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Priorités de la présidence hongroise du Conseil de l’Union européenne (janvier - juin 2011)

Du 1er janvier au 30 juin 2011, la Hongrie prend la tête du Conseil de l’Union européenne. Succédant à la Belgique, qui, dans ce rôle, s’est tenue en retrait, la Hongrie compte au contraire être très active. Il s’agit du troisième pays de la nouvelle Europe à exercer la présidence, et à ce titre, elle entend mener à bien des actions dans les Balkans.

Le logo du trio des présidences

logo presidence hongroise

En symbole de cette coopération, les trois pays ont choisi un logo commun pour leurs présidences. Le logo symbolise cette nouvelle façon de travailler en équipe ce qui donnera plus de cohérence à l’action de l’Union. Il reprend le sigle “EU” dans les couleurs du drapeau du pays qui préside l’Union.

Le site web de la présidence est disponible en anglais, en français, en allemand et en hongrois.

Organisées en trio pour une période de 18 mois, l’Espagne (janvier à juin 2010), la Belgique (juillet à décembre 2010) et la Hongrie (janvier à juin 2011) ont travaillé ensemble pour assurer la continuité et le bon fonctionnement des nouvelles règles institutionnelles. Un programme commun a ainsi été établi entre les trois pays de la troïka. Néanmoins, la Hongrie entend pousser à l’agenda des thèmes qui lui sont chers, et en premier lieu l’intégration dans sa région, les Balkans.

Ainsi son dossier phare est celui de l’élargissement, aussi bien de l’Union européenne que de l’espace Schengen. Elle souhaite aussi promouvoir un partenariat oriental avec l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Moldavie, l’Ukraine et, sous conditions, la Biélorussie.

Un autre sujet qui lui tenait à coeur était celui de la gestion des ressources naturelles, et en particulier de l’eau. Mais la crise économique, dans et hors de la zone euro, ainsi que le délicat dossier de la révision du traité de Lisbonne, l’ont obligée à revoir ses priorités. Elle garde cependant la tâche de mener à bien la signature d’un grand accord énergétique avec la Russie.

Enfin, elle souhaitait promouvoir la diversité culturelle et les différentes identités nationales et régionales, mais cette priorité-ci cède elle aussi la place à des sujets plus brûlants.

Enjeux

Troïka

Formalisée par le traité de Lisbonne, la troïka implique que le programme et les priorités de la présidence du Conseil de l’UE sont définis par périodes de 18 mois. Trois Etats membres partageront chaque tranche en semestres (6 mois). De janvier 2010 à juin 2011, la présidence du Conseil sera donc organisée en coopération par l’Espagne, la Belgique et la Hongrie.


La présidence hongroise est la troisième présidence soumise aux règles du traité de Lisbonne. Ainsi, les nouveaux équilibres institutionnels commencent à être rodés. Pourtant, la pratique inaugurée par la Belgique de rester en retrait, pour se contenter d’un rôle de facilitateur, n’a pas été reprise par la Hongrie, qui envisage un rôle plus actif.

La Hongrie hérite d’une mission qui incombe à toutes les présidences depuis 2 ans : sortir l’Europe de la crise. L’année 2010 a été celle du creusement des déficits budgétaires, et l’année 2011 sera celle de l’austérité, qui risque de peser sur la croissance. La coordination des politiques budgétaires est un enjeu important de son mandat.

Elle disposera d’un semestre pour convaincre tous ses partenaires du bien-fondé de la poursuite de l’élargissement, l’une de ses priorités, dossier hautement controversé en Europe.

Et que pense-t-on en Europe de cette Présidence ? Elle suscitait quelques appréhensions depuis les propos du Premier ministre, Viktor Orban, contre le FMI et l’UE, au printemps 2010. Alors que son pays avait besoin de l’aide financière, il s’était opposé aux contreparties qui lui étaient imposées : drastiques et mal équilibrées, selon lui. “Nous n’allons pas accepter que [l’UE et le FMI] nous dictent notre conduite : ils ne sont pas nos patrons, mais nos partenaires” , avait-il déclaré. Ces propos lui avaient valu une image de “rebelle” auprès des milieux européens.

Depuis, le Premier ministre s’est départi de cette image à l’occasion de discussions avec les dirigeants européens, ainsi que les présidents du Conseil européen et de la Commission. “Je ferai campagne pour l’idée européenne et je ferai en sorte de rapprocher l’UE du cœur des gens” , a-t-il déclaré à l’occasion d’une interview en novembre.


En revanche, depuis la fin décembre, rien ne va plus pour l’image de la Hongrie en Europe. Le parti au pouvoir, le Fidesz, a fait passer une loi très critiquée visant à contrôler les médias hongrois. Celle-ci prévoit des sanctions très importantes pour les médias ne diffusant pas une information “équilibrée” , condition contrôlée par un comité composé uniquement de membres du parti au pouvoir. Adoptée quelques jours seulement avant sa présidence, cette loi ternit l’image de la Hongrie auprès de Bruxelles et des capitales européennes.

