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Présidence grecque de l’UE : sobriété et grands chantiers

Succédant à la Lituanie, la Grèce a pris la tête du Conseil de l’Union européenne depuis le 1er janvier 2014. Cette Présidence grecque de l’UE - la cinquième depuis 1981, date d’entrée du pays dans la Communauté européenne - s’annonce être une tâche particulièrement ardue pour Athènes, au regard du programme annoncé et dans le contexte économique et budgétaire européen actuel. Le pays, souvent qualifié d’homme malade de l’Europe par ses pairs et la presse, doit également composer avec sa propre situation économique, bien que les indicateurs se soient améliorés depuis 2012.

Dimitrios Kourkoulas - Ministre adjoint grec des Affaires étrangères

En plein calendrier électoral européen, la Présidence du Conseil de l’UE a dévoilé un programme de travail ambitieux autour de plusieurs priorités. Choisis en accord avec les 2 présidences précédentes (l’Irlande et la Lituanie), la croissance, l’immigration, la confiance et l’emploi seront au cœur des travaux dirigés par la Grèce pendant ces 6 mois de présidence hellénique, jusqu’au 1er juillet 2014.

Des priorités ambitieuses

Les priorités que la Présidence grecque souhaite mettre en avant auprès des 28 Etats membres de l’UE sont déclinées en 3 “principes-objectifs clés” qui constitueront le fil d’Ariane des actions menées :

  • Le renforcement de l’engagement civique et de la société dans l’UE, grâce à des politiques et des initiatives en réponse aux problèmes quotidiens des citoyens, des préoccupations et des insécurités ;
  • l’approfondissement de l’Union, en particulier l’Union Economique et Monétaire, par la promotion de politiques et de mesures visant à améliorer les défauts initiaux dans l’architecture de la zone euro, dévoilées par la crise actuelle ;
  • le renforcement de la légitimité démocratique et la responsabilité dans l’UE, mais aussi de la solidarité parmi les Etats membres et le renforcement des droits civils.

Les actions à venir seront également catégorisées selon différents domaines : “Croissance-Emploi-Cohésion” , “Une intégration plus approfondie de l’UE et de la zone euro” , “Immigration-Frontières-Mobilité” ainsi que “Politiques maritimes de l’Union européenne” . Ce dernier domaine constituera une thématique transversale à toutes les priorités de la Présidence.

L’attachement à la croissance sera particulièrement marqué étant donné la situation actuelle de l’Europe et de la Grèce, en dépit des avancées macro-économiques notoires. Bien que reconnaissant la nécessité de l’austérité pour relever le pays, Dimitri Kourkoulas, vice-ministre grecque des Affaires étrangères, a critiqué sa mise en œuvre imposée par la troïka et à l’origine des résultats désastreux concernant le taux de chômage, la compétitivité et la récession actuelle.

La Grèce s’attachera également à la promotion des relations sino-européennes. En effet, la Présidence compte sur le rapprochement des économies grecques et chinoises déjà liées par un certain nombre de partenariats.

Des moyens d’action limités

C’est tout d’abord la rigueur budgétaire qui vient restreindre l’action de la République hellénique. De la bouche de Dimitri Kourkoulas, la Présidence grecque de l’Union sera “spartiate” . En effet, confrontée aux difficultés financières du pays, la somme et les moyens alloués pour l’occasion ont été calculés au plus juste. Ce sont donc environ 50 millions d’euros qui ont été prévus pour organiser quelques 14 réunions ministérielles et 120 autres rassemblements. Le chiffre contraste avec ce qu’avaient pu prévoir les prédécesseurs, tels que la France, pour qui la présidence de 2008 avait mobilisée 170 millions d’euros.

Il s’agit également d’une équipe organisatrice réduite puisqu’elle est composée d’environ 150 personnes - contre 240 par exemple lors de la Présidence chypriote de l’an dernier -, dont seulement 9 nouveaux salariés employés pour l’occasion en contrat à durée déterminée.

Afin de limiter les dépenses liées au rôle du pays ce semestre, la totalité des évènements et réunions du Conseil de l’Union européenne se déroulera dans la capitale, Athènes, et ne sera non pas répartie dans les villes du pays.
Enfin, seuls les coûts de déplacements des 27 ministres des Affaires étrangères européens et d’un accompagnateur seront pris en charge par la Présidence.



“L’Europe est notre quête commune. Ensemble, nous irons plus loin.”

Le logo de la Présidence, très sobre, est un exemple probant de cette frugalité. L’explication du site officiel indique “Le logo de la Présidence grecque est simple et concis, diffusant une atmosphère d’optimisme réaliste. Il représente un bateau à voile, en pleine navigation, constitué par les initiaux de l’Union européenne. Il réunit des valeurs européennes communes, avec l’identité unique de la Grèce, le début de l’union du continent et son parcours dans l’avenir, les principes fondamentaux qui ont déterminé notre passé avec nos aspirations communes futures” .

La marge de manœuvre de la Présidence hellénique représente également un obstacle notoire. En effet, la mise en place du programme se trouve limitée par la tenue des élections européennes qui amputeront de quelques mois les activités prévues. Ainsi sur les 6 mois normalement impartis à l’Etat membre concerné par le rôle de présidence de l’Union, la Grèce ne pourra compter que sur 3 ou 4 mois pour avancer le plus possible sur ses dossiers.
Enfin, l’euroscepticisme est le dernier écueil avec lequel Athènes va devoir composer. L’entreprise est des plus délicates étant donné le problème de légitimité démocratique et de méfiance vis-à-vis des institutions et politiques européennes qui existent actuellement en Europe, et plus particulièrement au sein de la population grecque.

Des enjeux décisifs

Les enjeux de la Présidence vont donc être de s’attaquer aux difficultés endogènes de l’Union, tout en composant avec des marges de manœuvre limitées tant du point de vue des ressources financières, humaines que temporelles.

La croissance comme enjeu central nécessitera une implication et une détermination sans failles pour s’atteler à la consolidation et la promotion de l’Union bancaire et la création de mécanismes économiques de gouvernance innovants.

Il s’agit particulièrement de remettre la Grèce sur le devant de la scène et de réaffirmer sa place de membre à part entière de l’Union européenne. Pour Athènes, la Présidence de l’Union est également le moyen de redorer l’image de la Grèce quelque peu ternie aux yeux des 27 autres Etats de l’UE et des capitaux internationaux, après l’assistance financière d’environ 240 milliards d’euros que le pays a reçue depuis l’intervention européenne et du FMI dont la première remonte à avril 2010.

Cette présidence représente donc un défi pour Athènes au vu des difficultés économiques et des tensions induites par la cure d’austérité forcée, comme en témoigne l’attentat qui a visé la résidence de l’ambassadeur d’Allemagne à Athènes en décembre dernier. Le gouvernement entend donc, en utilisant la mise en lumière de la Présidence de l’Union, rompre avec l’austérité instituée par ses créanciers pour faire entendre une autre voix, celle d’une Europe de la croissance.

Le 1er juillet 2014, la Grèce cèdera sa place à l’Italie, avec qui elle coopère déjà pour préparer sa présidence.

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