“Pour tous, c’est un premier soulagement”, débute Le Monde. Mardi 13 décembre, le Parlement européen a démis à une écrasante majorité l’élue grecque Eva Kaïlí de sa fonction de vice-présidente, “alors que plusieurs centaines de milliers d’euros ont été découvertes dans son appartement bruxellois”, rappelle La Croix.
Les eurodéputés se sont également prononcés, ce jeudi, “sur une résolution qui dénonce en des mots très durs cette ingérence présumée de l’Emirat, qui aurait cherché à influencer les votes de l’assemblée et ainsi redresser son image dans l’opinion européenne” [Les Echos]. La résolution réclame “la création d’un poste de vice-président chargé de l’intégrité et d’une commission chargée d’évaluer les failles dans les règles de transparence du Parlement”.
Il y a trois jours, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola avait promis de lancer “un processus de réforme pour voir qui a accès à nos locaux, comment ces organisations, ONG et personnes sont financées, quels liens ils ont avec les pays tiers”, rappelle Le Monde.
Réactions internes
Les représentants de l’Alliance des socialistes et démocrates (S&D), dont sont issus Eva Kaïlí et d’autres suspects, n’ont pas manqué de réagir. “Notre engagement à représenter et à servir les citoyens européens est clair et ne sera pas entaché par le comportement criminel de certains”, a notamment déclaré la présidente du groupe Iratxe García Pérez, citée par Le Monde. “D’autres eurodéputés ont été suspendus, en attendant les développements de l’affaire”, relate La Croix.
Une “vague d’arrestations et de perquisitions des bureaux et des domiciles des députés européens et des assistants parlementaires”, opérée par la police belge, a par ailleurs eu lieu ces derniers jours, rapporte El Mundo. L’audience de comparution devant la justice de Mme Kaïlí, écrouée depuis dimanche dernier, a quant à elle été reportée au 22 décembre. “L’élue restera en détention jusque-là”, indique Le Parisien.
Jeu du Qatar et Maroc
A Bruxelles, le haut niveau de responsabilité des personnes visées dans l’affaire a provoqué un choc. En revanche, “ce qui n’a surpris personne”, tranche El Mundo, “c’est le fait qu’un ou plusieurs Etats étrangers aient tenté d’influencer les députés européens pour obtenir une politique favorable à ses intérêts”.
Et outre le Qatar, “les enquêtes pointent [désormais] du doigt un deuxième pays au moins, le Maroc, dans le système de corruption présumé au sein du Parlement européen”, indique le quotidien espagnol.
Selon des informations révélées par De Morgen et De Standaard ce mercredi et relayées par L’Echo, le pays est désormais “dans le collimateur de la justice”. L’ambassadeur marocain en Pologne Abderrahim Atmoun pourrait en effet avoir joué un rôle d’intermédiaire pour fournir “des cadeaux physiques ou des paiements” à la fille et à la femme de l’ancien député européen Pier Antonio Panzeri, l’une des quatre personnes actuellement sous les verrous dans le cadre du Qatargate.
Des conséquences pour 2024 ?
L’enquête “déploie progressivement ses tentacules” [El Mundo]. Alors que le Conseil européen qui s’est ouvert ce matin doit avancer sur d’autres sujets clés, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola doit y “informer les 27 dirigeants nationaux des détails troublants” de l’affaire, indique Politico.
A Strasbourg, les députés ont déjà en tête les prochaines élections européennes de 2024. La plupart d’entre eux craignent que “le scandale [ne marque] toute la fin de la législature” et “donne lieu à toutes sortes de spéculations sur son ampleur ou le fait que d’autres Etats tiers auraient pu se livrer à des pratiques similaires” [Les Echos].
Pour Politico, “les élections européennes sont traditionnellement l’occasion pour les forces anti-européennes de faire entendre leur voix”. Dans ces circonstances, “il est à craindre que le scandale du Qatar, qui a secoué le Parlement, ne discrédite encore plus l’institution”, conclut le média en ligne.
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