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Europe 2020 : un test pour le Trio des présidences ?

Le trio des présidences espagnole, belge et hongroise de l’Union européenne intervient à l’aube d’un nouveau départ. Les décisions adoptées et les précédents établis par ce Trio seront déterminants pour l’évolution de l’intégration européenne dans les années à venir. Le rapport Think Global - Act European, dirigé par Elvire Fabry et Gaëtane Ricard-Nihoul, rassemble les points de vue de 14 think tanks européens sur les priorités de ces trois présidences. Elles présentent les résultats de leurs travaux pour Touteleurope.fr.Â

Le printemps du rodage du Traité de Lisbonne

Le printemps 2010 est une période de rodage institutionnel pendant laquelle les Européens doivent apprendre à tirer parti le mieux possible des nouvelles règles offertes par le traité de Lisbonne.

TGAE - Think Global Act European est la contribution de 14 think tanks européens au trio des présidences espagnole, belge, hongroise de l’Union européenne de janvier 2010 à juin 2011. Les experts des think tanks passent en revue l’agenda du Trio actuel (réformes structurelles, gouvernance économique, énergie, changement climatique, migrations, justice et affaires intérieures, gouvernance globale, politique étrangère et de sécurité commune, PESC/PESD, élargissement, voisinage, institutions européennes, espace politique européen et budget), en analysant pour chaque enjeu, l’évolution du contexte global et les défis actuels, avant d’adresser des propositions concrètes au Trio.

Les deux nouvelles figures du Président permanent du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et du Haut représentant pour la politique étrangère et la politique de sécurité, Catherine Ashton, commencent à s’installer dans le paysage communautaire ; sans pourtant que les citoyens aient toujours clairement perçu leur fonction respective ni qu’elles coexistent encore avec des présidences tournantes de six mois dont le rôle reste d’autant plus important qu’elles sont désormais appelées à fonctionner en Trio, pendant dix-huit mois, pour favoriser la coordination des dossiers sur la durée. Mais plus encore que le texte du Traité, c’est l’usage qui va déterminer la fonction de chacun dans le nouveau dispositif institutionnel.

Cette nouvelle architecture fait l’objet de nombreuses critiques quant à sa complexité et à son incapacité à répondre à la demande de différents pays tiers qui souhaiteraient être en mesure d’identifier clairement la « voix de l’Europe », alors qu’aux côtés de Van Rompuy et face à José Manuel Barroso, président de la Commission, ils ont vu arriver José Luis Zapatero, représentant de la présidence espagnole de l’UE. Différents analystes sont donc d’avis que cette solution hybride ne peut être que transitoire et que le système de présidence tournante ne survivra pas à ce que certains appellent la « Bruxellisation » de la définition de l’agenda européen.

Le Trio des présidences : une force d’impulsion pour l’Union


Si 14 think tanks européens ont participé au rapport, Think Global - Act European (TGAE), coordonné par Notre Europe pour adresser des recommandations concrètes au Trio actuel des présidences espagnole, belge et hongroise (EBH), c’est bien qu’ils sont convaincus que les présidences tournantes continueront de jouer un rôle clé, à condition qu’elles tirent de l’unité du Trio une force d’impulsion qui leur permette de peser de tout leur poids sur chaque dossier de leur agenda de dix-huit mois.

La cohésion interne d’un Trio de pays - parfois peu habitués à travailler étroitement ensemble - est une force d’entraînement qui peut favoriser l’émergence de positions communes des 27 au sein des formations du Conseil présidées par la présidence tournante (à l’exception du Conseil Affaires étrangères et de ses comités préparatoires qui sont désormais présidés par Catherine Ashton).

La coordination économique au coeur de la Stratégie Europe 2020


Parmi les enjeux passés en revue dans le rapport on trouve notamment celui de la nouvelle stratégie européenne pour la croissance et l’emploi, désormais appelée Europe 2020, auquel est consacré le Sommet de printemps. C’est un dossier phare de l’agenda du Trio EBH, puisque la présidence suédoise du deuxième semestre 2009, mobilisée par la ratification du Traité de Lisbonne et la préparation du Sommet de Copenhague, n’avait guère eu le temps de préparer ce dossier comme elle l’avait souhaité. La Commission européenne, elle-même en phase de renouvellement, a lancé tardivement sa consultation publique et l’élaboration d’une communication sur ce sujet. La définition d’une nouvelle stratégie post-Lisbonne, prévue initialement pour le Sommet de printemps, se fera donc en deux temps - l’adoption du cadre général les 25 et 26 mars et l’adoption d’un texte final lors du Conseil européen de Juin 2010.

Ce dossier est un test d’autant plus important pour le Trio EBH que l’objectif triple énoncé dans la communication de la Commission européenne, d’une croissance qui soit à la fois intelligente, inclusive et durable, obtient un consensus assez large mais ne pourra être atteint sans un quatrième objectif, central, qui concerne le renforcement de la gouvernance économique européenne, pour lequel le Trio peut jouer un rôle décisif, notamment au niveau du Conseil Ecofin.


Si cet enjeu figure haut dans la liste des 15 recommandations clés adressées par le groupe TGAE au Trio EBH, c’est bien que dans le contexte actuel de crise économique dans lequel les Etats membres privilégient des stratégies nationales de sortie de crise, un cadre élargi de coordination et de surveillance macroéconomiques s’avère plus que jamais nécessaire pour éviter de fragiliser durablement la cohésion de l’Union.

Alors que la crise financière grecque ébranle la zone euro et a provoqué ces derniers jours une cacophonie de prises de position dans les capitales européennes, le grand défi du Trio est - par une action coordonnée et complémentaire de celle du Président permanent - d’amorcer dès le premier semestre 2010 ce renforcement de la gouvernance économique européenne et de poursuivre ce chantier sur les mois qui suivront. Pour cela le groupe TGAE insiste sur le renforcement de la zone euro et notamment une représentation unique de l’Eurogroupe dans les institutions et les forums de gouvernance économiques mondiaux (G20, FMI, Banque mondiale).

La propre situation économique et financière de l’Espagne qui fragilise sa présidence actuelle ne lui permet pas d’avancer seule sur le terrain de la gouvernance économique. Elle a besoin de l’appui des deux autres membres du Trio, dès à présent et en prenant le relais pendant leur présidence respective. Ce n’est qu’à ce prix que les Européens pourront prétendre atteindre les objectifs de croissance et d’emploi qu’ils se fixent pour 2020.



Elvire Fabry est Chercheur associé à Notre Europe et Gaëtane Ricard-Nihoul, est Secrétaire générale de Notre Europe

En savoir plus :

Le site de Notre Europe

La Stratégie Europe 2020 sur Touteleurope.fr

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