Les priorités de la Présidence hongroise

Contrairement au souhait de la Belgique d’exercer une présidence qui laisse la place aux institutions pour se contenter d’un rôle de facilitateur, la Hongrie a annoncé qu’elle se montrerait très active.

Les difficultés économiques de l’Europe ainsi que le bouclage du budget 2011 s’imposent naturellement à son agenda, tout comme la nécessité de mener à bien la ratification de la version modifiée du traité de Lisbonne. Mais la Présidence cherchera aussi à “compléter l’Union” , selon les mots du premier ministre hongrois Viktor Orban, fervent partisan de l’élargissement.

Boucler le budget 2011 : un impératif

Les négociations sur le budget n’ayant toujours pas abouti, la mission de les mener à bien pourrait revenir à la présidence.

La sortie de crise et la gouvernance économique

La question économique s’est une fois de plus imposée à l’agenda de la présidence. Après la Grèce, c’est l’Irlande qui a du faire appel à l’aide européenne et internationale. Le Portugal et l’Espagne ne sont pas non plus tirés d’affaire, et d’autres pays comme l’Italie ou même la Belgique commencent à inquiéter.

Pour faire face à ces difficultés dans la zone euro, le Conseil européen a décidé de pérenniser le mécanisme de stabilisation mis en place il y a quelques mois, ce qui nécessite une révision du traité de Lisbonne. Un processus dont devra s’occuper la Hongrie. De plus, elle devra avancer sur la coordination des politiques budgétaires.

D’autre part, sous présidence belge, l’objectif fixé par la troïka de mettre en place une architecture de surveillance financière a été atteint. La présidence hongroise devra s’assurer que les nouvelles autorités ainsi créées disposent des moyens nécessaires pour mener à bien leur mission, qui commence, comme la présidence, début 2011.

L’élargissement de l’Union et l’intensification de la coopération dans les Balkans

Repousser les frontières de l’UE dans sa région a toujours été un objectif de la Hongrie, afin qu’elle puisse jouer au maximum son rôle de carrefour en Europe centrale.

C’est pourquoi, à l’occasion de sa présidence, elle compte accélérer l’adhésion de la Croatie à l’Union, et poursuivre le processus d’élargissement dans le reste des Balkans. Comme l’a déclaré le Premier ministre hongrois pour expliquer sa position, faute d’un rapprochement des Balkans avec l’UE, ils pourraient traverser une grave crise qui “coûterait plus d’argent à l’UE qu’une procédure d’adhésion” . Ainsi son pays cherchera également à promouvoir l’entrée de la Serbie, du Monténégro, de la Macédoine, et même de la Turquie.

Afin de faire passer cette politique qui n’est pas très bien vue dans certains pays européens, les autorités hongroises ont intensifié leur dialogue avec les Pays-bas, qui comptent parmi les plus réticents.

Quant au reste des pays de cette région, la présidence souhaite intensifier leurs relations avec l’UE par le biais du “partenariat oriental” , dont le second sommet aura lieu début 2011. Celui-ci implique l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Moldavie, l’Ukraine et, sous conditions, la Biélorussie.

L’élargissement de l’espace Schengen et le dossier Rom

L’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’espace Schengen est prévue pour mars 2011, et sera donc supervisée par la Hongrie, ferme partisane de cette adhésion. Il reste néanmoins possible que cette date soit repoussée, selon la présidence. La question reste liée à celle des Roms, qui avait déclenché de vifs débats à la rentrée 2010. La Hongrie a insisté sur le fait que les considérations politiques devaient rester à l’écart des adhésions à Schengen, auxquelles la Roumanie et la Bulgarie sont techniquement préparées.

Concernant les Roms, la Hongrie cherchera à améliorer leur intégration et leurs conditions de vie, notamment en utilisant mieux les fonds européens prévus à cet effet. En effet, 2% de sa population est Rom (un chiffre officiel qui pourrait atteindre 4-5%) et fait l’objet de discriminations. Ce sujet sera donc délicat pour la présidence.

Le dossier énergétique

Le 4 février 2011 aura lieu le premier sommet européen sur l’énergie, dont l’une des ambitions sera la connexion des réseaux électriques et gaziers des Etats membres, notamment pour éviter la dépendance. Ce sera le principal enjeu concernant les questions énergétiques.

La Hongrie, dont 80% des apports gaziers proviennent de la Russie, plaide pour une diversification des sources énergétiques pour l’Europe. La présidence devra mener à bien les négociations avec la Russie à propos du partenariat énergétique.

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