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Conseil européen des 9 et 10 mars : la réélection de Donald Tusk en question

Les 9 et 10 mars, les Vingt-Huit se réunissent à Bruxelles pour un nouveau sommet européen. A l’ordre du jour, jeudi, la possible reconduction de Donald Tusk à la tête du Conseil européen. Soutenu par la majorité des dirigeants européens, l’ancien Premier ministre polonais est néanmoins contesté par les ultraconservateurs au pouvoir dans son pays. Un clivage est/ouest qui devrait également se ressentir au moment d’aborder, vendredi, la question de l’avenir de l’Europe à 27 Etats membres.

Donald Tusk

La Pologne contre Donald Tusk

Donald Tusk, 60 ans, est un homme politique polonais de centre-droit à la carrière fulgurante. Premier ministre de 2007 à 2014, il ne quittera ses fonctions que pour prendre la tête du Conseil européen, il pourrait être reconduit dans ses fonctions pour un second mandat, jusqu’en novembre 2019.

Ce jeudi 9 mars, Donald Tusk dont le mandat à la tête du Conseil européen expire en mai, ne participera exceptionnellement pas à toutes les séances de travail. Il laissera en effet le soin à Joseph Muscat, Premier ministre maltais, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, d’orchestrer les discussions quant à l’éventuelle reconduction de son mandat pour la période du 1er juin 2017 au 30 novembre 2019. Alors que cette nomination se déroule traditionnellement sans vote et avec le soutien unanime des Etats membres, la Pologne vient cette année bouleverser les codes, en s’opposant à la réélection de M. Tusk. Dans ce contexte, un vote à la majorité qualifiée, comme le prévoit le traité de Lisbonne, devrait donc avoir lieu.

Le chef du parti Droit et justice (PiS), au pouvoir en Pologne et d’idéologie ultraconservatrice et eurosceptique, Jaroslaw Kaczynski, a en effet annoncé mardi 28 février lors d’une conférence de presse, qu’il ne soutiendrait pas Donald Tusk et présenterait son propre candidat à la tête de l’institution bruxelloise. Les tensions entre les deux hommes ne sont pas nouvelles. Jaroslaw Kaczynski tient Donald Tusk pour responsable, lorsque ce dernier était Premier ministre, de la mort de son frère jumeau, Lech, décédé dans le crash de son avion présidentiel en avril 2010, aux côtés de 95 autres officiels polonais à Smolensk en Russie. L’enquête, menée sous le gouvernement de M. Tusk, a conclu à un accident. Un résultat auquel ne croit pas le PiS qui dénonce un attentat.

En remplacement, le gouvernement polonais défend la candidature de l’eurodéputé Jacek Saryusz-Wolski, membre de la Plate-forme civique (PO) comme M. Tusk. Une option d’ores et déjà rejetée par le Parti populaire européen, qui regroupe les conservateurs à Bruxelles et auquel appartient le PO. Et une option qui ne devrait également pas être suivie par les pays d’Europe occidentale, en froid avec la Pologne depuis le retour du PiS au pouvoir en décembre 2015. En atteste le soutien formulé par François Hollande le 6 mars à la reconduction de Donald Tusk, alors même que le président français était pressenti pour le poste après son départ de l’Elysée afin, notamment de permettre le retour d’un socialiste à la tête d’une des trois institutions européennes.

Même les trois autres pays membres du groupe de Visegrad (V4) que sont la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, en dépit des appels du pied de Varsovie sont restés silencieux sur cette question. Et pour cause, les pays d’Europe centrale ont notamment apprécié le positionnement de M. Tusk sur la crise des migrants, contribuant fortement à orienter l’action de l’Union européenne sur la protection de l’espace Schengen plutôt que sur l’accueil des réfugiés.

Europe à plusieurs vitesses



Pour en savoir plus sur le groupe de Visegrad, consultez également notre questions/réponses

Si la tâche de la Pologne s’annonce donc difficile pour rallier ses partenaires du V4 autour de la candidature commune de M. Saryusz-Wolski, le groupe de Visegrad devrait néanmoins se retrouver sur d’autres sujets phares lors de ce Conseil. La journée du 10 mars sera en effet consacrée aux enjeux futurs de l’Europe à 27, sans le Royaume-Uni. A l’ordre du jour se succèderont les thématiques de l’emploi, de la croissance et de la compétitivité mais aussi de la sécurité et de la défense et pour finir la préparation du 60e anniversaire du traité de Rome le 25 mars prochain.

Un événement qui doit être l’occasion pour les dirigeants européens de présenter leur propre vision du futur de l’UE. Les pistes pour relancer le Vieux continent sont nombreuses, au risque de manquer parfois de cohérence. A l’initiative de la France, les dirigeants allemand, espagnol et italien se sont retrouvés à Versailles le 6 mars pour discuter de l’une de ces pistes de réflexion : l’Europe à plusieurs vitesses. Cette stratégie serait en effet de nature à permettre des approfondissements dans l’intégration européenne sans nécessairement supposer l’accord des 27.

Une orientation que le groupe de Visegrad conteste fortement, y voyant une manière de voir leurs intérêts contournés par une partie de l’Union européenne. Uni autour de sa posture anti-migrants et de défense de la souveraineté des Etats membres, le V4 craint en effet qu’une Europe à plusieurs vitesses ne soit une “forme de désintégration du marché unique, de l’espace Schengen et de l’Union européenne elle-même” . “Nous voulons une meilleure Europe, pas plus d’Europe ou moins d’Europe” a ainsi synthétisé la Première ministre polonaise Beata Szydlo.

La rédaction d’une position commune d’ici le 25 mars s’annonce donc compliquée pour les 27, une nouvelle fois divisés dans la stratégie à adopter pour relancer la construction européenne.

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