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Etat de droit, Ukraine, énergie… Ursula von der Leyen répond aux questions des eurodéputés

Dans un exercice inédit de questions/réponses, la présidente de la Commission européenne a répondu aux interrogations des députés au Parlement européen mardi 5 avril. L’occasion de dresser un bilan à mi-parcours de son mandat à la tête de l’exécutif européen.

Ursula von der Leyen a pris la parole après que Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen, a ouvert la séance
Ursula von der Leyen a pris la parole après que Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen, a ouvert la séance - Crédits : Christophe Licoppe / Commission européenne

Pandémie mondiale, guerre en Ukraine… “Jamais aucune institution de l’Union européenne n’a eu à faire face à autant de défis en même temps”, a résumé le Polonais Jan Olbrycht (PPE), le premier eurodéputé à s’adresser à Ursula von der Leyen au début de la séance devant le Parlement européen, mardi 5 avril. Un nouveau format, “heure des questions”, qui a donné aux députés européens la possibilité d’interroger la Commission sur des sujets d’actualité spécifiques.

Le 1er décembre 2019, le collège de la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen entrait en fonction. Plus de deux ans après, la cheffe de l’exécutif a martelé les trois priorités qui ont fondé son mandat à la tête de cette institution majeure de l’UE : “Pacte vert, numérique et résilience”, devant des eurodéputés réunis physiquement à Strasbourg.

Etat de droit

L’annonce la plus remarquée aura toutefois été la décision par la Commission européenne de déclencher le mécanisme de conditionnalité des fonds européens au respect de l’état de droit contre la Hongrie. Cet instrument est une manière de sanctionner les Etats coupables de violations de l’état de droit et d’éviter que le budget de l’UE ne soit utilisé à mauvais escient par des gouvernements agissant à l’encontre des valeurs européennes. “La procédure est lancée, avec un calendrier spécifique”, a fait savoir Mme von der Leyen, précisant que les réponses du gouvernement de Viktor Orbán – en particulier sur la corruption – avaient conduit l’exécutif à prendre la décision de franchir cette nouvelle étape. Le dirigeant hongrois vient d’ailleurs de remporter les élections dimanche 4 avril, pour la quatrième fois consécutive.

Pour mémoire, Varsovie et Budapest avaient déposé des recours au mois de mars 2021 afin de suspendre l’application de ce nouveau règlement qui lie le versement des fonds de l’UE au respect des valeurs de l’état de droit et de la démocratie. Les deux pays avaient ensuite été déboutés par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) en février 2022, ouvrant la voie à l’utilisation du mécanisme par la Commission, sur laquelle les eurodéputés faisaient pression. Ursula von der Leyen a ainsi été applaudie par une majorité des élus présents dans l’hémicycle de Strasbourg au moment de cette annonce.

Pas de mise en route à ce stade pour la Pologne, autre pays sous la menace de l’application du mécanisme. Toutefois, Ursula von der Leyen a assuré que la Commission ne validerait pas son plan de relance national tant que Varsovie ne respecterait pas trois exigences sur l’indépendance de la justice. Ce principe fondamental de tout système judiciaire comprend la dissolution d’une chambre disciplinaire, une réforme de ce système disciplinaire ainsi que la réintégration des juges qui avaient été exclus des plus hautes chambres.

Les défis du Covid-19

J’étais à la tête de la Commission depuis 94 jours quand la pandémie a frappé”, a rappelé l’ancienne ministre de la Défense d’Angela Merkel. “Nous avons agi à vingt-sept, unis”, a-t-elle également déclaré, affirmant que l’UE avait mieux réagi que lors de la crise financière de 2008. “Il y a eu une solution intergouvernementale” cette fois-ci, avec la décision d’adosser au budget européen pluriannuel le plan de relance “Next Generation EU”, en juillet 2020.

La présidente de la Commission a aussi fait référence à l’achat groupé de vaccins et a vanté les mérites de l’UE, “leader mondial”, dans ce domaine. 72 % de la population a ainsi été vaccinée, dont 52 % a reçu trois doses, selon les chiffres de l’exécutif. “Si les Etats membres avaient agi chacun de leur côté, seulement trois ou quatre d’entre eux auraient eu des vaccins”, battant en brèche l’unité du Vieux Continent, a déclaré Ursula von der Leyen. L’oratrice a par ailleurs relevé que plus de 2 milliards de doses avaient été exportées par-delà les frontières européennes. A titre de comparaison, la Chine en a exporté 1,2 milliard, s’est-elle empressée d’indiquer.

Guerre en Ukraine et énergie

La pandémie n’a pas été le seul défi auquel l’Union européenne a dû faire face depuis le début du mandat de la Commission. Les tensions géopolitiques à l’est du continent, cristallisées dans l’invasion de l’Ukraine le 24 février dernier, ont achevé de convaincre les dirigeants européens de la nécessité de ne plus dépendre des importations d’énergie provenant de Russie. “Il faut nous éloigner des carburants fossiles et nous tourner vers les énergies renouvelables. C’est un investissement stratégique dans notre sécurité”, a estimé Ursula von der Leyen.

Autre sujet prégnant lors de cette séance de questions/réponses : l’accueil des réfugiés provenant d’Ukraine. Plus de 4,2 millions d’entre eux ont fui le pays depuis le début de l’invasion russe, estiment les Nations unies. “Nous avons flexibilisé et mobilisé 17 milliards d’euros qui peuvent être utilisés pour les soins de santé, la scolarité des réfugiés, leur hébergement…”, a rappelé la cheffe de l’exécutif. Et la présidente de préciser au passage que 3,4 milliards d’euros pouvaient être utilisés “immédiatement” au titre de React-EU afin d’éviter les procédures trop longues.

Enfin, Ursula von der Leyen a assuré que les questions militaires étaient devenues un “sujet urgent” pour l’UE. “L’Otan est l’alliance militaire la plus forte du monde et l’UE ne sera jamais une alliance militaire, mais sur certains sujets, l’UE doit être capable d’agir et de se défendre”, notamment à propos de la cybersécurité, a-t-elle expliqué devant les eurodéputés. D’ici mi-mai, la Commission publiera une analyse des besoins européens en matière de défense, en particulier les éventuelles lacunes capacitaires.

Le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell s’est par ailleurs prêté au même exercice devant les eurodéputés, après la présidente von der Leyen. Tous deux se rendront à Kiev en fin de semaine afin de montrer leur solidarité avec le peuple ukrainien.

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