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Martin Schulz, un président candidat à la présidence ?

De passage à Paris pour assister ce matin à la présentation du New Deal franco-allemand pour l’emploi des jeunes en Europe à l’Institut Berggruen, le président du Parlement européen Martin Schulz a rencontré quelques journalistes français. L’occasion d’exposer ses idées sur l’Europe, la crise ou la gouvernance de la zone euro. Des “idées fortes” dignes d’un futur candidat à la présidence de la Commission européenne, ce que M. Schulz pourrait être en 2014 s’il est choisi par son groupe, le Parti socialiste européen.

“Rendre le Parlement européen plus visible” , c’est la mission que s’est assignée Martin Schulz lorsqu’il a pris la présidence du Parlement européen il y a 18 mois, à la suite du conservateur polonais Jerzy Buzek. Si l’institution démocratique européenne n’est pas assez “sexy” aux yeux des médias (“à l’exception de son président” , ironise Martin Schulz), c’est qu’on ignore encore trop souvent son rôle, et ses victoires. Mais l’ambition des députés européens n’est-elle pas trop souvent balayée d’un revers de la main par des Etats membres qui semblent avoir toujours le dernier mot ? “La taxe sur les transactions financières, le plafonnement des bonus des banquiers, la lutte contre l’évasion fiscale, l’exclusion de l’exception culturelle de l’accord commercial entre l’UE et les Etats-Unis … autant d’exemples de décisions du Parlement reprises ensuite par le Conseil !” , rappelle le président, même s’il reconnaît que très souvent c’est l’image d’un parlement ayant peu de poids qui prédomine.

A un an des élections européennes, le représentant de l’institution européenne entend donc “regagner la confiance des citoyens, qui l’ont perdu vis-à-vis des institutions européennes, mais aussi nationales. La promesse d’une croissance durable pour créer de l’emploi et un équilibre social en Europe a été tenue un temps, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui” , explique-t-il, se référant aux idées de Schuman, à la “solidarité dans l’action” .

Plus qu’un président du Parlement, c’est un candidat qui semble s’exprimer dans un français parfait. Candidat à la candidature, il l’est, et devrait être formellement intronisé candidat du SPD lors d’un congrès en octobre. Candidat du PSE à la présidence de la Commission européenne, il le sera peut-être à partir de février 2014, si tel est le choix du parti lors de son congrès. En parler est “prématuré” pour Martin Schulz mais pourtant, quand un journaliste lui demande qu’elles devraient être les idées fortes du candidat socialiste, l’eurodéputé allemand semble déjà avoir un programme bien ficelé. “Pour sauver l’idée d’Europe il faut réformer l’Europe profondément” , déclare-t-il. Réformer oui, répondre aux défis, mais dans le cadre des traités existants. Pour cela le président du Parlement considère qu’il faut s’appuyer pour cela sur deux outils du traité de Lisbonne : la subsidiarité et l’élection d’un président de la Commission qui pourra s’appuyer sur une majorité parlementaire.

Sur la subsidiarité, Martin Schulz a une position bien tranchée : “il faut comprendre dans les capitales et à Bruxelles qu’il n’est pas nécessaire, même dans le marché intérieur, que l’UE s’occupe de toute chose. Ce que l’on peut faire au niveau local, régional et national, il faut le faire à ce niveau-là parce que plus on est proche des citoyens, plus on les implique et plus l’action est légitime. En même temps, les Etats membres doivent reconnaître l’efficacité d’une action globale, européenne, dans certains domaines comme la lutte contre le changement climatique, contre l’évasion fiscale” . M. Schulz se dit ainsi favorable à une “redélégation des compétences au niveau national et local” mais attend “des Etats membres qu’ils reconnaissent le pouvoir de l’UE dans certains domaines” .

Sur le second point, Martin Schulz rappelle la conception de Jacques Delors de la Commission européenne comme un “centre coordinateur” . “Un président de la Commission avec une majorité parlementaire pourra regagner cette position” . Il lui paraît évident que la réussite de cette élection permettra de renverser la responsabilité du oui ou du non dans la prise de décision européenne : le président de la Commission à l’initiative des législations pourra s’appuyer sur cette majorité face au Conseil. Il lui paraît également évident que le président d’un gouvernement économique de la zone euro pourra être le président de la Commission. “Tous les Etats sauf le Royaume-Uni et le Danemark se sont engagés par le traité de Lisbonne à adopter l’euro à plus ou moins long terme” , rappelle-t-il, et donc un gouvernement des 17 ne serait que transitoire. Si les outils d’un tel gouvernement sont là, il faut encore discuter de détails importants : est-ce un gouvernement “17 plus” ou “27 moins” ? Quid des Etats hors zone euro ? Doit-on statuer à l’unanimité ou à la majorité qualifiée ?

Prudent pour le moment sur le détail de ses propositions, Martin Schulz semble rentrer confortablement dans les souliers du futur candidat socialiste, même si “rien n’est fait” . Il attend en tout cas beaucoup de la campagne électorale de 2014, qui pourrait être la première à s’organiser à l’échelle européenne. LA solution pour rabibocher l’Union européenne avec ses citoyens ? L’avenir nous le dira …

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