La procédure contre la Hongrie officiellement déclenchée
Viktor Orbán était venu, mardi 11 septembre, plaider sa propre cause devant le Parlement européen à Strasbourg. Six minutes d’allocution très offensive “pour dissuader les députés européens de voter le déclenchement contre son pays d’une procédure visant le respect de l’État de droit” , relate Le Monde. La grande interrogation du vote résidait dans le vote du Parti populaire européen (PPE, droite), groupe parlementaire dont est membre le Fidesz, parti du Premier ministre hongrois. “Le PPE, (…) a jusqu’ici toujours protégé son cancre hongrois” , expliquait l’Obs la veille du vote.
Pourtant, à l’issue du vote mercredi 12 septembre en milieu de journée, le Parlement a adopté le rapport de l’eurodéputée néerlandaise Judith Sargentini (Verts), lequel certifie le “risque clair de violation grave” des valeurs de l’Union européenne et préconise le déclenchement de l’article 7 du traité sur l’Union européenne et donc d’une enquête à l’encontre de la Hongrie. Signal politique fort, les députés européens membres du PPE ont majoritairement voté pour l’adoption du rapport, avec 116 voix pour, 57 contre et 28 abstentions. L’Allemand Manfred Weber, président du groupe et candidat pour la présidence de la Commission européenne à partir de 2019, n’avait pas donné de consigne de vote, mais a lui-même voté en faveur du texte.
Le discours sur l’état de l’Union du président Juncker
Discours sur l’état de l’Union de Jean-Claude Juncker, mercredi 12 septembre 2018 - Crédits : Michel Christen / Parlement européen
Rendez-vous symbolique de la rentrée européenne, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a prononcé, mercredi 12 septembre, le discours de l’état de l’Union. Le dernier de son mandat. Alors que les élections européennes auront lieu en mai 2019 et qu’il ne sera pas candidat à sa réélection, M. Juncker a fait l’inventaire des nombreux dossiers à boucler d’ici le scrutin.
Face aux défis existentiels de l’Union, le chef de l’exécutif européen a appelé les États membres à ne pas céder au nationalisme, mais au contraire à aller dans la direction d’une “souveraineté européenne” . Parmi les sujets abordés dans ce discours de prês d’une heure : le Brexit et le refus d’une Union “à la carte” , la politique migratoire et le souhait d’augmenter de 10 000 garde-frontières l’effectif de l’Agence Frontex, ou encore le besoin de nouer une alliance économique entre l’UE et l’Afrique.
Au niveau européen, les réactions au discours sur l’état de l’Union ont été partagées. Une partie de la presse allemande s’est montrée plutôt critique, pointant par exemple du doigt un discours flou, avec peu d’annonces nouvelles : “hormis ses appels à plus de coopération, on n’a pas entendu beaucoup d’idées stimulantes” , écrit ainsi la version germanophone du média EurActiv. Le quotidien britannique The Guardian accuse pour sa part M. Juncker d’avoir “méprisé la proposition de Chequers” de Theresa May pour le Brexit.
La directive droit d’auteur adoptée
Le rapporteur Axel Voss, en conférence de presse après le vote de la directive droit d’auteur - Crédits : Pascal Bastien / Parlement européen
Alors que le texte avait été refusé le 5 juillet dernier, une version amendée de la proposition de directive sur le droit d’auteur a été soumise au vote des eurodéputés, mercredi 12 septembre. Au cours de l’été, les débats et la guerre des lobbies ont fait rage entre promoteurs et détracteurs du texte, concernant deux articles en particulier.
L’article 11 d’abord, qui “confère aux éditeurs de presse un ‘droit voisin’ des droits d’auteur” [Le Monde]. Une disposition à propos de laquelle s’opposent les groupes de presse aux géants de l’Internet. Et l’article 13 ensuite, qui “durcit les obligations de contrôle par les plates-formes des contenus diffusés par leurs utilisateurs” [Les Échos]. C’est cette fois-ci le monde culturel qui s’est opposé aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), mais aussi aux groupes de défense de la liberté sur Internet.
En dénouement de l’affaire, l’approbation du texte, à une large majorité des eurodéputés : 438 voix pour et 226 contre. Le processus législatif n’est toutefois pas encore achevé : un compromis doit être trouvé pour concilier la version votée au Parlement européen et celle adoptée par le Conseil des ministres de l’UE en mai dernier. L’application du texte pose de plus un certain nombre de questions techniques, comme par exemple le déploiement de lourds algorithmes de filtrage des contenus.
Suède : pas de majorité en vue
Le Riksdag, à Stockolm - Crédits : benedek / iStock
La Suède renouvelait pour sa part, dimanche 9 septembre, les élus siégeant au Riksdag, le nom du Parlement monocaméral du pays. Historiquement, le paysage politique suédois est plutôt marqué par le bipartisme, les électeurs voyant alterner coalitions de gauche et de droite au pouvoir. Mais depuis quelques années, nourri par la crise migratoire, le parti des Démocrates de Suède (extrême droite) vient bousculer le jeu. Le 9 septembre, la formation résolument anti-immigration, menée par le charismatique Jimmie Åkesson, n’a certes pas atteint les 25% de suffrages annoncés, mais a néanmoins obtenu un score record de 17,5%, s’établissant comme la troisième force politique du pays, non loin derrière le centre-gauche et le centre-droit.
Cette fragmentation du Parlement devrait rendre la formation du gouvernement très délicate. La coalition sortante - réunissant plusieurs partis de gauche et écologistes - est au coude à coude avec une alliance de centre-droit - regroupant libéraux, conservateurs, centristes et chrétiens-démocrates. Les deux blocs se font face, revendiquant respectivement 40,7% et 40,2% des suffrages, soit 144 et 143 sièges sur les 349 que compte le Riksdag. Dans ce contexte, les Démocrates de Suède se posent en arbitres pour sortir de l’impasse. Mais pour l’heure les sympathisants de centre-droit refusent massivement une alliance avec l’extrême droite.
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