Les duels télévisés changent la donne
Pourtant les choses n’en ont pas toujours été ainsi. En début d’année, les Tories avaient une longueur d’avance avec 40% des intentions de vote, le Labour se situant à 30% et les LibDems se trouvaient à la traine avec seulement 20%.
Le premier débat télévisé entre les candidats à créé une situation de grande nouveauté pour le Royaume Uni : Nick Clegg a fait un bond dans les sondages. Ce débat a donné une position jusqu’alors non atteinte à cette troisième formation politique, dans un système qui privilégie des majorités fortes.
La logique du scrutin uninominal à un tour est en effet que le gagnant emporte tout (“winner takes all”) : un parti ne peut gagner des sièges que s’il remporte la majorité des votes dans la circonscription. Pour cette raison le Royaume-Uni n’a connu que très rarement des gouvernements de coalition. Le dernier exemple remonte à 1974 et avant cela à 1929…
Nick Clegg en faiseur de roi
Dès lors, Nick Clegg semble aujourd’hui détenir la clé de ce scrutin. Les électeurs sont attirés par ses promesses de renouveau et de changement dans un débat qui se focalise sur l’économie, la santé, l’immigration et la réforme électorale. S’adressant directement à la camera pendant les débats télévisés, il tente de faire passer une image d’honnêteté et de sérieux.
Sa montée en puissance se fait aux dépens de Gordon Brown, le moins médiatique des trois candidats. En tant que candidat sortant et fidèle allié de Tony Blair, il a du mal à incarner la nouveauté. L’actuel Premier ministre espère néamnoins que le débat final de jeudi soir sur l’économie lui permettra de s’imposer comme le choix de la raison et de l’expérience.
Du côté des Conservateurs, l’hypothèse d’une absence de majorité claire inquiète aussi les stratèges : Nick Clegg exige une réforme électorale pour introduire un système proportionnel en Grande Bretagne à laquelle s’oppose David Cameron. En cas de coalition entre les Travaillistes et les LibDem cette réforme pourrait être le grand bouleversement de cette élection britannique.
Divergences profondes sur l’Europe
Par contre, la forme et le fond des propositions des Tories semblent écarter toute possibilité de coalition avec les Libéraux. Le rapatriement des compétences au niveau national, le refus de la coopération dans le domaine de la justice et les affaires intérieures sont autant de points d’achoppement à une future coalition. Sur le papier du moins, la grande société de Cameron ne serait pas compatible avec la grande Europe de Clegg.
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