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Commission européenne : nomination controversée de Martin Selmayr au poste de secrétaire général

Mercredi 21 février, l’Allemand Martin Selmayr a été nommé au poste de secrétaire général de la Commission européenne, la plus haute fonction administrative de l’exécutif européen. Ancien chef de cabinet de Jean-Claude Juncker, la nomination éclair de ce conservateur allemand suscite toutefois de nombreuses réactions.

Martin Selmayr le 11 février 2018
Martin Selmayr, le 11 février 2018 - Crédits : Commission européenne

Bien qu’il laisse indifférent 99% des Européens”, un nouveau sujet “déchaîne les passions dans la bulle bruxelloise” depuis quelques jours [Les Echos]. L’objet de la discorde ? La “promotion éclair de [l’Allemand] Martin Selmayr, le directeur de cabinet de Jean-Claude Juncker, au poste-clé de secrétaire général de la Commission” [Le Monde]. La nomination a été annoncée mercredi 21 février au matin devant les commissaires européens qui, d’après les services de communication de la Commission, auraient pris “à l’unanimité” la décision de le confirmer à ce poste [les Echos]. Pourtant, plusieurs irrégularités de procédure sont pointées du doigt.

Ces dernières sont loin d’être négligeables, compte tenu de l’influence considérable exercée par le secrétaire général. C’est en effet le “relais incontournable entre les leviers politique et administratif de la Commission” : “aucun dossier ne passe sans [sa] validation [les Echos]. C’est pour cela que la procédure pour accéder à ce poste est en théorie “lourde : appel d’offres public, oral devant un panel de présélection, classement par un comité consultatif des nominations (CCN), examen des compétences par un consultant extérieur (Mercuri Urval), retour devant le CCN, (…) et pour finir nomination par le collège des 28 commissaires” [Libération]. Cette procédure est également valable pour tous les postes de direction au sein de la Commission.

Une première nomination comme secrétaire général adjoint

En fait, la nomination ultra rapide de M. Selmayr est le fruit d’un jeu de chaises musicales parmi les “fonctions d’encadrement au sein de la Commission” [Libération]. Le correspondant du quotidien à Bruxelles, Jean Quatremer, explique que le plus haut poste est celui de directeur général (DG) : c’est à cette fonction que correspond le poste de secrétaire général. En dessous, on trouve le secrétaire général adjoint, qui lui a le grade de directeur général adjoint (DGA). Suivent, par ordre décroissant, le conseiller principal, le directeur et le chef d’unité. Or le président de la Commission ne peut théoriquement “puiser directement que dans le vivier des DGA et des DG” pour nommer le secrétaire général. Martin Selmayr n’étant initialement “que” directeur, “il n’avait [donc] pas le grade requis” .

Pour y remédier, le “31 janvier, un appel à candidatures est lancé pour le poste de secrétaire général adjoint” [L’Echo]. Pour le journal belge, “les choses furent menées à la hussarde” , car “postuler à ce type de fonction (…) réclame [habituellement] un temps de préparation”. Seuls “deux candidats [ont ainsi] le temps de se présenter, dont Martin Selmayr” . Dès le 21 février “sa nomination [est] proposée au collège des commissaires” lors d’une réunion. Ceux-ci approuvent alors la nomination de Selmayr au poste de secrétaire général adjoint.

Propulsé secrétaire général

Ce qui fait tiquer” , c’est que le “matin même” du 21 février, le secrétaire général en poste Alexander Italianer envoie “sa lettre de démission” . Un retrait prévu “depuis plusieurs années” et que Jean-Claude Juncker “était le seul à connaître” selon L’Echo. “Quelques instants” après la nomination de Martin Selmayr, Alexander Italianer “confirmait [ainsi] son départ à la retraite” , permettant dans la foulée à l’Allemand “d’obten[ir] sa place” [Le Monde]. Avec “deux promotions en moins d’une minute” , c’est “du jamais vu” pour Libération.

Une procédure irrégulière

De nombreuses critiques émergent donc du côté de Bruxelles. D’abord parce “même en interne, la procédure a été passée sous silence jusqu’au dernier moment” . D’après certaines sources, “les commissaires auraient appris quelques minutes avant le début de leur réunion qu’ils allaient devoir se prononcer sur ce parachutage de M. Selmayr” [Les Echos].

Le quotidien belge Le Soir souligne également “qu’à la suite de la démission d’Alexander Italianer, (…) la Commission avait le choix d’ouvrir son remplacement à une compétition… ce qu’elle a choisi de ne pas faire” . Le Commission européenne a justifié ce choix en affirmant que “ce poste ne peut rester vacant même une seconde” , au risque de voir l’institution dans l’impossibilité de “fonctionner en douceur” .

L’affaire dérange jusqu’au Parlement européen où les Verts “réclament qu’une enquête sur la nomination soit diligentée” [L’Echo].

Inquiétude européenne

De plus, l’influence de Martin Selmayr effraie : “surnommé ‘le Monstre’ par M. Juncker, en référence à sa capacité de travail et à sa réputation de fonctionnaire sans états d’âme” [Le Monde], il est “souvent considéré comme l’homme de l’ombre qui, depuis les débuts de la Commission Juncker en 2014, en tire les ficelles” [Les Echos]. Le Monde souligne ainsi qu’il est “aussi mal vu à Berlin qu’à Paris” et qu’au “poste de secrétaire général, il pourrait encore davantage imposer son agenda”.

Enfin, “d’autres voix s’élèvent pour dénoncer la mainmise de l’Allemagne sur les institutions européennes” . En effet, “le secrétaire général du Parlement, Klaus Welle, du Service européen d’action Extérieur, Helga Schmid (…) de même que le président de la BEI Werner Hoyer” : “tous sont allemands” [L’Echo].

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