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Européennes 2019 : la participation et le vote écologiste dopés par les jeunes (Eurobaromètre)

Les jeunes se sont bel et bien remobilisés aux dernières élections européennes. Et en particulier autour des enjeux environnementaux. C’est ce que confirme le dernier sondage Eurobaromètre, réalisé juste après le scrutin de mai 2019. Plus généralement, l’économie, le mode de fonctionnement de l’UE, l’immigration, les droits de l’Homme ou encore les questions sécuritaires ont aussi motivé les citoyens à voter.

Le 26 mai 2019, devant le Parlement européen - Crédits : Parlement européen / Flicker CC BY 2.0
Le 26 mai 2019, devant le Parlement européen - Crédits : Parlement européen / Flicker CC BY 2.0

Les élections européennes sont-elles entrées dans une nouvelle dimension ?” . C’est en tout cas la question pleine d’espoir que se pose le Parlement européen à la lecture de l’Eurobaromètre qu’il avait commandé après les élections de mai 2019.

Les résultats de cette enquête d’opinion ont été publiés en septembre. “Le taux de participation élevé aux élections européennes de 2019 est dû à une forte augmentation de la participation des jeunes” , résume notamment l’institut Kantar Public France (anciennement TNS Sofres), qui a réalisé ce sondage en juin 2019 auprès de 27 000 personnes, interrogées dans les 28 pays de l’Union européenne.

Dès l’annonce des premiers résultats du scrutin, le 26 mai, les médias ont largement commenté le taux de participation, en progression de 8 points par rapport à 2014. 200 millions d’électeurs européens se sont déplacés pour choisir leurs nouveaux eurodéputés, soit plus d’un électeur sur deux (50,6 %), le taux le plus élevé depuis 1994.

Une participation des jeunes en forte augmentation

C’est un rebond. Et c’est un mouvement profond” , observe aujourd’hui Eddy Vautrin-Dumaine, de l’institut Kantar. Car la participation est en nette hausse dans 19 Etats membres, avec des regains spectaculaires dans plusieurs pays de l’UE : +22 points en Pologne (46 % de participation), +19 points en Roumanie (51 %), +13 points en France (50 %) et en Allemagne (61 %)…

Aussi faible soit-elle, la participation a également été multipliée par plus de 1,5 en Slovaquie ou encore en République tchèque. Et surtout, bien que la proportion des personnes âgées de plus de 55 ans reste la plus importante à s’être mobilisée (54 %), l’augmentation de la participation est “massive” chez les jeunes : 42 % des moins de 25 ans se sont rendus aux urnes, soit une augmentation de 14 points par rapport à 2014 (+12 points chez les 25-39 ans).

Dans certains pays, comme en Espagne, le réveil serait particulièrement marqué : les deux-tiers des jeunes se seraient mobilisés (+41 points), d’après Eddy Vautrin-Dumaine. Une observation à tempérer néanmoins, puisque des élections municipales et régionales avaient lieu le même jour dans la péninsule ibérique.

Le taux de participation aux élections européennes de 2019 a tout de même baissé dans huit pays de l’UE, mais de façon plus marginale (moins de 3 points d’écart par rapport à 2014).

Une meilleure image de l’UE ?

Alors pourquoi ce regain d’intérêt ? Quelles ont été les motivations des votants aux européennes ? La première raison évoquée par les répondants pour expliquer pourquoi ils se sont rendus aux urnes est leur “devoir de citoyen” (52 % des répondants), souligne d’abord Kantar. En augmentation de 11 points par rapport à 2014, cette réponse “suggère que les élections au Parlement européen sont désormais davantage perçues comme un élément central de la vie démocratique (et non pas comme des élections secondaires par rapport aux élections nationales)” , ajoute l’institut de sondage.

D’après Eddy Vautrin-Dumaine, ce scrutin a également eu lieu dans un climat favorable à l’Union européenne : “depuis quelques mois, les sondages témoignaient d’un sentiment d’appartenance à l’UE en hausse, et d’une opinion montante selon laquelle les Etats membres ont tiré des bénéfices de leur appartenance à l’UE” , indique-t-il. En effet, 68 % des personnes interrogées par Kantar dans l’Eurobaromètre post-électoral partagent ce dernier constat, un record depuis 1983.

Certains Européens, plus qu’en 2014, sont ainsi allés voter “principalement” parce qu’ils sont favorables à l’UE, indique le sondage (25 %, +11 points par rapport à 2014). Cette part est en augmentation dans tous les pays de l’UE, sans exception.

