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Salvini, Le Pen, Orbán : l’extrême-droite tente de s’unir au Parlement européen

Seize partis europhobes et eurosceptiques ont signé vendredi 2 juillet une déclaration commune visant à peser davantage dans les débats au sein de l’hémicycle strasbourgeois. Une annonce qui masque mal les divergences de l’extrême droite européenne.

La présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen et les autres signataires dénoncent une Union européenne "source de problèmes, d'anxiété et d’incertitudes"
La présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen et les autres signataires dénoncent une Union européenne “source de problèmes, d’anxiété et d’incertitudes” - Crédits : compte Twitter @MLP_officiel

La “première pierre” d’une alliance au Parlement européen visant à “réformer l’Europe” ? Telle est l’ambition de la “déclaration commune”, publiée vendredi 2 juillet par le Rassemblement national et quinze autres partis européens d’extrême droite [Le Figaro].

L’objectif de cette “alliance des patriotes” est ainsi de “former un groupe parlementaire souverainiste qui pourrait compter sur environ 115 députés à Strasbourg, devenant ainsi la troisième formation après le Parti populaire et les sociaux-démocrates”, relate le Corriere della Sera.

On note parmi les signataires, outre Marine Le Pen, Matteo Salvini et Viktor Orbán, le chef du parti polonais Droit et justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski, le patron de Vox en Espagne, Santiago Abascal, la cheffe des Fratelli d’Italia (néofasciste) Georgia Meloni, ainsi que le FPO autrichien et le Vlaams Belang flamand”, énumèrent Les Echos.

Rhétorique ultraconservatrice

Le document mobilise la rhétorique habituelle de l’extrême-droite, affirmant que “la famille est l’unité de base de nos nations” [Le Figaro]. Les seize partis pourfendent “l’immigration de masse” et mettent en valeur “la tradition, le respect de la culture et de l’histoire des États européens, le respect de l’héritage judéo-chrétien de l’Europe et les valeurs communes” [Politico].

Les partis entendent notamment profiter du lancement de la Conférence sur l’avenir de l’Europe pour “travailler main dans la main” et faire valoir leurs idées, poursuit Le Figaro. Cité par El Mundo, le président du parti espagnol Vox, Santiago Abascal, voit dans cette consultation citoyenne “une nouvelle démonstration de la déconnexion entre les institutions européennes et les citoyens”, qui chercherait à imposer “un modèle de société de plus en plus éloigné des principes et des valeurs qui façonnent les racines chrétiennes et l’histoire de l’Europe”.

Certains voient toutefois dans cette initiative une “opération de communication” sans “conséquence structurelle sur le Parlement européen”, déclare un cadre du PPE (Parti populaire européen, démocrates chrétiens) cité par Le Figaro. Tandis que Les Echos parlent d’une “opération politique”, qui ne présage pas de “bouleversements imminents dans l’organisation de l’extrême droite au Parlement”.

De fait, “les signataires sont issus de différentes familles politiques qui ont souvent eu du mal à travailler ensemble”, souligne Politico. Et les précédentes tentatives d’union se sont “toujours soldées par des échecs”, rappelle la RTBF. L’Obs va jusqu’à parler d’un “attelage baroque de l’extrême-droite européenne”, considérant que cette coalition “révèle de nombreuses lignes de fractures et contradictions”.

Grands écarts

Par exemple, le Rassemblement national est favorable à la Russie, tandis que Droit et Justice [PiS, Pologne] adopte une ligne dure contre Moscou” [Politico]. Une divergence telle qu’en “dépit des appels du pied de Marine Le Pen, Jaroslaw Kaczynski, le président du PiS, a toujours refusé de la rencontrer” [Le Monde].

Le grand écart le plus flagrant se trouve peut-être en Italie. D’un côté, la Lega de Matteo Salvini “fait partie du gouvernement d’unité nationale dirigé par Mario Draghi, […] aujourd’hui l’allié le plus proche de Macron” [Corriere della Sera]. De l’autre,“elle fait partie [de cette] nouvelle alliance souverainiste renforcée avec Giorgia Meloni”, leader des Fratelli d’Italia et grande opposante à la politique du président du Conseil italien.

La ‘déclaration commune’ publiée vendredi comporte quelques absents de marque”, relève par ailleurs Le Monde. “L’Alternative pour l’Allemagne (AfD) surtout, mais aussi les Démocrates de Suède ou l’extrême-droite roumaine qui, contrairement à ce qui avait été annoncé, n’a pas cosigné le texte”, énumère le journal, citant également le petit parti souverainiste néerlandais JA21. “Et même le parti au pouvoir en Slovénie, en tous points proche du Fidesz hongrois, reste pour l’heure membre du PPE”, complète L’Obs.

Du côté du Parlement européen, la réaction de certains alliés au sein du groupe CRE (souverainiste) a été plutôt froide. “Les délégations tchèque, suédoise, flamande, lettone, slovaque, néerlandaise (SGP), roumaine, allemande et croate du groupe CRE sont pleinement attachées aux principes de la déclaration de Prague qui constituent la base du groupe”, ont répondu ces partis dans un communiqué [RTBF].

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