Au printemps 2007, Nicolas Sarkozy, alors candidat aux élections présidentielles, évoque le concept d’une Union méditerranéenne qui instaurerait de nouvelles relations entre l’Union européenne et les pays du pourtour méditerranéen. Un projet qui séduit dans son concept autant qu’il inquiète dans son contenu. Une fois élu, Nicolas Sarkozy va faire de l’aboutissement de son projet l’une de ses priorités politiques au niveau européen. Le 13 juillet 2008 le projet d’Union pour la Méditerranée sera officiellement lancé à Paris. Du projet d’Union méditerranéenne à l’Union pour la Méditerranée, n’y a-t-il qu’un changement de nom ou un vrai changement de fond ?
L’Union méditerranéenne, un projet controversé
Le processus de Barcelone, lancé en novembre 1995, devait initier la coopération entre l’Union européenne et 10 pays de la rive Sud de la Méditerranée.
Il était composé de trois piliers : un pilier politique, un pilier économique et un pilier culturel, social et humain. Seul le pilier économique a permis quelques avancées, les deux autres n’ayant que peu d’impact. Globalement le processus de Barcelone est considéré comme insatisfaisant. L’un des reproches principaux qui lui est fait est celui d’une gestion trop bureaucratique. Les pays du Sud de la Méditerranée l’accusent également d’être inégalitaire et de donner trop de pouvoir aux pays du Nord.
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Le projet d’Union méditerranéenne, défendu par Nicolas Sarkozy a pour but de relancer le partenariat entre le Nord et le Sud de la Méditerranée. Le 7 février 2007, à Toulon, Nicolas Sarkozy lance l’idée d’une Union méditerranéenne expliquant que “l’avenir de l’Europe est au Sud” .
Il s’agit, en quelque sorte de créer une deuxième union réservée aux Etats riverains de cette mer, basée sur la réalisation de projets concrets (dépollution de la Méditerranée, le co-développement et les pôles de compétitivité).
Mais ce projet suscite très vite l’hostilité des pays non riverains, notamment l’Allemagne qui craint d’être exclue du projet tout en ayant à contribuer financièrement. A Hanovre, le 3 mars 2008, Nicolas Sarkozy négocie avec Angela Merkel son projet d’Union méditerranéenne. Pour obtenir l’assentiment des Allemands, il sera profondément modifié.
A la demande de la chancelière allemande, le projet est ouvert à l’ensemble des membres de l’Union européenne. Suite à cet accord franco-allemand, les 13 et 14 mars 2008, le Conseil européen de Bruxelles approuve le principe d’une Union pour la Méditerranée qui englobera les Etats membres de l’UE et les Etats riverains de la Méditerranée qui ne sont pas membre de l’UE.
Le Conseil invite également la Commission européenne lui présenter les propositions nécessaires pour définir ce qui s’appellera désormais “Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée” en vue du Sommet de Paris du 13 juillet 2008.
L’Union pour la Méditerranée : lancement le 13 juillet
En mai 2008, la Commission européenne présente ses propositions qui serviront de base au Sommet de Paris du 13 juillet 2008. Cette communication replace le projet dans une logique communautaire et permet d’en préciser un contenu qui était jusque là un peu flou.
L’Union pour la Méditerranée sera coprésidée par un dirigeant du Sud et, du côté européen par le président du Conseil européen, de la Commission européenne et par le Haut représentant de l’Union. Du côté méditerranéen, la présidence est choisie par consensus et le mandat est fixé à deux ans.
Pour améliorer la gouvernance générale du projet, la Commission propose un comité permanent conjoint, basé à Bruxelles et constitué des représentants permanents des différentes missions concernées présentes à Bruxelles. Le but de ce comité serait essentiellement la préparation des sommets et des réunions.
Dernier point, le projet d’Union pour la Méditerranée prévoit un Secrétariat dont le rôle serait de formuler des propositions d’initiatives conjointes et d’assurer le suivi des décisions prises. Le siège est encore à déterminer, plusieurs pays sont en course notamment l’Espagne, qui souhaiterait un siège à Barcelone, le Maroc et Malte.
La communication précise enfin les projets qui seront menés. Ils devront favoriser la cohésion et l’intégration régionales et développer des interconnexions entre les infrastructures nationales. Quatre projets sont vus comme prioritaires : les autoroutes de la Mer, la dépollution de la Méditerranée et la gouvernance environnementale, la protection civile et le plan solaire méditerranéen.
Seul le financement n’est pas très précis. L’Union ne compte pas prendre en compte le financement de tous les projets, il faudra donc trouver un financement privé complémentaire. De nombreuses critiques ont déjà été formulées sur cette légèreté.
Perspectives
Le Sommet de Paris du 13 juillet 2008 réunira 44 chefs d’Etats ou de gouvernements pour la naissance de l’Union pour la Méditerranée. Une Union qui devra éviter les dérives du Processus de Barcelone. La France assurera la Présidence du coté européen jusqu’à la fin 2008. Reste à savoir si l’Union pour la Méditerranée restera une priorité pour les pays qui assureront ensuite la présidence.
Sources
L’Union pour la méditerranée : pourquoi ? comment ? - Coordonné par Frédéric Allemand - juin 2008 - Fondation pour l’innovation politique
En savoir plus
Henri Guaino : “Les peuples riverains de la Mediterranée doivent s’unir pour assumer leur part de destin commun”