Mais pour autant, dans 17 Etats membres, la part d’électeurs mécontents a elle aussi augmenté : au total, 17 % des répondants sont allés voter pour exprimer leur “mécontentement” ou leur “désapprobation à l’égard de l’UE” . Dans trois pays, le mécontentement est même cité par plus d’un votant sur cinq (22 %) : en France, en Grèce et au Royaume-Uni (+13 points).

L’influence du Brexit
22 % des répondants estiment que le traitement médiatique et les discussions autour du Brexit, la sortie annoncée du Royaume-Uni de l’UE, ont influencé leur décision d’aller voter ou de ne pas y aller, au moins “dans une certaine mesure” .

Qu’ils soient favorables ou non à l’UE, plus d’électeurs ont surtout déclaré avoir “principalement” voté parce qu’ils ont le sentiment de pouvoir changer les choses en votant (18 %, +6 points). Et qu’ils aient voté ou non, un niveau record d’Européens ont le sentiment que leur voix compte (56 %, le niveau le plus élevé depuis 2002). Ce sentiment augmente de manière “importante” en Roumanie, en République tchèque, en Pologne, en Italie et en Belgique (de +18 à +11 points) et il est plus fort chez les jeunes que chez les électeurs de plus de 25 ans… “ce qui est généralement annonciateur d’une plus forte mobilisation de l’électorat” , explique Eddy Vautrin-Dumaine.

Quelles thématiques prioritaires pour les électeurs ?

Ce sont également les grands enjeux auxquels est confrontée l’UE qui ont pu pousser les électeurs à se rendre aux urnes.

A l’échelle de l’UE, sur 100 répondants qui ont voté en mai 2019, 15 invoquent “l’économie et la croissance” comme le premier enjeu qui les a encouragés à voter. 14 citent “la manière dont l’UE devrait fonctionner dans le futur” . Puis 13 mentionnent “la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement” .

Un électeur sur dix place également “l’immigration” en tête des enjeux qui l’ont poussé à participer au scrutin. A égalité avec “la promotion des droits de l’Homme et de la démocratie” .

Et la sécurité ? Plusieurs autres réponses, proposées de manière différenciée par l’institut Kantar, tournent autour de cette thématique : “la lutte contre le terrorisme” , “la politique de sécurité et de défense” , ou encore “la protection des frontières extérieures” . A eux trois, ces enjeux sont cités par 12 répondants sur 100 comme étant ceux qui les ont le plus incités à voter, soit presque autant que l’environnement.

Européens et Français : les jeunes se mobilisent pour l’environnement

Chez les jeunes, pas de doute possible : ils sont plus nombreux que les électeurs plus âgés à dire que “la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement” les ont poussés à se rendre aux urnes. 45 % des moins de 25 ans citent ainsi cet enjeu parmi les 6 premiers qui les ont incités à se mobiliser, contre 34 % des électeurs âgés de 55 ans et plus. Les résultats sont à peu près les mêmes concernant la thématique “promotion des droits de l’Homme et de la démocratie” . A l’inverse, l’immigration est moins mentionnée par les jeunes de moins de 25 ans (29 %) que par les groupes plus âgés (34-35 %).

En France, l’environnement est l’enjeu qui a le plus contribué à mobiliser les jeunes actifs (58 % des répondants âgés de 25 à 39 ans).

Comment remobiliser les abstentionnistes ?

La représentation du Parlement européen en France compte désormais “tirer des conclusions [de cet Eurobaromètre] pour [ses] actions futures” . Et notamment continuer à sensibiliser les plus jeunes aux questions européennes, explique Isabelle Coustet, la cheffe du bureau français. “Notre rôle sera d’aller vers des publics moins sachant sur l’Europe, pour leur donner des clés pour pouvoir contrôler l’action européenne” , affirme-t-elle. Car à l’heure actuelle, malgré la participation accrue des jeunes, “plus on est âgé, plus on est cadre, plus on est diplômé, plus on va voter aux européennes” , précise Eddy Vautrin-Dumaine.

Néanmoins, la motivation des Européens qui ne sont pas allées voter en mai 2019 n’était pas tant une méconnaissance de l’UE, du Parlement européen et des élections (9 %) qu’un manque de confiance à l’égard de la politique en général (22 %).

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