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[Revue de presse] Sommet de Sibiu : la bataille pour les postes clés de l’UE est lancée

Réunis à Sibiu en Roumanie jeudi 9 mai pour un sommet informel, les Vingt-Sept - le Royaume-Uni était absent - devaient réfléchir à l’avenir de l’UE post-élections européennes et post-Brexit. Si une série de dix engagements a bien été adoptée à l’issue de la rencontre, les nominations aux postes clés des institutions, sources de profondes divergences entre Etats membres, ont en réalité constitué le principal enjeu.

Les 27 chefs d'Etat et de gouvernement le 9 mai 2019 à Sibiu en Roumanie - Crédits : Dario Pignatelli / Conseil européen
Les 27 chefs d’Etat et de gouvernement le 9 mai 2019 à Sibiu en Roumanie - Crédits : Dario Pignatelli / Conseil européen

10 engagements consensuels

A Sibiu, les Européens affichent une unité de façade avant la bataille des élections” , titrent Les Echos. En Belgique, la RTBF évoque “un sommet européen plein de bonnes intentions mais sans engagement” .

Pourtant, les 27 chefs d’Etat et de gouvernement réunis jeudi 9 mai en Roumanie ont bien adopté une déclaration à l’issue du sommet, laquelle comporte 10 engagements. Mais pour le média belge, le texte est “consensuel, très général” . Moins d’une minute a été nécessaire à son adoption, a d’ailleurs indiqué un diplomate européen à la RTBF.

Que contient donc cette déclaration ? France 24 (avec l’AFP et Reuters) dresse la liste : la défense d’une “seule Europe, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud” , l’unité “envers et contre tout” et “dans un esprit de solidarité” , la protection du “mode de vie” européen, de même que celle de “la démocratie et l’Etat de droit” et le respect du “principe d’équité” . Les Européens veulent également poursuivre la réduction des “disparités qui existent” entre eux, préserver “l’avenir pour les prochaines générations d’Européens” et protéger “les citoyens” . Enfin, ils ont pour ambition de faire de l’UE “un acteur de premier plan responsable sur la scène mondiale” , notamment dans les domaines commercial et environnemental [France 24 avec l’AFP et Reuters].

Difficile sans doute, de faire mieux, vu les divisions existantes et à l’approche d’élections qui opposent pro-européens et eurosceptiques, deux tendances que l’on retrouve au sein du Conseil” , analyse la RTBF.

La question climatique en suspens

Par ailleurs, à Sibiu, la France espérait rallier de nouveaux signataires à sa “proposition de texte pour une politique européenne ambitieuse sur le climat” [Libération]. Initiative d’Emmanuel Macron, “ce texte évoque, entre autres, l’objectif de limiter la hausse des températures mondiales à 1,5°C (par rapport au niveau préindustriel), la neutralité carbone d’ici à 2050 et un budget européen à la hauteur de ces objectifs” , résume le quotidien. Des propositions toutefois “très clivantes” au sein de l’UE, selon L’Opinion.

Et de fait, aux 8 premiers pays signataires - France, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Portugal, Espagne, Danemark et Suède - seule la Lettonie s’est jointe à Sibiu. L’Allemagne, principal émetteur de CO2 de l’UE, refuse en effet, du moins pour le moment, de faire partie de cette coalition dans la lutte contre le réchauffement climatique. En guise de justification, Berlin a mis en avant les risques économiques qu’une telle démarche comporterait, notamment à l’est de l’Europe, où nombre de pays dépendent encore fortement du charbon [Libération].

La journaliste de Libération va ainsi jusqu’à déplorer que, du point de vue de la lutte contre le changement climatique, Sibiu n’aura “pas permis […] d’avancées” et aura été “un rendez-vous raté” .

Les nominations aux postes clés des institutions, enjeu majeur

Mais au-delà des priorités pour les cinq prochaines années et de l’action pour la transition écologique, l’une des principales visées de ce sommet informel était, pour les Européens, de commencer à se décider sur les nominations aux postes les plus importants des institutions, dont 5 vont prochainement se libérer : “les présidences de la Commission, du Conseil et de la Banque centrale européenne, le poste de haut représentant de l’Union pour la politique étrangère et celui de président du Parlement” , énumère Le Figaro.

Des nominations qui, alors que “les rapports de force sont rebattus par la perspective du Brexit” , constituent une question “explosive” pour Le Monde. “Véritable enjeu” de la rencontre de Sibiu, elles devront “respecter un savant dosage géographique, politique et ‘il faudra des femmes’, insistent les dirigeants de l’Union” [Le Monde]. En 2014, déjà, trois sommets et trois mois avaient été nécessaires pour se décider, rappelait en amont du sommet une source à l’Elysée, citée par La Croix.

Selon Le Monde, le “jeu semble encore très ouvert” et son issue dépendra fortement du résultat des élections européennes ainsi que de l’attitude du Parlement européen. Le chef de file européen (“Spitzendkandidat”) de la famille politique qui remportera le scrutin du 26 mai sera bien placé pour prendre la tête de la Commission européenne. L’Allemand Manfred Weber, issu de la droite conservatrice du PPE, est donc le favori, mais Frans Timmermans, “Spitzenkandidat” des sociaux-démocrates, a également ses chances. En effet, “avec la participation prochaine des Britanniques aux élections, les socialistes européens ont repris des couleurs dans les sondages” , indique Le Figaro.

Les chefs d’Etat et de gouvernement, Emmanuel Macron en tête, ont toutefois réaffirmé tout le mal qu’ils pensaient du système des “Spitzenkandidaten” à Sibiu, estimant qu’il n’y avait pas d’automaticité entre la victoire d’une famille politique et la nomination de son chef de file à la tête de l’exécutif européen [Les Echos]. D’autres noms circulent donc, plus susceptibles de contenter la majorité des Etats membres (l’unanimité n’est pas requise pour la désignation du président de la Commission), puis des eurodéputés élus le 26 mai, tels que le négociateur en chef du Brexit pour l’UE Michel Barnier, ou encore l’actuelle commissaire à la Concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, mentionne Le Monde.

Rien n’est est encore joué et, à ce stade, une “seule certitude” pour Les Echos : la tenue le 28 mai prochain, au lendemain du scrutin européen, d’un nouveau sommet des chefs d’Etat et de gouvernement “pour tenter de jeter les bases d’un compromis au vu du nouveau rapport de force au Parlement européen” .

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