et la présidente de la Commission Ursula von der Leyen à l’occasion de leur conférence de presse.

Jeudi 23 juin en début de soirée, la nouvelle, attendue depuis plusieurs jours, est donc tombée : l’Ukraine et la Moldavie ont obtenu le statut de candidat officiel à l’adhésion à l’UE. Une étape importante et franchie en un temps record. Kiev avait déposé son dossier le 28 février dernier, quatre jours après le début de l’invasion. La Moldavie l’avait suivie le 3 mars.

Aujourd’hui, vous avez pris l’une des décisions les plus importantes pour l’Ukraine depuis son indépendance il y a trente ans”, a salué le président ukrainien Volodymyr Zelensky, présent lors du sommet en visioconférence. Son homologue moldave, Maia Sandu, a quant à elle évoqué “une journée historique” pour son pays.

Un temps pressentie pour bénéficier du même traitement, la Géorgie devra quant à elle patienter encore un peu. Si Tbilissi avait également postulé le 3 mars dernier et qu’une partie de sa population a exprimé cette semaine son désir d’adhésion, elle n’a reçu qu’une “perspective” de rejoindre l’UE. “Le Conseil européen est prêt à accorder le statut de pays candidat à la Géorgie une fois que les priorités énoncées dans l’avis de la Commission sur la demande d’adhésion de la Géorgie auront été prises en compte”, peut-on ainsi lire dans les conclusions adoptées jeudi soir.

Pallier les conséquences de la guerre

Au-delà de cette annonce, les Vingt-Sept sont également revenus sur le conflit russo-ukrainien. Ces derniers ont ainsi convenu de “travailler rapidement à une augmentation supplémentaire de l’aide militaire”. Le Conseil européen a “[pris] note de la présentation prochaine par la Commission d’une proposition visant à accorder à l’Ukraine une nouvelle assistance macrofinancière exceptionnelle à hauteur de 9 milliards d’euros en 2022″.

Enfin, les dirigeants européens ont souligné l’importance de coordonner les efforts des Etats membres pour lutter contre le risque de pénurie alimentaire à l’échelle de la planète, notamment en Afrique. Des mesures qui pourraient s’appuyer sur le dispositif FARM (Food and agriculture resilience mission -Mission de résilience alimentaire et agricole), un ensemble de mesures visant à améliorer le fonctionnement des marchés agricoles, à faire preuve de solidarité vis-à-vis des pays en développement et à investir dans les zones les plus vulnérables.

L’Europe de juin 2022 est très différente de celle de janvier 2022”, a souligné le chef de l’Etat français vendredi avant d’évoquer les conséquences économiques du conflit ukrainien. Dans un contexte de très forte inflation et alors que la menace d’une coupure généralisée du gaz par la Russie plane sur l’Europe, les Vingt-Sept ont convenu d’intensifier leurs efforts en la matière. En mai, la Commission européenne avait présenté son plan RepowerEU visant à diversifier les approvisionnements et à promouvoir une meilleure efficacité énergétique. Dans ses conclusions, le Conseil européen a “invité la Commission à poursuivre ses efforts dans le domaine de l’énergie en vue de sécuriser l’approvisionnement à des prix abordables”. La présidente de l’exécutif européen s’est ainsi engagée à présenter un plan d’urgence sur le sujet dès le mois de juillet.

Contraste avec les Balkans occidentaux

Jeudi matin, les Vingt-Sept se sont également entretenus avec les pays candidats des Balkans occidentaux (Albanie, Macédoine du Nord, Monténégro et Serbie) ainsi que la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo, qui souhaitent également obtenir ce statut. 

Tous attendaient des avancées sur leurs dossiers respectifs, mais en sont ressortis déçus. La joie des dirigeants moldave et ukrainien a ainsi contrasté avec l’agacement affiché par le président serbe notamment. “Nous n’avons rien obtenu”, a sèchement déclaré Aleksandar Vucic.

La Macédoine du Nord et l’Albanie, les deux pays qui étaient susceptibles de voir leur dossier avancer, n’ont pas été mieux lotis. Car la Bulgarie continue de bloquer le dossier macédonien en raison d’un contentieux historique et culturel. Et le Premier ministre bulgare Kiril Petkov, prêt à accepter une solution de compromis proposée par la France, a vu son gouvernement renversé la veille du sommet… Le président albanais Edi Rama, dont le sort du pays est lié à celui de Skopje, a déploré que les 26 autres Etats membres “restent assis et offrent un spectacle effrayant d’impuissance”.

Le dossier pourrait toutefois évoluer rapidement. Ce vendredi, le Parlement bulgare a décidé de lever son veto en votant le texte proposé par la présidence française du Conseil. La balle est désormais dans le camp de Skopje, qui doit également l’accepter. Le président français a expliqué que les discussions techniques allaient reprendre très prochainement pour tenter de débloquer le dossier.

Peu de mouvements sur l’avenir de l’Europe

Le 9 mai dernier, à Strasbourg, les citoyens présentaient les conclusions de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, un exercice inédit de consultation à travers l’UE. Lors du sommet des 23-24 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement ont ainsi discuté de certaines des 49 propositions formulées par les participants : revenir sur le vote à l’unanimité au Conseil, accorder un droit d’initiative au Parlement européen ou encore étendre les domaines de compétences de l’UE à la santé, l’énergie ou la défense.

Or certains points nécessiteraient une révision des traités de l’UE, à laquelle 13 Etats membres se sont déclarés hostiles. Le 9 juin dernier, le Parlement européen était pourtant revenu à la charge en demandant aux chefs d’Etat et de gouvernement de lancer la procédure de révision.

A la lecture des conclusions du Conseil européen sur le sujet, les eurodéputés risquent toutefois d’être déçus. Le document explique simplement qu’ ”un suivi efficace de ce rapport doit être assuré par les institutions, chacune dans les limites de sa propre sphère de compétences et conformément aux traités. Le Conseil européen note que des travaux ont déjà été entrepris à cet égard”.

Une autre proposition, formulée par Emmanuel Macron le 9 mai dernier, était également au menu des discussions dans la soirée : la création d’une “Communauté politique européenne”. Le président français a ainsi pu détailler les contours de cette structure destinée à rassembler non seulement les pays de l’UE mais les autres pays d’Europe, qui ne peuvent pas encore la rejoindre ou ne le souhaitent pas, autour de valeurs démocratiques communes. En conférence de presse, le président français a expliqué qu’un “large consensus” devrait se dégager sur cette question. Selon lui, une réunion devrait se tenir sous la présidence tchèque qui débute le 1er juillet prochain.

La Croatie va adopter l’euro

Le dernier Etat à avoir intégré l’Union européenne est un autre état de la région des Balkans. Moins de 10 ans après son adhésion, la Croatie va franchir une nouvelle étape en adoptant l’euro le 1er janvier 2023. Au début du mois, la Commission et la Banque centrale européenne avaient estimé que Zagreb remplissait les conditions pour adopter la monnaie unique.

Si la décision formelle relève des ministres des Finances de l’UE qui devraient se prononcer début juillet, les chefs d’Etat et de gouvernement ont donné leur feu vert.

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