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Paul de Clerck : “Je peux très bien me figurer qu’il existe des liens occultes entre décideurs et lobbyistes”

Le Livre vert sur l’initiative européenne en matière de transparence, rendu public par la Commission européenne le 3 mai 2006, vise à engager avec l’ensemble des parties concernées un débat sur les moyens d’améliorer la transparence dans l’Union européenne. Paul de Clerck, animateur du collectif ALTER-EU (Alliance for Lobbying Transparency and Ethics Regulation) et expert de l’association Friends of the Earth, répond au questions de Touteleurope.fr.

Dès janvier 2006, ALTER-EU a adressé au commissaire Kallas des recommandations en vue d’ “empêcher qu’arrivent des scandales ‘Abramoff’ en Europe” . Pensez-vous vraiment qu’une telle affaire pourrait être mise au jour à Bruxelles où l’argent joue, dans la vie politique, un rôle tout différent qu’à Washington ?

Je crois que de tels scandales pourraient aussi bien arriver en Europe. Il pourraient prendre d’autres formes et ne pas être de l’importance du scandale Abramoff, mais je peux très bien me figurer qu’il existe des liens occultes entre décideurs et lobbyistes, ou que des décideurs puissent être invités à des réunions et conférences dans des lieux exotiques qui pourraient être considérées comme des vacances. Ainsi, l’exemple de Gerhardt Schröder, s’il n’est pas illégal, est bien un scandale qui nuit fortement à la confiance du public dans les institutions démocratiques.

ALTER-EU s’est montré critique à l’encontre des propositions présentées dans le Livre vert, tout particulièrement à propos du système de déclaration volontaire des groupes de pression. Quelles sont vos principales objections ?

D’abord, avec un système d’enregistrement volontaire, les lobbyistes qui ne voudraient pas révéler leurs activités ne seront pas contraints de le faire, et pourront rester dans l’ombre.

Ensuite, le Livre vert est très peu clair sur le type d’informations qui devraient être rendues publiques. Selon nous, les informations concernant les domaines d’intervention et le montant des fonds dépensés par chaque acteur en actions de lobbying devraient l’être.

Pensez-vous qu’un code de conduite ou qu’un cadre de régulation commun aux ONG et aux entreprises pourrait voir le jour et être appliqué ?

Je pense que cela peut être fait, mais il faudrait pour cela que la Commission en prenne l’initiative, ce pour plusieurs raisons.

D’abord, les 15 000 lobbyistes sont peu organisés, et il est peu vraisemblable qu’ils puissent tous se mettre autour d’une table pour décider d’un code de conduite commun.

Ensuite, la Commission devrait pouvoir mettre en place un organisme responsable de la mise en œuvre et du contrôle d’un tel dispositif de régulation, qui soit doté de pouvoirs de sanction.

Enfin, la profession des lobbyistes ne peut s’auto-organiser - comme le propose l’EPACA (European Public Affairs Consultancies Association) - parce que nous, organisations à but non lucratif, ne voulons pas d’un système où les lobbyistes évaluent leurs propres collègues. L’EPACA ne peut être considérée comme indépendante dès lors que ses membres ont des liens très forts avec le secteur du lobbying.

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