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Stéphane Le Foll : “l’écologie et l’alimentation, défis du XXIe siècle pour l’Europe”

Stéphane Le Foll est numéro deux de la liste du parti socialiste dans l’Ouest pour les élections européennes du 7 juin prochain. Au cours d’un entretien avec Touteleurope.fr, il précise les raisons de sa candidature.

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Pourquoi êtes-vous candidat pour les Européennes ?

Je suis candidat pour les Européennes parce que j’ai commencé un travail sur les questions agricoles qui me tiennent à cœur depuis très longtemps, et j’ai envie de le poursuivre.

J’ai au cours de ce mandat fait avancer un certain nombre d’idées, par exemple sur les questions de l’évolution des modèles de production. J’aurai le 28 mai avec la Commission un rapport sur ce qu’on appelle le SoCo projet, c’est-à-dire sur toutes les techniques de conservation des sols en Europe.

Il va y avoir un débat majeur en Europe et qui me passionne : c’est celui de la politique agricole commune. Et je sais que dans les deux ans qui viennent il y a des grandes clés de l’avenir de l’agriculture européenne qui vont se jouer, donc je veux y être.

Quelles sont vos propositions ?

Elles sont de plusieurs ordres, mais je vais me concentrer sur les questions agricoles.

Aujourd’hui avec le bilan de santé de l’agriculture commune, qui a été voté l’année dernière, on s’est engagé dans un principe qui consiste à aller vers une aide unique à l’hectare découplée : il n’y a plus rien entre l’aide et la production agricole, et plus de justification véritable aux aides qui sont versées, et qui sont d’ailleurs souvent mal réparties au niveau européen.

Donc il faut changer les principes de la politique agricole, en gardant des objectifs : avoir une agriculture qui soit répartie sur l’ensemble du territoire, qui permette d’avoir une forte valeur ajoutée au niveau de l’Europe dans les produits transformés, et qui permette en même temps d’avoir une politique alimentaire à l’échelle européenne, qui garantisse la diversité de l’alimentation et sa qualité au niveau de l’approvisionnement.

Est-ce que la question de l’écologie et de l’alimentation est un défi du XXIe siècle pour l’Europe ? Pour moi oui. Comment je conjugue le fait que je vais devoir nourrir une population européenne de 500 millions d’habitants, dont 80 millions souffrent de malnutrition aujourd’hui ? Et en même temps, comment je fais pour prendre en compte la dimension de l’environnement ?

Je propose qu’on passe de l’éco-conditionnalité (les conditions qu’on met à l’exercice de l’agriculture aujourd’hui) à l’éco-certification : il faut qu’on ait une politique qui favorise les exploitations qui sont les plus perfomantes en termes économiques, en termes écologiques. Et j’y ajoute une dimension sociale : c’est la question de l’emploi au niveau de l’agriculture et de l’agro-alimentaire.

Donc je suis pour qu’on réoriente la politique agricole sur ces principes-là, et qu’on fasse des labels d’éco-certification, où les exploitations les plus performantes sont celles qui touchent le plus d’aide, pour inciter aux changements profonds des modèles de production agricole, pour être à la fois capable de répondre à la demande alimentaire de manière globale, et en même temps de tenir compte de l’enjeu de l’écologie. Voilà l’enjeu majeur des débats qui vont se nouer au cours des deux ans à venir au niveau de l’Europe.

Quelle Europe institutionnelle ?

Sur l’Europe institutionnelle, je suis vraiment à la croisée des chemins, sur le traité de Lisbonne en particulier. Je pense qu’il faut que le traité de Lisbonne soit adopté et je l’espère (j’ai défendu le traité constitutionnel à l’époque).

Mais ce dernier, tout comme le traité constitutionnel, ne lève pas l’ambiguïté suivante : d’où viendra la légitimité et qui assumera la responsabilité des choix de la politique européenne ? Le traité laisse encore ouvert la possibilité d’avoir un président de la Commission issu du vote au Parlement européen, de la majorité qui sera dégagée des élections, et en même temps il propose un président du Conseil européen qui serait élu pour 2 ans et demi pour incarner politiquement l’Europe.

Entre ces deux logiques, l’une qui est intergouvernementale et l’autre qui procède des élections par les citoyens, il va falloir à un moment qu’on tranche.

L’étape suivante c’est de donner au Parlement toute sa place, de faire en sorte que l’exécutif européen qui est la Commission procède du Parlement, et qu’en face on ait un débat entre ce législatif et cet exécutif qui procède des élections européennes, face à ce que représentent les Etats et les gouvernements. Et c’est dans ce débat là, dans cette confrontation entre les intérêts des Etats et ce qui émane des citoyens que doit se construire la nouvelle étape institutionnelle. Je serais partisan de l’idée de faire disparaître le Président de l’Europe pour 2 ans et demi.

En savoir plus :

Dossier Européennes 2009 - Touteleurope

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